La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Théâtre

N°3 : Les bons conseils de Mickaël Duplessis

Suite des billets de notre correspondant depuis Avignon. À vous, chers internautes, de commenter ce que vous avez vu parmi la sélection de Mickaël... Vos appréciations seront les bienvenues !



Dans la jungle du Off… : les a priori positifs.

Un spectacle de rue pendant le Festival Off, Avignon 2011 © Jean Grapin
Un spectacle de rue pendant le Festival Off, Avignon 2011 © Jean Grapin
Le festival est déjà bien entamé et le 14 juillet est souvent une étape déterminante dans le succès ou non d’un spectacle : si ce dernier arrive à être plein jusqu’au 14, en général cela continuera jusqu’à la fin ; à l’inverse, si sa fréquentation n’a toujours pas décollé après le 14 juillet, la compagnie a du souci à se faire. À Avignon, il en est ainsi des réputations, et du fameux bouche à oreille. Car pendant ce mois si particulier, en effet, se met spontanément en place une "bourse aux conseils" où chacun y va de son petit commentaire. Les files d’attentes devant les théâtres sont sans doute les meilleurs endroits pour assister à ce phénomène réjouissant. La communication entre festivaliers semble facilitée par l’ambiance si festive dans la ville : "J’ai vu ça hier, j’ai adoré, je vous le conseille vraiment ! Je vais devoir annuler un autre spectacle pour y aller alors… Celui-là, c’était le coup de cœur d’une de mes amies l’année dernière, il faut réserver, c’est toujours plein. Ma femme ne voulait pas y aller, mais elle a adoré, maintenant elle le recommande à tout le monde ! Vous avez un coup de cœur cette année vous ? J’en ai entendu que du bien de ce spectacle. C’est untel qui me l’a recommandé !", etc.

Participez donc à cette grisante expérience de se fier à des inconnus avec qui vous vous trouverez des atomes crochus le temps d’une file d’attente ! Sinon pour s’y retrouver, après l’indication donnée par les lieux, puis les succès des années passées qui reviennent, voici maintenant comment se forger un a priori positif à partir des noms et du "pedigree" d’une création !

Petite sélection arbitraire de spectacles "pas encore vus, mais qui font envie" :

Spectacle de rue, rue Peyrollerie, Avignon 2011 © Gil Chauveau
Spectacle de rue, rue Peyrollerie, Avignon 2011 © Gil Chauveau
À 10 h 45 à la Luna, c’est L’échange de Claudel, mis en scène par Xavier Lemaire et qui fait Avignon après avoir déjà été programmé au Théâtre Mouffetard à Paris l’an passé. Avec Grégori Baquet, notamment.

À 12 h 20 et à 17 h 45 à l’Espace Saint-Martial, l’excellent Gilbert Ponté s’attaque à un inédit de Dario Fo : Francesco. Joué des mois durant au Théâtre La Bruyère à Paris, le spectacle bénéficie d’une presse unanime.

Au Théâtre de l’Oulle à 13 h 55, nous pourrons effectuer une plongée dans Zweig avec La pitié dangereuse, mis en scène par Stéphane Olivié Bisson, avec notamment Gilles Janeyrand.

À 18 h 20 aux Trois Soleils, Pierre Note présente sa dernière pièce Sortir de sa mère.]b Chaque création de cet auteur-metteur en scène est très remarquée. Celle-ci ne devrait pas déroger à la règle.

À 20 h au Théâtre Buffon, la dernière mise en scène de Thomas Le Douarec qui, certes, n’a pas fait que des chefs d’œuvres, mais après les très réussis Andromaque et Le Cid, il s’attaque aujourd’hui au mythique Dorian Gray.

À 20 h au Girasole Théâtre, nous pourrons entrer dans La Ronde, mise en scène par Marion Bierry (prix SACD 2010) qui avait déjà triomphé pendant un an au Théâtre de Poche Montparnasse à Paris. Avec, notamment, l’excellent Éric Verdin.

Au Théâtre des Carmes à 20 h, rendez-vous immanquable avec l’un des comédiens les plus extraordinaires de notre époque : Philippe Caubère, cette fois au service des textes d’André Benedetto, poète et directeur de troupe si important à Avignon, mort il y a deux ans pendant le festival. C’est Urgent ! Courez !

À 21 h 45 au Théâtre Buffon, Julien Cottereau, l’ancien clown du Cirque du Soleil, présente à nouveau son spectacle de mime Imagine-toi, mis en scène par Erwan Daouphars. Triomphe au Off en 2006, tournée internationale, Molière 2007, tout cela ne présage que du bon…

Au Théâtre du Balcon à 22 h 15, un spectacle de danse contemporaine sur les chansons de Serge Gainsbourg, créé par Octavio de la Roza, l’ancien soliste de Maurice Béjart :Voulez-vous danser Gainsbourg ?

À 22 h 30 au Théâtre du Chien qui Fume, Le cirque des Mirages revient à Avignon pour son cabaret-théâtre expressionniste après un succès l’an dernier et une programmation au Petit Saint-Martin à Paris entre-temps.
>> Lire l'article de Sheila Louinet.

Bon courage dans la lecture du programme, et bonne chasse aux pépites !

Festival d'Avignon, du 8 au 31 juillet.
www.avignonleoff.com

>> N°2 : Les bons conseils de Mickaël Duplessis
>> N°1 : Les bons conseils de Mickaël Duplessis

Et n'oubliez pas de déposer vos commentaires !

Mickaël Duplessis
Vendredi 15 Juillet 2011


1.Posté par Sheila Louinet le 16/07/2011 02:28
Et Thomas Le Douarec a reçu le molière du... "spectacle le plus affligeant".

- Ah? ça n'existe pas ?

- On devrait l'inventer alors !

Mickaël, tu vises juste pour le reste de ta sélection, mais celui-ci, oh non, je le déconseille vivement. Vas-y toujours... je suis sûre que tu en pleureras... de rire : un vrai spectacle, fabriqué sur mesure, pour touristes américains en visite dans la Capitale. Le pire c'est que ça peut marcher ! Oui, affligeant !


2.Posté par Hélène Chu le 16/07/2011 15:09
Vu en famille les Piments Givrés, ludique et joyeux. Un vrai régal, avec en plus des textes qui ont du sens. On le recommande pour les enfants comme pour les grands. En plus, cela donne envie de danser, surtout à la fin avec le reggae. A ne pas manquer... Hélène

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter







À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024