La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Cirque & Rue

"Campana" du cirque Trottola… Expressif et humoristique !

"Campana", Cent-Quatre, Paris, puis en tournée

Depuis plus de quinze ans, le cirque Trottola voyage à travers une multitude de pays. Ils se sont arrêtés au Cent-Quatre pour nous faire découvrir un monde où la poésie du geste fait écho à l'expressivité de leur univers dans lequel l'absurde et l'humour sont de précieux alliés.



© Philippe Laurençon.
© Philippe Laurençon.
Ils sont quatre, dont deux musiciens situés hors de la piste, au-dessus de la gardine, qui jouent de la guitare, des claviers, du violon, des percussions et poussent jusqu'à chanter le temps d'une chanson. La musique débute la représentation sans qu'aucun numéro n'ait encore lieu. Celle-ci est indissolublement liée à l'univers circassien de la troupe.

Sur scène, même si les deux musiciens, Bastien Pelenc et Thomas Barrière, les rejoignent ensuite, il y a Titoune et Bonaventure Gacon, un couple artistique. Ce sont les deux protagonistes sur qui la lumière est projetée.

Les instrumentistes apportent toutefois une touche très importante au spectacle, celle du rythme, du chant, du "bruit" au bon sens du terme, car mélodieux et très rythmé quand la scène est baignée de silence. Ils forment un orchestre à eux seuls tels des acrobates, jouant d'une main, des percussions, d'une autre, d'un clavier, passant de la guitare au violon, sautant d'un instrument à l'autre comme le reflet de ce qui se joue sur la piste.


© Philippe Laurençon.
© Philippe Laurençon.
Au tout début, le tapis recouvrant les planches disparaît, happé par le sol. C'est à l'image de ces numéros où la scène mange ses éléments, ses artistes comme elle les régurgite. Nous sommes face à une "machine" circassienne qui les crée et les fait disparaître au travers des planches. Les entrées-sorties sont à l'opposé du rituel du spectacle car intégrées complètement à lui, aucune frontière n'existant entre les accessoires, les interprètes et son public. Les entrées-sorties font partie intégrante de la représentation car insérées dans le jeu.

Les bruitages sont aussi très présents à chaque fois qu'un accessoire tombe sous les planches créant un monde souterrain. Il y a de la poésie dans le geste, beaucoup d'humour dans les sketchs. La présence animale est là aussi avec un éléphant gonflable telle une revendication politique pour dire que le cirque peut définitivement se passer d'eux.

Acrobaties, jongleries humaines sont l'ossature du spectacle avec les artistes qui jouent de leur corps en se transformant en tremplin ou appui. Au final, une cloche est montée et sa sonorité accompagne les attitudes des interprètes.

Il y a un écho liturgique dans ce dernier numéro faisant du chapiteau un lieu sacré. La situation est un tantinet absurde car elle se joue autour des tailles de Titoune et Bonaventure Gacon. Comme un équilibre qui ne trouve sa raison d'être que dans son déséquilibre.

C'est beau, efficace, simple et direct.

"Campana"

© Philippe Laurençon.
© Philippe Laurençon.
Cirque Trottola.
Conception : artistes du Cirque Trottola.
En piste : Titoune et Bonaventure Gacon.
Aux instruments : Thomas Barrière et Bastien Pelenc.
Régie lumière et son : Joachim Gacon-Douard.
Fille de piste : Jeanne Maigne.
Costumes : Anne Jonathan.
Équipage chapiteau : Sara Giommetti, Guiloui Karl et Florence Lebeau.
Conseillers techniques, artistiques et acrobatiques : Jérémy Anne, Florian Bach, Filléas de Block, François Cervantes, Grégory Cosenza, François Derobert, Pierre Le Gouallec et Nicolas Picot.
Constructions : Scola Teloni, CEN.Construction, Atelier Vindiak et Lali Maille.
Maitre d'art : Paul Bergamo - Fonderie Cornille-Havard.
Visuels : Paille (décors cloche) et Nathalie Novi (peinture affiche).
Tout public à partir de 10 ans.
Durée indicative : 1 h 30.
Production La Toupie.

Du 23 novembre au 22 décembre 2018.
Mardi, mercredi, vendredi et samedi à 20 h.
Le Cent-Quatre, Paris 19e, 01 53 35 50 00.
>> 104.fr

Safidin Alouache
Mardi 4 Décembre 2018

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter




Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024