La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Concerts

Festival de Royaumont, en avant la création !

Du 27 août au 9 octobre, le Festival de Royaumont propose une de ces manifestations transculturelles innovantes dont il a le secret, en nous invitant à changer notre regard sur la musique et la danse. Curiosité, éclectisme et confrontation féconde entre tradition et modernité sont les maîtres mots de cette édition 2016.



© DR.
© DR.
Dans un des plus beaux domaines d'Île-de-France, non loin des sites impressionnistes du Vexin, l'abbaye cistercienne de Royaumont avec son parc, ses trois jardins et ses ruines pittoresques - valorisée par une série de travaux d'envergure tout juste terminés - est le rendez-vous incontournable de la fin de l'été. Cette édition 2016 s'inscrit tout spécialement dans une démarche originale avec une série d'événements qui s'articulent en quatre grands axes : les installations, les concerts "Voix Nouvelles", la danse et le piano romantique dans un esprit de confrontation entre création contemporaine et exploration du passé. Expositions et colloques compléteront cette riche proposition.

Le compositeur Jean-Luc Hervé offre son "Carré Magique", une installation dans le Potager-Jardin, et sa "CABANE(s) - walden" inspirée des travaux de H. D. Thoreau, nous invitant à interroger notre écoute du monde et de la nature (jusqu'au 16 octobre). Les visites contées des trois jardins de l'abbaye (Jardin du Cloître, le Potager-Jardin et le Jardin des neuf carrés) se poursuivent cette année, en particulier dans le cadre du "Festival en famille".

© DR.
© DR.
Le premier week-end de septembre, les concerts "Voix nouvelles" convoqueront le pianiste Stéphanos Thomopoulos dans un programme "Autour de Xenakis", ainsi que les Anglais du Talea Ensemble ("Slideshow" pour deux créations françaises de Pierluigi Billone et Steven Takasugi) et l'ensemble vocal américain Exaudi ("Le Madrigal renouvelé"). Le jeune pianiste Imri Talgam (premier prix du Concours international d'Orléans) proposera une traversée d'œuvres variées de Georges Aperghis à György Ligeti via Robert Schumann.

La voix est encore à l'honneur les 10 et 11 septembre avec la mezzo Bernarda Fink pour un concert dédié aux lieder de G. Mahler (avec Anthony Spiri au piano) et avec l'ensemble La Camera delle Lacrime emmené par Bruno Bonhoure pour une "Controverse de Karakorum" (dans l’Église de Luzarches, à quelques kilomètres). Les musiques de scènes anglaises du temps des Stuart ("A Fancy") permettront de retrouver la soprano Céline Scheen avec l'Ensemble Le Caravansérail de Bertrand Cuiller. Mais aussi l'ensemble Graindelavoix pour un concert "Dufay en Italie".

© DR.
© DR.
Aux performances transculturelles des 17 et 18 septembre (avec Magic Malik, Marc Nammour et Serge Tissot-Gay) succédera un voyage dans le temps chorégraphique sous l'auspice des grands anciens (Béjart, Cunningham et Carolyn Carlson), qui donnera lieu aux créations de Hervé Robbe, Daniel Larrieu et Fabrice Dugied (les 24 et 25/09). Pour le premier rendez-vous d'octobre (les 1er et 2) les journées "Froberger et la Pellegrina", célébrant les polyphonies de la Renaissance, la révolution du clavier et de l'opéra du XVIIe siècle, seront portées entre autres par le claveciniste Andreas Staier et l'Ensemble Pygmalion de Raphaël Pichon.

Enfin, l'ultime week-end du festival nous fera voyager de Vienne à Paris autour de Beethoven et Chopin ("L'éloquence romantique au piano" les 7 et 8/10) avec des artistes comme la violoniste Amandine Beyer et des pianistes, spécialistes des instruments historiques, tels Malcom Bilson, Tom Beghin, Elizaveta Miller et Alexei Lubimov. Une édition 2016 curieuse et inventive donc, qu'on ne saurait rater.

© DR.
© DR.
Du 27 août au 9 octobre 2016.
Abbaye de Royaumont.
Asnières-sur-Oise (95).

Programme complet et réservations :
Tél. : 01 30 35 58 00.
>> royaumont.com

Christine Ducq
Lundi 29 Août 2016

Nouveau commentaire :

Concerts | Lyrique












À Découvrir

"La Chute" Une adaptation réussie portée par un jeu d'une force organique hors du commun

Dans un bar à matelots d'Amsterdam, le Mexico-City, un homme interpelle un autre homme.
Une longue conversation s'initie entre eux. Jean-Baptiste Clamence, le narrateur, exerçant dans ce bar l'intriguant métier de juge-pénitent, fait lui-même les questions et les réponses face à son interlocuteur muet.

© Philippe Hanula.
Il commence alors à lever le voile sur son passé glorieux et sa vie d'avocat parisien. Une vie réussie et brillante, jusqu'au jour où il croise une jeune femme sur le pont Royal à Paris, et qu'elle se jette dans la Seine juste après son passage. Il ne fera rien pour tenter de la sauver. Dès lors, Clamence commence sa "chute" et finit par se remémorer les événements noirs de son passé.

Il en est ainsi à chaque fois que nous prévoyons d'assister à une adaptation d'une œuvre d'Albert Camus : un frémissement d'incertitude et la crainte bien tangible d'être déçue nous titillent systématiquement. Car nous portons l'auteur en question au pinacle, tout comme Jacques Galaud, l'enseignant-initiateur bien inspiré auprès du comédien auquel, il a proposé, un jour, cette adaptation.

Pas de raison particulière pour que, cette fois-ci, il en eût été autrement… D'autant plus qu'à nos yeux, ce roman de Camus recèle en lui bien des considérations qui nous sont propres depuis toujours : le moi, la conscience, le sens de la vie, l'absurdité de cette dernière, la solitude, la culpabilité. Entre autres.

Brigitte Corrigou
09/10/2024
Spectacle à la Une

"Very Math Trip" Comment se réconcilier avec les maths

"Very Math Trip" est un "one-math-show" qui pourra réconcilier les "traumatisés(es)" de cette matière que sont les maths. Mais il faudra vous accrocher, car le cours est assuré par un professeur vraiment pas comme les autres !

© DR.
Ce spectacle, c'est avant tout un livre publié par les Éditions Flammarion en 2019 et qui a reçu en 2021 le 1er prix " La Science se livre". L'auteur en est Manu Houdart, professeur de mathématiques belge et personnage assez emblématique dans son pays. Manu Houdart vulgarise les mathématiques depuis plusieurs années et obtient le prix de " l'Innovation pédagogique" qui lui est décerné par la reine Paola en personne. Il crée aussi la maison des Maths, un lieu dédié à l'apprentissage des maths et du numérique par le jeu.

Chaque chapitre de cet ouvrage se clôt par un "Waooh" enthousiaste. Cet enthousiasme opère aussi chez les spectateurs à l'occasion de cet one-man-show exceptionnel. Un spectacle familial et réjouissant dirigé et mis en scène par Thomas Le Douarec, metteur en scène du célèbre spectacle "Les Hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus".

N'est-ce pas un pari fou que de chercher à faire aimer les mathématiques ? Surtout en France, pays où l'inimitié pour cette matière est très notoire chez de nombreux élèves. Il suffit pour s'en faire une idée de consulter les résultats du rapport PISA 2022. Rapport édifiant : notre pays se situe à la dernière position des pays européens et avant-dernière des pays de l'OCDE.
Il faut urgemment reconsidérer les bases, Monsieur le ministre !

Brigitte Corrigou
12/04/2025
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024