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Piaf, Frehel, Damia et elle… Livane Revel, le joyau cadeau de Noël… En avance !

La chronique d'Isa-belle L

Mais quelle chance ! Livane Revel revient, jusqu'en décembre, le mois de Noël, et comme les cadeaux démarrent de plus en plus tôt, considérez celui-ci comme un vrai, un gros, un beau. Livane Revel est seule en scène mais s'accompagne de trois artistes reconnues que sont Damia, Piaf et Fréhel.



© Paul Evrard.
© Paul Evrard.
Livane Revel met des bouts d'elle, entre morceaux et reprises de ces trois grands noms de la chanson qu'on ne présente plus aujourd'hui. Enfin ! Si… aux jeunes générations qui ne connaissent de "la foule" que les concerts archi complets d'un Soprano ou d'un Vianney ; qui, s'ils entendent aujourd'hui de la voix des grands-parents "tout fout le camp !", trouvent qu'ils exagèrent parce que la nouvelle technologie n'existait pas en 1948 !

Ou enfin, pour certains d'entre eux, "La java bleue" reste à ce jour la dernière discothèque super branchée de la Côte Basque où ils auront passé leur été. Autant dire que le spectacle est destiné à tous mais que les préados et ados peuvent sans compter s'immiscer dans la foule des plus "vieux" et se rendre compte que, même si tout ne fout pas le camp, côté textes, le niveau était excellent !

De plus, Livane Revel est une femme moderne. Une jolie femme, vêtue d'une très belle robe avec un charme fou. Elle crée un vrai personnage et interagit avec le public sans jamais dépasser les limites. Glamour, sensuelle et surtout extrêmement sympathique. Son personnage raconte, nous fait sourire, rire et, au milieu de son récit, les voix des chanteuses disparues ressuscitent, les paroles nous reviennent en mémoire, et le public, lors de la présentation de juin dernier, mais également en Avignon cet été, reprenaient avec elle certains des morceaux.

© Paul Evrard.
© Paul Evrard.
C'était très beau comme le sourire de Livane Revel, comédienne en totale communion avec la scène, les spectateurs et chacune des chansons. Aussi, Livane est musicienne. Ce spectacle est donc complet. "Full" (jeu de mots). Elle joue même de la guitare électrique et son "Homme à la moto" est revisité à la sauce gourmande et savoureuse de cette artiste aux talents multiples. Comédienne, conteuse, musicienne et quoi d'autre ?

Simple. Livane Revel est une femme simple. Et sa simplicité se mêle à son authenticité. Elle fait partie de cette catégorie d'artiste que j'appelle moi (et ma parole ne regarde que mon petit minois) constant. C'est une artiste constante. Elle fait ce qu'elle aime faire, se bat pour le faire, et le fait très bien. Le succès, la salle pleine, les retours enthousiastes, la presse, rien ne la modifie dans la "vraie" vie. Elle sourit. Beaucoup.

C'est une femme moderne, pleine de vie qui redonne, le temps d'un spectacle réussi, la parole à un trio de femmes uniques ! Ces trois pépites qu'étaient Piaf, Frehel et Damia, que je ne connaissais pas, seraient peut-être ravies de voir qu'une femme s'est emparée d'un bout de leur vie pour qu'elles restent dans les mémoires. Et pas n'importe quelle femme ! Puisque je parle d'une artiste qui, par des aspects à elle, se retrouve dans ces trois grandes dames, si petites étaient-elles de taille.

Je vous invite donc à vous précipiter au Théâtre de Dix heures car je vous le dis avec toute mon énergie, mon sourire et mon doigté de sténodactylo ! Il y a des seules en scène qui ne s'affichent pas encore sur les colonnes parisiennes mais qui, cependant, réveillent en nous une soif de chaleur humaine.

Ce spectacle est un vrai bonheur et un très beau cadeau de Noël… Avant l'heure !

"Piaf, Fréhel, Damia et Moi"

Texte : Livane.
Mise en scène : Xavier Berlioz.
Avec : Livane.
Durée : 1 h 15.

Du 28 septembre 2019 au 4 janvier 2020.
Le samedi à 16 h. Relâche : 12 octobre et 9 novembre.
Théâtre de Dix Heures, Paris 18e, 01 46 06 10 17.
>> theatrededixheures.fr

Isabelle Lauriou
Mercredi 25 Septembre 2019

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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

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© Pics.
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Brigitte Corrigou
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La comédie musicale rock de Broadway enfin en France ! Récompensée quatre fois aux Tony Awards, Hedwig, la chanteuse transsexuelle germano-américaine, est-allemande, dont la carrière n'a jamais démarré, est accompagnée de son mari croate,Yithak, qui est aussi son assistant et choriste, mais avec lequel elle entretient des relations malsaines, et de son groupe, the Angry Inch. Tout cela pour retracer son parcours de vie pour le moins chaotique : Berlin Est, son adolescence de mauvais garçon, son besoin de liberté, sa passion pour le rock, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l'Allemagne en épouse d'un GI américain, ce, grâce au soutien sans failles de sa mère…

© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
Ni femme, ni homme, entre humour queer et confidences trash, il/elle raconte surtout l'histoire de son premier amour devenu l'une des plus grandes stars du rock, Tommy Gnosis, qui ne cessera de le/la hanter et de le/la poursuivre à sa manière.

"Hedwig and the Angry inch" a vu le jour pour la première fois en 1998, au Off Broadway, dans les caves, sous la direction de John Cameron Mitchell. C'est d'ailleurs lui-même qui l'adaptera au cinéma en 2001. C'est la version de 2014, avec Neil Patrick Harris dans le rôle-titre, qui remporte les quatre Tony Awards, dont celui de la meilleure reprise de comédie musicale.

Ce soir-là, c'était la première fois que nous assistions à un spectacle au Théâtre du Rouge Gorge, alors que nous venons pourtant au Festival depuis de nombreuses années ! Situé au pied du Palais des Papes, du centre historique et du non moins connu hôtel de la Mirande, il s'agit là d'un lieu de la ville close pour le moins pittoresque et exceptionnel.

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"Zoo Story" Dans un océan d'inhumanités, retrouver le vivre ensemble

Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
Lui, Peter (Sylvain Katan), est le stéréotype du bourgeois, cadre dans une maison d'édition, "détenteur" patriarcal d'une femme, deux enfants, deux chats, deux perruches, le tout dans un appartement vraisemblablement luxueux d'un quartier chic et "bobo" de New York. L'autre, Jerry (Pierre Val), à l'opposé, est plutôt du côté de la pauvreté, celle pas trop grave, genre bohème, mais banale qui fait habiter dans une chambre de bonne, supporter les inconvénients de la promiscuité et rechercher ces petits riens, ces rares moments de défoulement ou d'impertinence qui donnent d'éphémères et fugaces instants de bonheur.

Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.

Gil Chauveau
15/09/2023