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Concerts

Un "Grand Tour Européen" aux Rencontres Musicales de Vézelay

Pour la 15e édition des Rencontres Musicales de Vézelay (Bourgogne), du 21 au 24 août, la musique sacrée et la voix sont à nouveau à l’honneur. C’est un "Grand Tour Européen" qui nous est offert à travers les répertoires baroques français, italien ou allemand sans oublier la grande tradition chorale anglaise. C’est aussi la dernière édition de son directeur artistique et fondateur Pierre Cao qui effectue son passage de témoin à une nouvelle génération (en 2015).



© DR.
© DR.
Ce grand tour européen était ce voyage réservé aux artistes et à la jeunesse fortunée aux XVIIe et XVIIIe siècles qu’il fallait absolument accomplir pour découvrir les chefs-d’œuvre de l’humanité avant de s’élancer dans la grande bagarre de la vie. Aujourd’hui, ce voyage est proposé à tous à Vézelay - qui abrite la fameuse basilique romane sur sa haute colline - et dans les villages avoisinants... pour mieux emmagasiner des forces pour la rentrée.

On y retrouvera le chœur Arsys Bourgogne accompagné de l’ensemble La Fenice (pour un hommage à la musique sacrée de Jean-Philippe Rameau) mais bien d’autres formations aussi. Arsys, ce chœur admirable dont on ne peut oublier la très belle "Passion selon Saint-Matthieu" entendue au théâtre des Champs-Élysées en 2012 (avec les Talens Lyriques).

Signalons l’Ensemble Correspondances de Sébastien Daucé pour la découverte d’une partition oubliée de Marc-Antoine Charpentier : "La Peste de Milan" (entre autres). Nous retrouverons de même le ténor Benoît Haller et sa Chapelle Rhénane interprétant des œuvres de Claudio Monteverdi (dont une œuvre assez rarement donnée la "Selva morale e spirituale"), le Scorpio Collectief de Johannette Zomer et Markus Flaig, ou encore les BBC Singers - l’illustre formation de la radio anglaise depuis 90 ans - pour un aperçu de la musique chorale de Samuel Wesley à John Tavener et Benjamin Britten.

Basilique © François Zuidberg.
Basilique © François Zuidberg.
Vézelay, c’est aussi la découverte de jeunes talents, les ensembles Virévolte et 4anima pour des concerts courts - des formations passées par la Cité de la Voix, cette résidence d’artistes professionnels et amateurs favorisant la création et les pratiques vocales depuis 2010. Vézelay c’est enfin un accompagnement musical gratuit pour toutes les heures de la journée : petits déjeuners (9 h), apéritifs (11 h 30), balades (14 h 30), concerts en plein air de 18 h (à l’humeur jazz, tango, etc.) et mises en oreille de 45 minutes avant concerts (18 h 30) !

Et comme Vézelay est un village d’artistes complet, on n’oubliera pas les rendez-vous quotidiens à la Maison Jules-Roy (à 16 h 30) ; par exemple avec la poétesse iranienne Roja Chamankar dont la lecture des poèmes en persan sera accompagnée du groupe Ellouèn. L’occasion de se souvenir que l’écrivain Jules Roy élut ce très beau village comme résidence, tout comme Romain Rolland (un Prix Nobel bien oublié qui fut pourtant la conscience de toute une époque). Bref, retrouvons-nous sur la Colline éternelle pour un voyage musical à travers le temps !

Du 21 au 24 août 2014.
Rencontres Musicales de Vézelay.
Billetterie et programme complet :
Cité de la Voix, 4, rue de l’Hôpital, Vézelay (89).
Tél. : 03 86 94 84 40.
>> rencontresmusicalesdevezelay.com

Christine Ducq
Mercredi 20 Août 2014

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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
08/09/2023
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"Hedwig and the Angry inch" Quand l'ingratitude de la vie œuvre en silence et brise les rêves et le talent pourtant si légitimes

La comédie musicale rock de Broadway enfin en France ! Récompensée quatre fois aux Tony Awards, Hedwig, la chanteuse transsexuelle germano-américaine, est-allemande, dont la carrière n'a jamais démarré, est accompagnée de son mari croate,Yithak, qui est aussi son assistant et choriste, mais avec lequel elle entretient des relations malsaines, et de son groupe, the Angry Inch. Tout cela pour retracer son parcours de vie pour le moins chaotique : Berlin Est, son adolescence de mauvais garçon, son besoin de liberté, sa passion pour le rock, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l'Allemagne en épouse d'un GI américain, ce, grâce au soutien sans failles de sa mère…

© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
Ni femme, ni homme, entre humour queer et confidences trash, il/elle raconte surtout l'histoire de son premier amour devenu l'une des plus grandes stars du rock, Tommy Gnosis, qui ne cessera de le/la hanter et de le/la poursuivre à sa manière.

"Hedwig and the Angry inch" a vu le jour pour la première fois en 1998, au Off Broadway, dans les caves, sous la direction de John Cameron Mitchell. C'est d'ailleurs lui-même qui l'adaptera au cinéma en 2001. C'est la version de 2014, avec Neil Patrick Harris dans le rôle-titre, qui remporte les quatre Tony Awards, dont celui de la meilleure reprise de comédie musicale.

Ce soir-là, c'était la première fois que nous assistions à un spectacle au Théâtre du Rouge Gorge, alors que nous venons pourtant au Festival depuis de nombreuses années ! Situé au pied du Palais des Papes, du centre historique et du non moins connu hôtel de la Mirande, il s'agit là d'un lieu de la ville close pour le moins pittoresque et exceptionnel.

Brigitte Corrigou
20/09/2023
Spectacle à la Une

"Zoo Story" Dans un océan d'inhumanités, retrouver le vivre ensemble

Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
Lui, Peter (Sylvain Katan), est le stéréotype du bourgeois, cadre dans une maison d'édition, "détenteur" patriarcal d'une femme, deux enfants, deux chats, deux perruches, le tout dans un appartement vraisemblablement luxueux d'un quartier chic et "bobo" de New York. L'autre, Jerry (Pierre Val), à l'opposé, est plutôt du côté de la pauvreté, celle pas trop grave, genre bohème, mais banale qui fait habiter dans une chambre de bonne, supporter les inconvénients de la promiscuité et rechercher ces petits riens, ces rares moments de défoulement ou d'impertinence qui donnent d'éphémères et fugaces instants de bonheur.

Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.

Gil Chauveau
15/09/2023