La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
CédéDévédé

Brian S. Cassidy, explorateur infatigable sur les chemins indie folk

Pour son premier album, Brian S. Cassidy nous fait découvrir, dans un style musical alliant pop, folk et country, les routes des États-Unis dans une atmosphère où sa voix, grave et sensuelle à la fois, nous transporte dans un univers où la guitare est reine et le son, roi.



Il a tout fait sur cet album. Son premier. De la première note à la dernière, en les ayant composées, jouées, chantées et arrangées. Il, c’est Brian S. Cassidy. Auparavant, il a tout de même fait ses "classes" avec le groupe américain Okkervil River en tant que musicien et arrangeur. Il a également travaillé avec le groupe texan Shearwater ainsi qu'avec le guitariste Roky Erickson.

Il sait allier toutes les facettes de l’indie rock*. Son talent est de pouvoir conjuguer une voix maître de ses respirations, de son rythme à un instrumental marqué par une propension à faire naître des créations où le son est clair, bien découpé. La composition est propre et bien orchestrée. Il maîtrise différents univers et instruments jusqu’à se permettre, à ses heures perdues, de poursuivre une retranscription pour mandoline d'une partition de Bach dédiée au piano.

Dès la première note, le Texan déploie, derrière sa voix un tantinet suave au timbre clair, un talent de composition. Il n'hésite pas à faire la part belle aux cordes. Celles-ci sont l’ossature même de la musique, à n’exister que par elles-mêmes parfois.

La voix de Cassidy enveloppe le tout. Mais jamais à l’arrière-plan. Toujours très présente, car elle est d’une sensualité qui ferait frémir n’importe quelle corde de guitare, elle en fait presque oublier la batterie et les percussions. Le piano arrive à se faire entendre dans "I’m ocean" où il prend le lead de la guitare en étant suivi note à note par celle-ci derrière une ligne de basse.

L'ensemble de l'album est très bien arrangé. Musiques et chants sont en osmose, sans fausse note, sans rupture musicale, sans qu’un contre-chant, qu’un tempo autre viennent bousculer les lignes mélodiques. Tout est bien établi, coordonné, fait "aux petits oignons". Il n’y a pas de chemin de croix. Brian Cassidy se "balade". La maîtrise est là, à chaque instant.

Ce premier opus recèle de très beaux titres. Les ballades sont tranquilles, relevées. Jamais la qualité du son, du chant et de la musique ne s’évanouit des sillons. Cette "homogénéité", comme si les chansons faisaient partie d’une même trame, n’occulte en rien sa technique instrumentale. Sous des dehors "faciles", dans lesquels Cassidy déploie son talent et ses qualités de musicien, c’est tout l’univers Indie qui apparaît. Il ne bouscule pas ce style, cette approche. Il est dans sa ligne droite, s’y immisce, s’y délecte, comme du fait maison, avec une voix claire à souhait.

* Indie rock ou rock indépendant. Il a été créé à la fin des années soixante-dix en Angleterre après l’émergence du mouvement Punk lorsque les artistes souhaitaient se démarquer des majors (grandes maisons de disques). Ils diffusaient leurs albums par leurs propres moyens ou via des labels indépendants.

● Brian S. Cassidy "Alpine seas".
Label : Microcultures.
Distribution : Differ-Ant
Sortie : 4 novembre 2016.


Safidin Alouache
Dimanche 20 Novembre 2016

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter | Avignon 2025












À Découvrir

"La Chute" Une adaptation réussie portée par un jeu d'une force organique hors du commun

Dans un bar à matelots d'Amsterdam, le Mexico-City, un homme interpelle un autre homme.
Une longue conversation s'initie entre eux. Jean-Baptiste Clamence, le narrateur, exerçant dans ce bar l'intriguant métier de juge-pénitent, fait lui-même les questions et les réponses face à son interlocuteur muet.

© Philippe Hanula.
Il commence alors à lever le voile sur son passé glorieux et sa vie d'avocat parisien. Une vie réussie et brillante, jusqu'au jour où il croise une jeune femme sur le pont Royal à Paris, et qu'elle se jette dans la Seine juste après son passage. Il ne fera rien pour tenter de la sauver. Dès lors, Clamence commence sa "chute" et finit par se remémorer les événements noirs de son passé.

Il en est ainsi à chaque fois que nous prévoyons d'assister à une adaptation d'une œuvre d'Albert Camus : un frémissement d'incertitude et la crainte bien tangible d'être déçue nous titillent systématiquement. Car nous portons l'auteur en question au pinacle, tout comme Jacques Galaud, l'enseignant-initiateur bien inspiré auprès du comédien auquel, il a proposé, un jour, cette adaptation.

Pas de raison particulière pour que, cette fois-ci, il en eût été autrement… D'autant plus qu'à nos yeux, ce roman de Camus recèle en lui bien des considérations qui nous sont propres depuis toujours : le moi, la conscience, le sens de la vie, l'absurdité de cette dernière, la solitude, la culpabilité. Entre autres.

Brigitte Corrigou
09/10/2024
Spectacle à la Une

"Very Math Trip" Comment se réconcilier avec les maths

"Very Math Trip" est un "one-math-show" qui pourra réconcilier les "traumatisés(es)" de cette matière que sont les maths. Mais il faudra vous accrocher, car le cours est assuré par un professeur vraiment pas comme les autres !

© DR.
Ce spectacle, c'est avant tout un livre publié par les Éditions Flammarion en 2019 et qui a reçu en 2021 le 1er prix " La Science se livre". L'auteur en est Manu Houdart, professeur de mathématiques belge et personnage assez emblématique dans son pays. Manu Houdart vulgarise les mathématiques depuis plusieurs années et obtient le prix de " l'Innovation pédagogique" qui lui est décerné par la reine Paola en personne. Il crée aussi la maison des Maths, un lieu dédié à l'apprentissage des maths et du numérique par le jeu.

Chaque chapitre de cet ouvrage se clôt par un "Waooh" enthousiaste. Cet enthousiasme opère aussi chez les spectateurs à l'occasion de cet one-man-show exceptionnel. Un spectacle familial et réjouissant dirigé et mis en scène par Thomas Le Douarec, metteur en scène du célèbre spectacle "Les Hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus".

N'est-ce pas un pari fou que de chercher à faire aimer les mathématiques ? Surtout en France, pays où l'inimitié pour cette matière est très notoire chez de nombreux élèves. Il suffit pour s'en faire une idée de consulter les résultats du rapport PISA 2022. Rapport édifiant : notre pays se situe à la dernière position des pays européens et avant-dernière des pays de l'OCDE.
Il faut urgemment reconsidérer les bases, Monsieur le ministre !

Brigitte Corrigou
12/04/2025
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024