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Concerts

Pianos, pianos, le festival parisien

Grâce à la Bibliothèque musicale La Grange-Fleuret (anciennement Médiathèque musicale Mahler) célèbre pour conserver des collections de documents offerts par des pianistes prestigieux, l'histoire du piano se perpétue dans le festival "Pianos, pianos" aux Bouffes du Nord.



Spectacle pour piano, electronics et vidéo de Claudia Chan, Cologne 2020 © Emanuele Labrande.
Spectacle pour piano, electronics et vidéo de Claudia Chan, Cologne 2020 © Emanuele Labrande.
Si la facture du grand piano de concert a trouvé une stabilité depuis le début du XXe siècle, l'instrument se trouvera dans ce festival constamment défié : désaccordé, préparé, greffé, disséqué, augmenté… Bref, le piano dans la manifestation répondra aux visions de tous les créateurs contemporains. Le festival de la Bibliothèque musicale La Grange-Fleuret témoignera ainsi de cette histoire double, celle de l'instrument et celle du répertoire. De nombreux interprètes, des plus audacieux aux plus aventureux (jeunes ou moins jeunes), sont invités à renouveler notre perception du lien entre une partition écrite pour un piano précis ou encore de telle œuvre pensée aujourd'hui pour un piano-machine.

En préambule, le jeudi 3 mars à 17 h 30, le public est invité à assister à une master classe publique d'Alain Planès et Ralph van Raat dans le cadre de l'atelier "de Joseph Haydn à Ligeti, de Walter à Steinway", rue de Vézelay à la Bibliothèque. À voir également : une exposition, "Le piano, des sources à la scène", du 1er au 18 mars, y témoignera des relations entre techniques d'écriture et potentialité sonore de l'instrument.

Maroussia Gentet © Hervé Sarrazin.
Maroussia Gentet © Hervé Sarrazin.
Le festival proprement dit se tiendra le dimanche 13 et lundi 14 mars 2022 au Théâtre des Bouffes du Nord. Le dimanche 13 mars à 11 h, Claudine Simon nous révélera les secrets de son piano-machine. À 15 h, Claudia Chan offrira un concert sur son piano Steinway D et sur son piano droit préparé avec des œuvres de Simone Cardini et Stockhausen, entre autres. À 17 h, Maroussia Gentet, sur son Pleyel 1905, donnera un concert "de Maurice Ravel à Bastien David", avec la performance du danseur Vahram Zaryan.

À 19 h 30, Jean-Pierre Collot nous donnera à entendre les transcriptions du Prélude du "Tristan" et de la Mort d'Isolde de Wagner, respectivement par Barraqué et Liszt. Le lundi 14 mars à 20 h 30, un dialogue Haydn/Ligeti sera entrepris par les pianistes Alain Planès et Ralph van Raat. Ce sera vraiment la fête du piano dans tous ses états. N'ayez garde cependant d'oublier le Concert des Lauréats de l'Atelier "de Joseph Haydn à Ligeti, de Walter à Steinway" le 7 mars à 12 h 30 (entrée libre à la Bibliothèque) où se fera connaître une nouvelle génération de pianistes face à l'histoire de leur instrument.

Festival Pianos, Pianos
Dimanche 13 et lundi 14 mars 2022.
Théâtre des Bouffes du Nord, Paris 10e, 01 46 07 34 50.
>> bouffesdunord.com

Master classe Jeudi 3 mars 2022.
Concert Lundi 7 mars 2022.
Bibliothèque musicale La Grange-Fleuret, 11 bis, rue de Vézelay, Paris 8e, 01 53 89 09 10.

Claudia Chan © Nadine Targiel.
Claudia Chan © Nadine Targiel.

Christine Ducq
Mercredi 2 Mars 2022

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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

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© Pics.
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Brigitte Corrigou
08/09/2023
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La comédie musicale rock de Broadway enfin en France ! Récompensée quatre fois aux Tony Awards, Hedwig, la chanteuse transsexuelle germano-américaine, est-allemande, dont la carrière n'a jamais démarré, est accompagnée de son mari croate,Yithak, qui est aussi son assistant et choriste, mais avec lequel elle entretient des relations malsaines, et de son groupe, the Angry Inch. Tout cela pour retracer son parcours de vie pour le moins chaotique : Berlin Est, son adolescence de mauvais garçon, son besoin de liberté, sa passion pour le rock, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l'Allemagne en épouse d'un GI américain, ce, grâce au soutien sans failles de sa mère…

© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
Ni femme, ni homme, entre humour queer et confidences trash, il/elle raconte surtout l'histoire de son premier amour devenu l'une des plus grandes stars du rock, Tommy Gnosis, qui ne cessera de le/la hanter et de le/la poursuivre à sa manière.

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Brigitte Corrigou
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"Zoo Story" Dans un océan d'inhumanités, retrouver le vivre ensemble

Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
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Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.

Gil Chauveau
15/09/2023