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Melissmell... Dire la vérité, quitte à se faire détester

Quand le talent se met au service d'un autre talent, quand l'écriture sert la voix, quand Guillaume Favray écrit pour Melissmell, on tombe "Droit dans la gueule du loup"... titre de ce nouvel opus et deuxième album de cette ardéchoise qui a la poésie fidèle au cœur !



Melissmell... Dire la vérité, quitte à se faire détester
Dès les premières notes, les premiers mots distillés par Melissmell, tous les poils du corps se hérissent ! De l'émotion et encore de l'émotion ! On ne peut pas rester insensible à la beauté de l'écriture de Guillaume Favray et au son de la voix - avec cette légère fêlure dans le timbre - de Melissmell !

Sur cet album Melissmell, contrairement à sa précédente formation, a fait le choix du trio et est accompagnée au piano par Matu (Mano Solo, Indochine) et par le guitariste Daniel Jamet (Mano Negra, Mano Solo, Gaëtan Roussel). La cohésion et la complicité ressenties à l'écoute des différents titres prouvent que cette alchimie fonctionne.

Melissmell... Dire la vérité, quitte à se faire détester
Dans "Droit dans la gueule du loup", on retrouve les colères, les larmes, les tristesses, contemplation d'un monde impitoyable où Mélissmell rage à la face du monde et y déverse une poésie noire.

Une cohérence parfaite, un verbe haut, Guillaume Favray, déjà l'auteur de deux titres dans "Écoute s'il pleut" (album sorti début 2011), ne fait qu'un avec Melissmell tant il a voulu dans cette écriture être au plus près de la chanteuse comme dans les titres "La Crapule", "La Route" ou comme dans "La Colère", reflet de sa vie, de sa jeunesse accablée par le mépris des puissants jusqu'au regard qu'elle porte sur le monde aujourd'hui... et sa voix tremble.

Ce nouvel album est puissant, tout est bien équilibré, sincère, profond. Elle avoue : "Il s'agit de dire la vérité, quitte à se faire détester". Mais qu'est-ce qu'on l'aime ce nouvel album !

• Melissmell "Droit dans la gueule du loup".
Sortie prévue : 26 mars 2013.
Label : Discograph. Distribution : Discograph.

Melissmell... Dire la vérité, quitte à se faire détester
Tournée :
30 mars 2013 : Les Arcs, Quéven (56).
11 avril 2013 : Théâtre, Portes les Valences (26).
12 avril 2013 : Théâtre, Sainte Tulle (04).
25 avril 2013 : Café de la Danse, Paris.
12 au 14 juin 2013 : Le bijou, Toulouse (31).
15 juin 2013 : L'Acordeur, St Denis de Pile (33).

Laurence Navarro
Vendredi 1 Mars 2013

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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

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Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

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Brigitte Corrigou
08/09/2023
Spectacle à la Une

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La comédie musicale rock de Broadway enfin en France ! Récompensée quatre fois aux Tony Awards, Hedwig, la chanteuse transsexuelle germano-américaine, est-allemande, dont la carrière n'a jamais démarré, est accompagnée de son mari croate,Yithak, qui est aussi son assistant et choriste, mais avec lequel elle entretient des relations malsaines, et de son groupe, the Angry Inch. Tout cela pour retracer son parcours de vie pour le moins chaotique : Berlin Est, son adolescence de mauvais garçon, son besoin de liberté, sa passion pour le rock, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l'Allemagne en épouse d'un GI américain, ce, grâce au soutien sans failles de sa mère…

© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
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"Hedwig and the Angry inch" a vu le jour pour la première fois en 1998, au Off Broadway, dans les caves, sous la direction de John Cameron Mitchell. C'est d'ailleurs lui-même qui l'adaptera au cinéma en 2001. C'est la version de 2014, avec Neil Patrick Harris dans le rôle-titre, qui remporte les quatre Tony Awards, dont celui de la meilleure reprise de comédie musicale.

Ce soir-là, c'était la première fois que nous assistions à un spectacle au Théâtre du Rouge Gorge, alors que nous venons pourtant au Festival depuis de nombreuses années ! Situé au pied du Palais des Papes, du centre historique et du non moins connu hôtel de la Mirande, il s'agit là d'un lieu de la ville close pour le moins pittoresque et exceptionnel.

Brigitte Corrigou
20/09/2023
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Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
Lui, Peter (Sylvain Katan), est le stéréotype du bourgeois, cadre dans une maison d'édition, "détenteur" patriarcal d'une femme, deux enfants, deux chats, deux perruches, le tout dans un appartement vraisemblablement luxueux d'un quartier chic et "bobo" de New York. L'autre, Jerry (Pierre Val), à l'opposé, est plutôt du côté de la pauvreté, celle pas trop grave, genre bohème, mais banale qui fait habiter dans une chambre de bonne, supporter les inconvénients de la promiscuité et rechercher ces petits riens, ces rares moments de défoulement ou d'impertinence qui donnent d'éphémères et fugaces instants de bonheur.

Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.

Gil Chauveau
15/09/2023