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"Didou, dans la vraie vie" Un jeune comique qui détonne, déconne et sait attirer son public !

J'ai vu beaucoup de seul(e)s en scène cette année. Des femmes, le plus souvent. Pour rééquilibrer tout ça, voici quelques mots pour un homme en solo qui mérite un peu plus que des "petits" bravos. J'écris "petits" car je reviens du Petit Point Virgule, lieu dédié à l'humour, géographiquement bien situé, où j'ai découvert "Didou" dans un spectacle intitulé : "Didou, dans la vraie vie".



© Saranda Photos.
© Saranda Photos.
Didou, en pensant à lui, je pense à Jane Birking et son "Di doo dah", le "di doo" de Jane ne s'écrit pas pareil et Didou ne semble être ni mélancolique, ni désabusé, mais plutôt parfaitement heureux sur cette scène célèbre du quartier du Marais. Bien qu'on ne sache pas vraiment comment se comporte Didou dans la "vraie vie", pour reprendre le titre de son show (chaud) brûlant et volcanique, j'imagine le comédien sympathique, désireux de partager, d'échanger et de divertir. Ça tombe bien, c'est ce qu'il fait, et bien.

Il bouge beaucoup avec souplesse, il parle vite comme peut courir un marathonien sur les quelques mètres qui le séparent de la ligne de fin. Peu de points, peu de virgules, mais des interrogations d'un jeune homme de son temps qui, de la femme, reconnaît qu'elle est indispensable. Si, vraiment ! Et le plus important est qu'il est attentionné à son public ! Rien de très original, mais le souligner, c'est mon travail. Il apprivoise des salles depuis quelque temps maintenant et on sent pointer l'aisance lorsqu'il se met à improviser. Charmant !

© Maxime Steckle.
© Maxime Steckle.
Didou a faim, il croque, il "bouffe" la scène, comme un taureau excité dans une arène. D'ailleurs, son sketch sur les férias du Sud-Ouest est drôle à souhait. Quand il parle de sa famille, sans s'étirer, il en dresse un portrait original, notamment quand il parle d'un de ses frères et sa reconversion à l'Islam. Il ne raconte de sa vie que ce qui lui permet d'aller rencontrer le public, il lance des clés, à nous de les attraper et de lui les relancer pour passer à un autre sujet.

Didou est simple et on rit. Il ne se prend pas au sérieux, n'invente pas des mots chics pour rentrer dans un costard trop large pour lui. Il cherche, il travaille et prend tous les conseils. Jean, baskets, t-shirt et coupe de cheveux nickel ! Simple.

"Un de ces quatre, ce qu'il risque de lui arriver" (pour reprendre la chanson de Jane), c'est de remplir une plus grande salle. Ça tombe bien, le Petit Point Virgule a son cousin, le Grand Point ! (Ah ! la famille). Le Grand Point Virgule ! Et étant donné sa grande souplesse, Didou n'aura aucun mal à rouler ou à danser jusqu'à Montparnasse. Avec la Macarena comme activatrice d'énergie, bien qu'à lui seul, il en cultive déjà bien assez.

Didou dit (Dou Da) qu'il est "humoriste et qu'il n'est pas con". Il le dit et je confirme cette prise de position. Il suffit de l'entendre rebondir à chaque discussion pour comprendre que son esprit fuse d'informations.

O Di Dou Di Dou Di Dou Da, un peu de Jane et de douceur pour cet artiste au grand cœur.

"Didou, dans la vraie vie"

© Saranda Photos.
© Saranda Photos.
Stand-up.
Écrit avec : Florian Gazan.
Production : Little Bros.
Durée : 55 minutes.

Depuis le 10 janvier 2023.
Mardi à 19 h.
Le Point Virgule, Paris 4e, 01 42 78 67 03.
>> lepointvirgule.com

Isabelle Lauriou
Mardi 4 Avril 2023

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© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

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C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

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Brigitte Corrigou
08/09/2023
Spectacle à la Une

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La comédie musicale rock de Broadway enfin en France ! Récompensée quatre fois aux Tony Awards, Hedwig, la chanteuse transsexuelle germano-américaine, est-allemande, dont la carrière n'a jamais démarré, est accompagnée de son mari croate,Yithak, qui est aussi son assistant et choriste, mais avec lequel elle entretient des relations malsaines, et de son groupe, the Angry Inch. Tout cela pour retracer son parcours de vie pour le moins chaotique : Berlin Est, son adolescence de mauvais garçon, son besoin de liberté, sa passion pour le rock, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l'Allemagne en épouse d'un GI américain, ce, grâce au soutien sans failles de sa mère…

© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
Ni femme, ni homme, entre humour queer et confidences trash, il/elle raconte surtout l'histoire de son premier amour devenu l'une des plus grandes stars du rock, Tommy Gnosis, qui ne cessera de le/la hanter et de le/la poursuivre à sa manière.

"Hedwig and the Angry inch" a vu le jour pour la première fois en 1998, au Off Broadway, dans les caves, sous la direction de John Cameron Mitchell. C'est d'ailleurs lui-même qui l'adaptera au cinéma en 2001. C'est la version de 2014, avec Neil Patrick Harris dans le rôle-titre, qui remporte les quatre Tony Awards, dont celui de la meilleure reprise de comédie musicale.

Ce soir-là, c'était la première fois que nous assistions à un spectacle au Théâtre du Rouge Gorge, alors que nous venons pourtant au Festival depuis de nombreuses années ! Situé au pied du Palais des Papes, du centre historique et du non moins connu hôtel de la Mirande, il s'agit là d'un lieu de la ville close pour le moins pittoresque et exceptionnel.

Brigitte Corrigou
20/09/2023
Spectacle à la Une

"Zoo Story" Dans un océan d'inhumanités, retrouver le vivre ensemble

Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
Lui, Peter (Sylvain Katan), est le stéréotype du bourgeois, cadre dans une maison d'édition, "détenteur" patriarcal d'une femme, deux enfants, deux chats, deux perruches, le tout dans un appartement vraisemblablement luxueux d'un quartier chic et "bobo" de New York. L'autre, Jerry (Pierre Val), à l'opposé, est plutôt du côté de la pauvreté, celle pas trop grave, genre bohème, mais banale qui fait habiter dans une chambre de bonne, supporter les inconvénients de la promiscuité et rechercher ces petits riens, ces rares moments de défoulement ou d'impertinence qui donnent d'éphémères et fugaces instants de bonheur.

Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.

Gil Chauveau
15/09/2023