La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
CédéDévédé

Les Promesses de l’aube ou "The Art of the Violin" de Solenne Païdassi

La jeune violoniste française Solenne Païdassi a impressionné en gravant au printemps un premier CD de sonates françaises avec le pianiste Laurent Wagschal, "The Art of the Violin". L’aube d’une carrière exceptionnelle pour la jeune artiste, promesse confirmée dans ses derniers concerts.



Un choc. Entendue au Goethe Institut en mai dernier avec son complice Laurent Wagschal, un pianiste réputé solide dans le répertoire français, Solenne Païdassi a ébloui l’auditoire en interprétant des sonates de Saint-Saëns, Gabriel Pierné et César Franck - soit le programme de son premier CD gravé chez Indésens, produit par l’estimé Benoît d’Hau. Éblouissement encore à Chambord en juillet avec le pianiste Frédéric Vaysse-Knitter, dans un autre programme. Aux Chorégies d’Orange aussi la violoniste a joué en tant que Révélation Classique 2012 de l‘Adami. Les dates s’enchaînent d’Amsterdam à New York, tant sa réputation grandit.

C’est que cette gracile jeune femme blonde, au profil de porcelaine de Saxe, est une habituée des grands prix. Cinquante-cinq ans après Devy Erlih - mort cet hiver dans un dramatique accident - et après une si longue absence des Français, la Niçoise diplômée de la Hochschule de Hanovre (entre autres) remporte le premier prix du concours Long-Thibault en 2010, le bâton de maréchal des violonistes. D’autres prix suivent pour cette élève de Jean-Pierre Wallez à Genève, ou encore de Pierre Amoyal. Elle se voit aussi attribuer la bourse "Yehudi Menuhin".

Sur son violon Lorenzo Storioni de 1779, cette artiste lumineuse allie à une technique déjà impressionnante - vélocité, variété des couleurs, des intonations - une passion expressive rare. Dans la durée du concert, il faut voir comme la musique traverse, bouleverse et transcende l’interprète. Comme le jeu de la jeune femme intériorise ou déchaîne avec une précision subtile tout ce théâtre d’émotions intimes ou passionnées. L’auditeur voyage haut et loin avec elle. L’enregistrement est peut-être un tantinet plus sage, forcément. Que ce soit dans la fameuse sonate en la majeur de César Franck - modèle de celle de Vinteuil pour Marcel Proust, dans "La Recherche" - écrite pour Ysaïe, ou l’opus 75 de Camille Saint-Saëns, le son clair et brillant de l’artiste fait merveille.

Le CD est aussi l’occasion de découvrir un compositeur méconnu, Gabriel Pierné, condisciple de Claude Debussy, et sa sonate opus 36 - dédicacée à Jacques Thibault justement. Une pièce magnifique, encore inspirée par Franck, au charme entêtant, et que sert le jeu legato de Solenne Païdassi - attendez aussi de l’entendre impériale et sans concession dans le staccato ou le pizzicato ! Les promesses d’une grande carrière, vous dis-je !

Les Promesses de l’aube ou "The Art of the Violin" de Solenne Païdassi
● Solenne Païdassi (violon) avec Laurent Wagschal (piano) "The Art of the Violin".
Label : Indésens.
Produit par Benoît d’Hau.
Sortie : mai 2013.

Programme :
Sonate n°1 en ré mineur opus 75, Camille Saint-Saëns (1835 - 1921).
Sonate en ré mineur opus 36, Gabriel Pierné (1863 - 1937).
Sonate en la majeur, César Franck (1822 - 1890).
Méditation de Thaïs, Jules Massenet ( 1842 - 1912).

Prochains concerts :
Festival de Mainau (Allemagne) avec le Trio Machiavelli, 22-23 août 2013.
Festival "Violons de légende", Saint-Jean Cap Ferrat, 8 septembre 2013.

>> solenne-paidassi.com

Christine Ducq
Vendredi 16 Août 2013

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À Découvrir

"Bienvenue Ailleurs" Faire sécession avec un monde à l'agonie pour tenter d'imaginer de nouveaux possibles

Sara a 16 ans… Une adolescente sur une planète bleue peuplée d’une humanité dont la grande majorité est sourde à entendre l’agonie annoncée, voire amorcée diront les plus lucides. Une ado sur le chemin de la prise de conscience et de la mutation, du passage du conflit générationnel… à l'écologie radicale. Aurélie Namur nous parle, dans "Bienvenue ailleurs", de rupture, de renversement, d'une jeunesse qui ne veut pas s'émanciper, mais rompre radicalement avec notre monde usé et dépassé… Le nouvel espoir d'une jeunesse inspirée ?

