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Concerts

Tonnerre, Tempêtes et autres aimables Séismes

Le 1er avril 2014 s’ouvre à la Cité de la Musique un cycle "Tempêtes et tremblements". Jusqu’au 8 avril, c’est l’occasion de vérifier qu’aléas météorologiques et catastrophes naturelles ont inspiré aux Bach, Telemann, Purcell et autre Sibelius de superbes partitions.



Chœur Arsys Bourgogne © DR.
Chœur Arsys Bourgogne © DR.
L’ensemble Opera Fuoco dirigé par son chef David Stern et le chœur Arsys Bourgogne lanceront les premiers éclairs avec une cantate de Bach et "L'Ode au tonnerre" de Georg Philip Telemann, un oratorio joué en 1756 en hommage aux victimes du tremblement de terre de Lisbonne (qui contraria tant Voltaire). Pour illustrer cette œuvre au thème toujours d’actualité, une vidéo spécialement créée par Daniel Buren sera projetée dans la salle des concerts.

Le lendemain sera donnée la version concert de "The Tempest", un opéra de Henry Purcell, au livret bien sûr inspiré par la pièce de William Shakespeare. Autre date, le 4 avril marquera une étape marquante dans la deuxième tournée symphonique d’Insula Orchestra, la formation du chef Laurence Equilbey. Sans surprise, puisque la formation s’est fixé la mission de briller dans les répertoires classique et romantique, seront mis à l’honneur la huitième symphonie de Joseph Haydn, "Le Soir" ; la sixième de Beethoven, la fameuse "Pastorale" ; et un concerto du compositeur irlandais John Field.

Laurence Equilbey © Julien Mignot.
Laurence Equilbey © Julien Mignot.
Autre temps fort de ce cycle - et comme nous encourageons toujours la jeunesse dans cette rubrique -, je ne saurai trop vous recommander le concert de l’Orchestre Français des Jeunes (dont je vous ai déjà parlé) le 6 avril. Sous la direction de son chef actuel Dennis Russell Davies et avec la fougueuse mezzo Nora Gubisch, ce sont Mendelssohn, Chausson et Sibelius que nous redécouvrirons en météorologues des âmes.

N’oublions pas la soirée du Concert des Nations avec Jordi Savall le 7 avril (salle Pleyel) dans ce déferlement de grains musicaux. Et si vous aimez les sensations fortes vous ne serez pas déçu(e) avec deux œuvres lyriques rares du XIXe siècle, sorte de péplums-catastrophes d’avant Hollywood, "Herculanum" de Félicien David et "Le Dernier Jour de Pompéi" de Victorin de Joncières, concluant en toute beauté cette semaine agitée.

Orchestre Français des Jeunes © Sylvain Pelly.
Orchestre Français des Jeunes © Sylvain Pelly.
Concert d’ouverture du cycle "Tempêtes et tremblements" le 1er avril 2014.
Cité de la Musique, 01 44 84 44 84.
221, avenue Jean Jaurès; Paris 19e.
>> citedelamusique.fr

"L’Ode au tonnerre".
Opera Fuoco.
Chœur Arsys Bourgogne.
David Stern, direction.
Daphné Touchais, soprano.
Albane Carrère, mezzo-soprano.
François Rougier, ténor.
Jean-Gabriel Saint-Martin, baryton.
Virgile Ancely, basse.
Pierre Cao, chef de chœur.

Daniel Buren, création vidéo.

Johann Sebastian Bach, Cantate "Schauet doch und sehet" BWV46.
Georg Philip Telemann, "Die Donnerode".

Christine Ducq
Lundi 31 Mars 2014

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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

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© Pics.
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Brigitte Corrigou
08/09/2023
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© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
Ni femme, ni homme, entre humour queer et confidences trash, il/elle raconte surtout l'histoire de son premier amour devenu l'une des plus grandes stars du rock, Tommy Gnosis, qui ne cessera de le/la hanter et de le/la poursuivre à sa manière.

"Hedwig and the Angry inch" a vu le jour pour la première fois en 1998, au Off Broadway, dans les caves, sous la direction de John Cameron Mitchell. C'est d'ailleurs lui-même qui l'adaptera au cinéma en 2001. C'est la version de 2014, avec Neil Patrick Harris dans le rôle-titre, qui remporte les quatre Tony Awards, dont celui de la meilleure reprise de comédie musicale.

Ce soir-là, c'était la première fois que nous assistions à un spectacle au Théâtre du Rouge Gorge, alors que nous venons pourtant au Festival depuis de nombreuses années ! Situé au pied du Palais des Papes, du centre historique et du non moins connu hôtel de la Mirande, il s'agit là d'un lieu de la ville close pour le moins pittoresque et exceptionnel.

Brigitte Corrigou
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Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
Lui, Peter (Sylvain Katan), est le stéréotype du bourgeois, cadre dans une maison d'édition, "détenteur" patriarcal d'une femme, deux enfants, deux chats, deux perruches, le tout dans un appartement vraisemblablement luxueux d'un quartier chic et "bobo" de New York. L'autre, Jerry (Pierre Val), à l'opposé, est plutôt du côté de la pauvreté, celle pas trop grave, genre bohème, mais banale qui fait habiter dans une chambre de bonne, supporter les inconvénients de la promiscuité et rechercher ces petits riens, ces rares moments de défoulement ou d'impertinence qui donnent d'éphémères et fugaces instants de bonheur.

Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

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15/09/2023