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Concerts

Bon anniversaire au Festival Pablo Casals de Prades !

Pour sa 65e édition, le Festival Pablo Casals, la plus inspirante des manifestations musicales en Catalogne, se déroulera du 26 juillet au 13 août 2014 avec une programmation riche et éclectique. Pas moins d'une quarantaine de manifestations et plus de trente concerts donnés par des musiciens de vingt-cinq nationalités différentes sont proposés dans une dizaine de sites d'exception des Pyrénées-Orientales pour ces "Notes croisées", thème de cette édition.



Cazalet © Josep Molina.
Cazalet © Josep Molina.
Voici quatre (très) bonnes raisons de faire un beau voyage :
Le festival est créé en 1950 par les disciples du légendaire violoncelliste catalan Pablo Casals à Prades, ce petit bourg somptueusement écrasé de soleil à la frontière des deux Catalogne. Pau Casals (un Catalan "espagnol") y vit depuis 1939 et choisit d'y inviter ses amis musiciens du monde entier pour fêter le bicentenaire Jean Sébastien Bach, qu'il a si admirablement servi dans sa première carrière avant la guerre civile.

Alors que la catastrophe de l'exil et l'horreur du régime franquiste l'ont fait jurer de ne plus jouer en public et qu'il ne quitte plus cette petite cité du Roussillon, la première édition du Festival Bach (qui deviendra le Festival Pablo Casals) lui offre une seconde naissance. Il rejoue en public pour la première fois onze ans après son arrivée à Prades. Cet événement lui ouvre à 74 ans une seconde carrière triomphale. Arpenter les charmantes ruelles de Prades, c'est sentir partout la présence du virtuose qui était aussi donc cet incomparable humaniste engagé activement dans l'aide aux réfugiés espagnols.

Abbaye Saint-Michel de Cuxa © DR.
Abbaye Saint-Michel de Cuxa © DR.
Deuxièmement, organisé sans discontinuer (sauf deux fois) depuis 1950, le Festival Pablo Casals n'a cessé d'enrichir son offre pour les festivaliers : des concerts l'après-midi et le soir, des films, des conférences, des master class, des visites de monuments, des rencontres avec les artistes, des randonnées-concerts à Prades et ses environs, dans les paysages grandioses de la vallée du Conflent et des montagnes couronnées par le Mont Canigou.

Troisièmement car les sites fabuleux ne manquent pas dans la région. Autant de bonnes raisons pour les organisateurs menés par le directeur artistique et clarinettiste Michel Lethiec d'ancrer manifestations et concerts dans des lieux exceptionnels : la sublime abbaye Saint-Michel de Cuxa, les prieurés romans de Marcevol et de Serrabone, le Casino de Vernet-les-Bains, les superbes petites églises avoisinantes, enfin les Grottes des Grandes Canalettes - entre autres Musée du Céret. Les plus courageux des mélomanes sont invités à grimper les rudes pentes du pays catalan pour aller applaudir des interprètes non moins courageux.

Shanghai Quartet © Josep Molina.
Shanghai Quartet © Josep Molina.
Quatrième et dernière raison... Des musiciens du monde entier continuent de répondre présent pour honorer les mânes du vieux héros Pau Casals. Cette année, les mezzos Charlotte Hellekant, Ahlima Mhamdi, la soprano Armelle Khourdoian côtoieront les meilleurs chambristes tels Pierre Amoyal, Bruno Pasquier, Arto Noras, François Salque, André Cazalet, Patrick Gallois, pour ne citer que quelqu'uns des fidèles de Michel Lethiec. Parmi les nombreux nouveaux ou fidèles du festival, on appréciera le Fine Arts Quartet, le Shanghai Quartet, l'Orchestre Sinfonietta Cracovia et le Trio Chausson.

Concert en l'Abbaye © Josep Molina.
Concert en l'Abbaye © Josep Molina.
Du 26 juillet au 13 août 2014.
Festival Pablo Casals de Prades,
33, rue de l'Hospice 66502 Prades cedex.
Tél. : 04 68 96 33 07.
contact@prades-festival-casals.com
Programme complet : >> prades-festival-casals.com

Christine Ducq
Mardi 28 Juillet 2015

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Concerts | Lyrique







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"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
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"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
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"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

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Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

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30/08/2024