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Concerts

Festival Bach en Combrailles, 15 ans de Bach !

Pendant six jours, du 11 au 16 août 2014, se tiendra la quinzième édition du Festival Bach en Combrailles en région Centre. Une semaine dédiée au génial Cantor de Leipzig évidemment, mais aussi à son deuxième fils Carl Philipp Emanuel.



Ensemble Les Surprises © DR.
Ensemble Les Surprises © DR.
Pour la quinzième année consécutive, les amoureux de l’œuvre de Johann Sebastian Bach (en gros tout le monde) vont pouvoir assouvir leur passion d’un des plus grands compositeurs de tous les temps grâce à une quinzaine de manifestations organisées dans les Combrailles - cette région à cheval sur les départements de l’Allier, la Creuse, le Puy-de-Dôme, l‘ancien Berry et la Corrèze. C’est un festival annuel autour de l’œuvre du grand Bach avec des concerts, des conférences, des visites, des expositions, des apéritifs nocturnes à Pontaumur (près de Clermont-Ferrand) et dans d’autres communes.

C’est aussi une académie d’orgue dirigée par Helga Schauerte destinée aux jeunes interprètes puisque le festival a permis la construction d’un orgue à tuyaux de type baroque pour l’église de Pontaumur. Sorti des ateliers du facteur François Delhumeau, l’orgue a été construit sur le modèle de celui d’Arnstadt où Jean Sébastien Bach fut premier organiste de 1703 à 1707.

Cette année, le festival rendra hommage donc à Carl Philipp Emanuel, né il y a trois cents ans, qui fut notamment claveciniste à la cour de Frédéric II de Prusse. Le spécialiste de la famille Bach, Gilles Cantagrel, animera conférences et concerts pour le plus grand profit des festivaliers. Entre nombreux rendez-vous importants, citons la venue de l’ensemble Les Surprises entendu cet automne dans un concert formidable (dans le cadre de la programmation Jeunes Talents - on se souvient de mon éloge du CD paru en novembre 2013 "Les Rebel de père en fils").

Outre la présence de l’Orchestre d’Auvergne, il est nombre d’interprètes à suivre tels le contre-ténor Alex Potter, le violoniste Nicolas Dautricourt (qui jouera en un rapprochement fertile les sonates de J. S. Bach et Eugène Ysaÿe), ou encore le Quatuor Edding. Cantates, Partitas, Sonates de Johann Sebastian sont à l’affiche durant une semaine.

Surtout le 16 août, on courra écouter l’Ensemble Capriccio Basel dirigé par Patrick Ayrton dans l’église de Pontaumur où sera donnée pour la première fois la "Passion selon Saint-Matthieu", un des sommets de la musique sacrée. Dans cet oratorio sublime à la théâtralité manifeste pour voix solistes, double chœur et deux orchestres écrit en 1729 pour le Vendredi Saint, Bach fait entendre l’Évangéliste, les protagonistes du drame en alternance avec des épisodes choraux saisissants. Rien d’étonnant si Cioran put écrire que s’il y avait bien quelqu’un qui devait tout à Bach, c’était Dieu !

Concerts à 16h et 21h tous les jours du 11 au 16 août 2014.
Programme complet et réservations :
Festival Bach en Combrailles, 04 73 79 91 10.
63380 Pontaumur.
>> bachencombrailles.com

Christine Ducq
Lundi 11 Août 2014

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Concerts | Lyrique







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"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
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Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
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"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
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"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

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