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Danse

"Sinfonía De Tango" par Tango Pasión… entre sensualités et acrobaties

"Sinfonía De Tango", Bobino, Paris

Autour d'histoires où la séduction et le désir se lient à la rivalité et à l'affrontement amoureux, "Tango Pasión", au travers des compositions d'Astor Piazzolla, offre du Tango un visage à la Janus, autant lascif qu'acrobatique.



© Anja Beutler.
© Anja Beutler.
Six couples se partagent la scène dans une scénographie où les chorégraphies laissent entrevoir une quête, une recherche d'amour, sensuel et sexuel, entre tangueras et tangueros par le biais de jeux de séduction, tiraillé par l'envie et les pulsions.

Le spectacle se découpe en différentes séquences où, autour d'une trame amoureuse, tangueras et tangueros se cherchent, se séduisent, se provoquent. Le théâtre se lie à la danse tissant des histoires où rivalité et libido sont les principaux ressorts. Le Tango, à travers son allure très sensuelle et ses mouvements rapides, montre ses différentes facettes tant amoureuses que conflictuelles.

À l'arrière-scène, un sexteto, composé de deux bandéonistes, deux violonistes, un pianiste et un violoncelliste, joue des compositions de Astor Piazolla, très grand compositeur et bandéoniste qui a marqué l'histoire du Tango.

© Anja Beutler.
© Anja Beutler.
Une série de boléos s'enchaîne, figure où la tanguera lève le pied pour faire un crochet au milieu des jambes du tanguero, à chaque chorégraphie. Les mouvements sont très rapides, donnant aux figures un aspect sensuel voire sexuel nourri par une histoire où des querelles amoureuses confrontent les tangueros. Cela reste dans une veine sensuelle avec des figures féminines baignées de sensualité, faisant de la femme un objet de désirs et de séduction, et d'affrontement, avec des tangueras rétives prêtes à prendre théâtralement leur rôle de meneuse.

La figure féminine devient ainsi autant objet de séduction faussement passive que figure très active. Ces positions scéniques font que les chorégraphies s'enchaînent sur différents tempos, rapides, vifs ou plus lents, dans des duos qui placent les danseurs dans un face à face autant aérien que terrien.

Avec des abrazos plus ou moins serrés, les corps sont de face ou de biais avec un jeu de jambes et de déhanchements prépondérant. Les duos deviennent acrobatiques et font voir des tangueras finissant jambes collées aux corps des tangueros, leur tronc sur la partie supérieure de ceux-ci.

Des volcadas, dans lesquels la danseuse allonge son corps en glissant ses pieds verticalement en appui sur le cou du tanguero, finissent certaines chorégraphies donnant au spectacle des accents lascifs contrebalançant les figures acrobatiques du Tango.

"Sinfonía De Tango"

© Anja Beutler.
© Anja Beutler.
Par Tango Pasión».
Chorégraphie et direction artistique : Osvaldo Ciliento.
Conseiller artistique : Mel Howard.
Direction musical et arrangements : Gabriel Merlino.
Chanteuse : Vanina Sol Tagini.
Sexteto : Gabriel Merlino, Pablo Woiz, Ines Rojas, Regine Nosske, Damian Foretic, Amadeo Espina.
Avec : Osvaldo Ciliento et Graciela Garcia, Alejandro Andrian et Paola Camacho, Daro Farias et Lida Mantovani, Leandro Gomez et Marcela Alejandra, Vespasiano Marcelo Bernadaz et Silvia Fuentes, Mariano Pardo et Sabrina Amuchástegui.

Jusqu'au dimanche 8 février 2015.
Du mardi au vendredi à 21 h, samedi à 16 h 30 et à 21 h, dimanche à 16 h.
!Bobino, Paris 14e, 01 43 27 24 24.
>> bobino.fr

Tournée
10 février : Rueil-Malmaison (92).
11 février : Roubaix (59).
12 février : Saint-Dizier (52).
13 février : Colmar (68).
14 février : Caluire-et-Cuire (69).
15 février : Aix-en-Provence (13).

Safidin Alouache
Mercredi 4 Février 2015

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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
08/09/2023
Spectacle à la Une

"Hedwig and the Angry inch" Quand l'ingratitude de la vie œuvre en silence et brise les rêves et le talent pourtant si légitimes

La comédie musicale rock de Broadway enfin en France ! Récompensée quatre fois aux Tony Awards, Hedwig, la chanteuse transsexuelle germano-américaine, est-allemande, dont la carrière n'a jamais démarré, est accompagnée de son mari croate,Yithak, qui est aussi son assistant et choriste, mais avec lequel elle entretient des relations malsaines, et de son groupe, the Angry Inch. Tout cela pour retracer son parcours de vie pour le moins chaotique : Berlin Est, son adolescence de mauvais garçon, son besoin de liberté, sa passion pour le rock, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l'Allemagne en épouse d'un GI américain, ce, grâce au soutien sans failles de sa mère…

© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
Ni femme, ni homme, entre humour queer et confidences trash, il/elle raconte surtout l'histoire de son premier amour devenu l'une des plus grandes stars du rock, Tommy Gnosis, qui ne cessera de le/la hanter et de le/la poursuivre à sa manière.

"Hedwig and the Angry inch" a vu le jour pour la première fois en 1998, au Off Broadway, dans les caves, sous la direction de John Cameron Mitchell. C'est d'ailleurs lui-même qui l'adaptera au cinéma en 2001. C'est la version de 2014, avec Neil Patrick Harris dans le rôle-titre, qui remporte les quatre Tony Awards, dont celui de la meilleure reprise de comédie musicale.

Ce soir-là, c'était la première fois que nous assistions à un spectacle au Théâtre du Rouge Gorge, alors que nous venons pourtant au Festival depuis de nombreuses années ! Situé au pied du Palais des Papes, du centre historique et du non moins connu hôtel de la Mirande, il s'agit là d'un lieu de la ville close pour le moins pittoresque et exceptionnel.

Brigitte Corrigou
20/09/2023
Spectacle à la Une

"Zoo Story" Dans un océan d'inhumanités, retrouver le vivre ensemble

Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
Lui, Peter (Sylvain Katan), est le stéréotype du bourgeois, cadre dans une maison d'édition, "détenteur" patriarcal d'une femme, deux enfants, deux chats, deux perruches, le tout dans un appartement vraisemblablement luxueux d'un quartier chic et "bobo" de New York. L'autre, Jerry (Pierre Val), à l'opposé, est plutôt du côté de la pauvreté, celle pas trop grave, genre bohème, mais banale qui fait habiter dans une chambre de bonne, supporter les inconvénients de la promiscuité et rechercher ces petits riens, ces rares moments de défoulement ou d'impertinence qui donnent d'éphémères et fugaces instants de bonheur.

Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.

Gil Chauveau
15/09/2023