La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Un Tour de piste" Une évocation originale de la passion amoureuse, de la différence et d'une émancipation nécessaire - 02/04/2024

Un grand cirque français commence sa tournée d'été dans les villes côtières de l'Hexagone. Alors, que le spectacle commence ! Mais derrière les paillettes et les grands numéros, de vives tensions agitent les coulisses. Entre Oleg, le chef moldave de l'équipe technique, macho et mafieux, et Julie, le jeune présentateur gay, c'est la guerre ouverte. Heureusement, Elsa, jolie acrobate aérienne et...  

"La Porte d'Ensor" Dans une forme d'imaginaire plastique et théâtral, dévoiler la dramaturgie inhérente à toute œuvre picturale - 04/04/2024

Après un "Tartuffe" magnifiquement réussi en janvier dernier et apprécié jusqu'à Pékin (dans le cadre d'une tournée en Chine), Serge Noyelle et Marion Coutris récidivent avec une nouvelle création, La Porte d'Ensor", qui baguenaude avec délectation sur les sentiers de l'art pictural et explore la théâtralité et la dramaturgie des œuvres du courant "expressionniste" belge, entre autres, de la fin...  

Dans "Looking for Jaurès", Patrick Bonnel tricote une bannière d'espoir entre l'icône d'un socialisme du bonheur et nos errances dans un monde sans idéaux - 29/03/2024

Cela commence comme une pièce réaliste à la Pinter. Un personnage qui descend à l'aide d'une torche dans une cave, entortillé dans une couverture sans âme, qui se couche en grognant vaguement et qui se met à rêver. Et comme dans certains films de Chaplin, le rêve apparaît à nos yeux, projeté sur le mur inégal de la cave. Gros plan sur un flic qui fait le brief à son équipe pour alpaguer le...  

"Les Frères Sagot" "Normal, vous avez dit normal ? Comme c'est bizarre…" (Drôle de théâtre) - 27/03/2024

Il était deux demi-frères, Jules et Luis… L'un, Jules, était né en France et, depuis sa naissance, avait bénéficié de l'amour d'une famille que l'on s'accorderait à dire "normale". L'autre, Luis, né au Mexique, avait été confié à sa naissance à une mère adoptive à haut potentiel toxique, avant d'être adopté en France par la famille Sagot. Devenus frères comme pas deux, complices à la ville comme...  

"Dan Då Dan Dog" Entre drôleries folles et mélancolies douces-amères, sept personnages en prise… avec une vie de chien - 22/03/2024

La nuit polaire et ses brumes intranquilles semblent féconder l'imaginaire des écrivains scandinaves au point de leur faire enfanter des histoires où le temps vole en éclats comme les existences qu'il surplombe. Aussi ne devrait-on pas être surpris que le dramaturge suédois Rasmus Lindberg ait proposé, pour sa première pièce ("Le mardi où Morty est mort"), un objet littéraire sidérant...  

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur - 25/03/2024

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud. Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand...  

"Le consentement" Monologue intense pour une tentative de récit libératoire - 21/03/2024

Le livre avait défrayé la chronique à sa sortie en levant le voile sur les relations pédophiles subies par Vanessa Springora, couvertes par un milieu culturel et par une époque permissive où ce délit n'était pas considéré comme tel, même quand celui-ci était connu, car déclaré publiquement par son agresseur sexuel, un écrivain connu. Sébastien Davis nous en montre les ressorts autant intimes...  

"Vert -Territoire - Bleu" Une dystopie propre sur soi, de bon teint et de bon ton… - 19/03/2024

2024… Vingt-quatrième année du deuxième millénaire et une actualité qui, à la vitesse du son des médias numériques, nous informe en temps réel de nouvelles atrocités, présentes et/ou à venir. Un monde de partout impacté, menacé par les cataclysmes climatiques et leurs effets délétères, les conflits armés génocidaires provoqués par des tyrans élus démocratiquement, l'augmentation croissante de...  

"Nora, Nora, Nora ! De l'influence des épouses sur les chefs-d'œuvre"… sous les yeux grands ouverts d'Elsa Granat - 18/03/2024

Dans cette maison bourgeoise semblable à tant d'autres, avec deux hommes, un grand salon et un ami constant qui vient faire des visites régulières, la femme est une simple poupée aux côtés de ses trois enfants. Elle n'est que ça ! Pourtant, elle sauve son mari, à son insu, d'un mal pulmonaire en payant en secret un voyage à Naples pour son rétablissement. Pour réunir cet argent, elle travaille...  

"Quartett" Quand la brûlure du désir embrase corps et esprits… - 13/03/2024

Comment sortir indemne d'une telle représentation ? Comment échapper au tir nourri de mots choisis, faisant mouche sans coup férir, tant ils rivalisent de traits d'esprit acérés comme des lames d'épée ? Comment n'être pas bouleversé – et conquis ! – par le jeu cruel de ces deux ex-amants, libertins de haut vol échappés des "Liaisons dangereuses" de Choderlos de Laclos revisitées par Heiner...  
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À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024