La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Agenda des spectacles et événements
Avignon Off 2022 >> "Trovaores" Antonio Placer Quartet
Infos pratiques
du Jeudi 7 Juillet 2022 au Samedi 23 Juillet 2022
Théâtre du Rempart, 56, rue du Rempart Saint-Lazare
84000 Avignon
Tel : 09 81 00 37 48
Description
Trovaores est l'histoire d'une rencontre, celle du flamenco, du jazz et de la chanson au cœur des montagnes enneigées de Grenoble et de Grenade…

Quatre artistes prennent un immense plaisir à se retrouver ensemble sur scène pour créer une histoire musicale faite de normes et de transgressions et la partager avec le public. Leurs arrangements nous font passer du flamenco le plus essentiel aux sonorités du jazz ou de la trova poétique galicienne, apportant au spectacle une respiration et un rythme où chaque pulsion est un tribut à une profonde énergie syncrétique.

"Trovaores" prend la forme d'un spectacle à deux voix, puissantes, contrastées et complémentaires, soutenues par des musiciens d'horizons divers, une sorte de pont entre les Suds, entre les ici et les ailleurs. Il croise ainsi deux univers artistiques et poétiques portés par des voix profondes, rugueuses lorsque le duende oblige, tout en retenue lorsque l'émotion s'impose. Portés aussi par des textes d'où se dégagent une puissance rageuse et un engagement de tous les instants. "Trovaores", c'est le duende en action et en interactions, car si le duende est l'âme des "sons noirs", il est aussi l'esprit des rencontres.

Javier Rivera est Gitan et défend une lecture personnelle d'un répertoire soigneusement choisi parmi les styles les plus intenses du flamenco dans lesquels il excelle. Antonio Placer porte sa Galice en France depuis de longues années et s'exprime au travers de compositions fortes, balades profondes dans lesquelles émerge la trace de son exil. Davantage que leur hispanité, le trait d'union des deux artistes est précisément ce désir d'ailleurs, une force qui les pousse à chercher le télescopage subtil, l'échange fondateur.

C'est de ce dialogue, a priori improbable, de la Galice et de l'Andalousie, du Caló et du Tamarindola, du flamenco et de la chanson d'auteur qu'est né "Trovaores". À leurs côtés, un des guitaristes flamenco les plus talentueux, Juan Antonio Suárez Canito ainsi que le grand danseur Rafael Campallo.

"… Il est excessivement rare d'entendre un concert pareil, c'est un ovni, un bijou tombé du ciel. Un don d'ailleurs en quelque sorte. Que d'originalité, que de maîtrise, que de poésie !"
J.-M. Gautier, Regard.org

Chanson, Jazz, Flamenco.
Avec : Antonio Placer (chant), Javier Rivera (chant), Canito (guitare flamenco), Rafael Campallo (danse flamenco).
Direction artistique : Jean-François Carcelén.
Son : Thierry Ronget.
Durée : 1 h 05.

Avignon Off 2022
Du 7 au 23 Juillet 2022.
Tous les jours à 16 h 25, relâche le mercredi.
Théâtre du Rempart, 56, rue du Rempart Saint-Lazare, Avignon.
Réservation : 09 81 00 37 48 - 04 90 85 37 48.







À découvrir

"Othello" Iago et Othello… le vice et la vertu, deux maux qui vont très bien ensemble

Réécrit dans sa version française par Jean-Michel Déprats, le texte de William Shakespeare devient ici matière contemporaine explorant à l'envi les arcanes des comportements humains. Quant à la mise en jeu proposée par Jean-François Sivadier, elle restitue - "à la lettre" près - l'esprit de cette pièce crépusculaire livrant le Maure de Venise à la perfidie poussée jusqu'à son point d'incandescence de l'intrigant Iago, incarné par un Nicolas Bouchaud à la hauteur de sa réputation donnant la réplique à un magnifique Adama Diop débordant de vitalité.

© Jean-Louis Fernandez.
Un décor sombre pouvant faire penser à d'immenses mâchoires mobiles propres à avaler les personnages crée la fantasmagorie de cette intrigue lumineuse. En effet, très vite, on s'aperçoit que l'enjeu de cet affrontement "à mots couverts" ne se trouve pas dans quelque menace guerrière menaçant Chypre que le Maure de Venise, en tant que général des armées, serait censé défendre… Ceci n'est que "pré-texte". L'intérêt se noue ailleurs, autour des agissements de Iago, ce maître ès-fourberies qui n'aura de cesse de détruire méthodiquement tous celles et ceux qui lui vouent (pourtant) une fidélité sans faille…

L'humour (parfois grinçant) n'est pour autant jamais absent… Ainsi lors du tableau inaugural, lorsque le Maure de Venise confie comment il s'est joué des aprioris du vieux sénateur vénitien, père de Desdémone, en lui livrant comment en sa qualité d'ancien esclave il fut racheté, allant jusqu'à s'approprier le nom d'"anthropophage" dans le même temps que sa belle "dévorait" ses paroles… Ou lorsque Iago, croisant les jambes dans un fauteuil, lunettes en main, joue avec une ironie mordante le psychanalyste du malheureux Cassio, déchu par ses soins de son poste, allongé devant lui et hurlant sa peine de s'être bagarré en état d'ébriété avec le gouverneur… Ou encore, lorsque le noble bouffon Roderigo, est ridiculisé à plates coutures par Iago tirant maléfiquement les ficelles, comme si le prétendant éconduit de Desdémone n'était plus qu'une vulgaire marionnette entre ses mains expertes.

