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Quatuor Aesthesis, un art des sensations

Le jeune Quatuor Aesthesis nous propose une expérience sonore renouvelée avec un premier album "O Do Not Move" à paraître. Un premier bel extrait de leur CD, "Hush no more", est disponible à l'écoute depuis le 16 septembre et 4 concerts sont prévus dès le 9 octobre.



© Ana Lefaux.
© Ana Lefaux.
Quels peuvent être les projets de quatre jeunes chanteurs dans le vent qui se connaissent et sont amis depuis l'enfance ? D'abord réunis dans le chœur d'enfants Sotto Voce, puis coreligionnaires au CRR de Paris, la soprano Camille Chopin, l'alto Céleste Lejeune, le ténor Abel Zamora et le baryton Jonas Mordzinski ont plus d'une idée dans leur partition et la volonté de renouveler profondément l'expérience du concert a cappella pour notre époque. N'ont-ils pas créé en 2019 au Festival de Brassy une pièce originale et burlesque de Jacques Rebotier, "Allo, j'mentends ? pour quatre voix et leur smartphone" ?

Un même désir de désorienter nos oreilles sans oublier d'émouvoir nos cœurs ou de nous faire sourire s'impose dès l'abord pour eux. C'est en investissant et mêlant des territoires sonores normalement étrangers que notre quatuor a travaillé. Dans leur premier CD, tous les chants du monde s'appellent en une seule œuvre totale : de Monteverdi au chant sacré ou folklorique, de Purcell aux paroles humaines, des chuchotements aux onomatopées primales, tout est son, tout est joie et création expérimentale. On se souvient d'ailleurs que l'aesthesis grecque, dont ces jeunes artistes ont choisi le nom, dénote la faculté de perception, c'est-à-dire les sens.

En attendant de découvrir leur album complet, vous pouvez aller les applaudir au 9, Passage de la Main d'Or à Paris les 9 et 16 octobre (concerts à 18 h 30 et 20 h 30). Tout sera possible et le public peut s'attendre à une prestation inédite de ces jeunes chanteurs - artistes très talentueux qui se signalèrent dès leurs débuts par une recherche de nouvelles manières de se produire en participant aux Siestes Acoustiques de Bastien Lallemant, entre autres.

On peut aussi rêver avec leur premier extrait de cd (et très beau clip) disponible sur YouTube. Avec l'aria "Hush no more" choisi dans "The Fairy Queen", ode voluptueuse au silence, notre ensemble a cappella entend bien démontrer leur liberté stylistique comme esthétique.

● Quatuor Aesthesis "O Do Not Move".
Label : Zamora.
Sortie : 21 octobre 2022.

Concerts
9 octobre 2022 à 18 h 30 et 20 h 30.
16 octobre 2022 à 18 h 30 et 20 h 30.
Au 9, passage de la Main d'Or, Paris 11e.

Christine Ducq
Vendredi 7 Octobre 2022

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•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
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•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
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… face aux normalisations sociétales et idéologiques

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© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

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Gil Chauveau
26/03/2024