© PKL.
Sara a donc 16 ans lorsqu'elle découvre les images des incendies apocalyptiques qui embrasent l'Australie en 2020 (dont l'île Kangourou) qui blessent, brûlent, tuent kangourous et koalas. Images traumatiques qui vont déclencher les premiers regards critiques, les premières révoltes générées par les crimes humains sur l'environnement, sans évocation pour elle d'échelle de gravité, cela allant du rejet de solvant dans les rivières par Pimkie, de la pêche destructrice des bébés thons en passant de l'usage de terres rares (et les conséquences de leur extraction) dans les calculettes, les smartphones et bien d'autres actes criminels contre la planète et ses habitants non-humains.

Puisant ici son sujet dans les questionnements et problèmes écologiques actuels ou récurrents depuis de nombreuses années, Aurélie Namur explore le parcours de la révolte légitime d’une adolescente, dont les constats et leur expression suggèrent une violence sous-jacente réelle, puissante, et une cruelle lucidité, toutes deux fondées sur une rupture avec la société qui s'obstine à ne pas réagir de manière réellement efficace face au réchauffement climatique, à l'usure inconsidérée – et exclusivement humaine – de la planète, à la perte de confiance dans les hommes politiques, etc.

Composée de trois fragments ("Revoir les kangourous", "Dézinguée" et "Qui la connaît, cette vie qu'on mène ?") et d'un interlude** – permettant à la jeunesse de prendre corps "dansant" –, la pièce d'Aurélie Namur s'articule autour d'une trajectoire singulière, celle d'une jeune fille, quittant le foyer familial pour, petit à petit, s'orienter vers l'écologie radicale, et de son absence sur le plateau, le récit étant porté par Camila, sa mère, puis par Aimé, son amour, et, enfin, par Pauline, son amie. Venant compléter ce trio narrateur, le musicien Sergio Perera et sa narration instrumentale.

Gil Chauveau
10/12/2024
Spectacle à la Une

"Dub" Unité et harmonie dans la différence !

La dernière création d'Amala Dianor nous plonge dans l'univers du Dub. Au travers de différents tableaux, le chorégraphe manie avec rythme et subtilité les multiples visages du 6ᵉ art dans lequel il bâtit un puzzle artistique où ce qui lie l'ensemble est une gestuelle en opposition de styles, à la fois virevoltante et hachée, qu'ondulante et courbe.

© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

Devant cette scénographie, onze danseurs investissent les planches à tour de rôle, chacun y apportant sa griffe, sa marque par le style de danse qu'il incarne, comme à l'image du Dub, genre musical issu du reggae jamaïcain dont l'origine est due à une erreur de gravure de disque de l'ingénieur du son Osbourne Ruddock, alias King Tubby, en mettant du reggae en version instrumentale. En 1967, en Jamaïque, le disc-jockey Rudy Redwood va le diffuser dans un dance floor. Le succès est immédiat.

L'apogée du Dub a eu lieu dans les années soixante-dix jusqu'au milieu des années quatre-vingt. Les codes ont changé depuis, le mariage d'une hétérogénéité de tendances musicales est, depuis de nombreuses années, devenu courant. Le Dub met en exergue le couple rythmique basse et batterie en lui incorporant des effets sonores. Awir Leon, situé côté jardin derrière sa table de mixage, est aux commandes.

Safidin Alouache
17/12/2024
Spectacle à la Une

"R.O.B.I.N." Un spectacle jeune public intelligent et porteur de sens

Le trio d'auteurs, Clémence Barbier, Paul Moulin, Maïa Sandoz, s'emparent du mythique Robin des Bois avec une totale liberté. L'histoire ne se situe plus dans un passé lointain fait de combats de flèches et d'épées, mais dans une réalité explicitement beaucoup plus proche de nous : une ville moderne, sécuritaire. Dans cette adaptation destinée au jeune public, Robin est un enfant vivant pauvrement avec sa mère et sa sœur dans une sorte de cité tenue d'une main de fer par un être sans scrupules, richissime et profiteur.

© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

Le spectacle s'adresse au sens inné de la justice que portent en eux les enfants pour, en partant de cette situation aux allures tristement documentaires et réalistes, les emporter vers une fiction porteuse d'espoir, de rires et de rêves. Les enfants Robin et Christabelle échappent aux services sociaux d'aide à l'enfance pour s'introduire dans la forêt interdite et commencer une vie affranchie des règles injustes de la cité et de leur maître, quitte à risquer les foudres de la justice.

Bruno Fougniès
13/12/2024