Yves Kafka
03/03/2023
Spectacle à la Une

"Le Chef-d'œuvre Inconnu" Histoire fascinante transcendée par le théâtre et le génie d'une comédienne

À Paris, près du quai des Grands-Augustins, au début du XVIIe siècle, trois peintres devisent sur leur art. L'un est un jeune inconnu promis à la gloire : Nicolas Poussin. Le deuxième, Franz Porbus, portraitiste du roi Henri IV, est dans la plénitude de son talent et au faîte de sa renommée. Le troisième, le vieux Maître Frenhofer, personnage imaginé par Balzac, a côtoyé les plus grands maîtres et assimilé leurs leçons. Il met la dernière main dans le plus grand secret à un mystérieux "chef-d'œuvre".

© Jean-François Delon.
Il faudra que Gilette, la compagne de Poussin, en qui Frenhofer espère trouver le modèle idéal, soit admise dans l'atelier du peintre, pour que Porbus et Poussin découvrent le tableau dont Frenhofer gardait jalousement le secret et sur lequel il travaille depuis 10 ans. Cette découverte les plongera dans la stupéfaction !

Quelle autre salle de spectacle aurait pu accueillir avec autant de justesse cette adaptation théâtrale de la célèbre nouvelle de Balzac ? Une petite salle grande comme un mouchoir de poche, chaleureuse et hospitalière malgré ses murs tout en pierres, bien connue des férus(es) de théâtre et nichée au cœur du Marais ?

Cela dit, personne ne nous avait dit qu'à l'Essaïon, on pouvait aussi assister à des séances de cinéma ! Car c'est pratiquement à cela que nous avons assisté lors de la générale de presse lundi 27 mars dernier tant le talent de Catherine Aymerie, la comédienne seule en scène, nous a emportés(es) et transportés(es) dans l'univers de Balzac. La force des images transmises par son jeu hors du commun nous a fait vire une heure d'une brillante intensité visuelle.

Pour peu que l'on foule de temps en temps les planches des théâtres en tant que comédiens(nes) amateurs(es), on saura doublement jauger à quel point jouer est un métier hors du commun !
C'est une grande leçon de théâtre que nous propose là la Compagnie de la Rencontre, et surtout Catherine Aymerie. Une très grande leçon !

Brigitte Corrigou
07/04/2023
Spectacle à la Une

Dans "Nos jardins Histoire(s) de France #2", la parole elle aussi pousse, bourgeonne et donne des fruits

"Nos Jardins", ce sont les jardins ouvriers, ces petits lopins de terre que certaines communes ont commencé à mettre à disposition des administrés à la fin du XIXe siècle. Le but était de fournir ainsi aux concitoyens les plus pauvres un petit bout de terre où cultiver légumes, tubercules et fruits de manière à soulager les finances de ces ménages, mais aussi de profiter des joies de la nature. "Nos Jardins", ce sont également les jardins d'agrément que les nobles, les rois puis les bourgeois firent construire autour de leurs châteaux par des jardiniers dont certains, comme André Le Nôtre, devinrent extrêmement réputés. Ce spectacle englobe ces deux visions de la terre pour développer un débat militant, social et historique.

Photo de répétition © Cie du Double.
L'argument de la pièce raconte la prochaine destruction d'un jardin ouvrier pour implanter à sa place un centre commercial. On est ici en prise directe avec l'actualité. Il y a un an, la destruction d'une partie des jardins ouvriers d'Aubervilliers pour construire des infrastructures accueillant les JO 2024 avait soulevé la colère d'une partie des habitants et l'action de défenseurs des jardins. Le jugement de relaxe de ces derniers ne date que de quelques semaines. Un sujet brûlant donc, à l'heure où chaque mètre carré de béton à la surface du globe le prive d'une goutte de vie.

Trois personnages sont impliqués dans cette tragédie sociale : deux lycéennes et un lycéen. Les deux premières forment le noyau dur de cette résistance à la destruction, le dernier est tout dévoué au modernisme, féru de mode et sans doute de fast-food, il se moque bien des légumes qui poussent sans aucune beauté à ses yeux. L'auteur Amine Adjina met ainsi en place les germes d'un débat qui va opposer les deux camps.

Bruno Fougniès
23/12/2022