La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.

Appel au soutien du Référé Liberté intersyndical pour la réouverture des lieux de spectacle vivant  14/12/2020

Communiqué émanant de la Fédération des Théâtres Indépendants d'Avignon.

Madame, Monsieur, chères et chers collègues et professionnels du spectacle vivant,

Depuis vendredi 11 décembre, plusieurs organisations de salariés et d’employeurs du spectacle vivant, dont le Syndeac, la SACD, l’association des CDN, l’association des scènes nationales, l’AAFA-Actrices et Acteurs de France Associés, le SNES, le PROFEDIM, etc., se sont associés dans le cadre d’une procédure de référé liberté. Un appel ouvert à toutes les directrices et directeurs d’entreprises culturelles et à tous(tes) les élus(es) qui souhaitent soutenir ce recours en qualité de propriétaires de bâtiments culturels. L’appel a déjà reçu la signature de plus de 500 structures à ce jour.


La Fédération des Théâtres Indépendants d'Avignon, en sa qualité de fédération de lieux privés s'inscrit pleinement dans cette démarche, l'approuve et la soutient.

C'est pourquoi nous faisons suivre ci-après l'Appel à soutien et nous invitons toutes celles et tous ceux qui sont en désaccord profond avec la décision inéquitable du gouvernement de maintenir les salles de spectacle fermées au public à le signer et à le relayer le plus largement possible.

Pour la Fédération des Théâtres Indépendants d'Avignon,
Le Collège Solidaire de la F.T.I.A. :
Sylvain Cano-Clemente (Théâtre du Rempart),
Agnès Chamak (Théâtre des Brunes),
Harold David (Archipel Théâtre),
Fabienne Govaerts (Théâtre Au Verbe Fou),
Pierre Lambert (Présence Pasteur),
Mickaël Perras (Atypik Théâtre),
Anthéa Sogno (Théâtre La Condition des Soies),
Clara Wilkinson (Théâtre Le Rouge-Gorge).

L'appel à signer et à diffuser !

En désaccord profond avec la décision inéquitable du gouvernement de maintenir les salles de spectacle fermées au public après le 15 décembre, nous, directrices et directeurs de compagnies, de théâtres et de structures culturelles, avons décidé de nous engager dès aujourd'hui dans une démarche collective de recours en référé-liberté.

Cette démarche pour la réouverture des lieux d’art et de culture et leur inscription dans la vie quotidienne de la cité est portée par l'ensemble des syndicats de notre secteur, et nous invitons tou.te.s nos collègues à manifester leur adhésion à cette procédure commune.

Par cet appel, nous invitons également les collectivités territoriales qui le souhaitent, à s'associer à ce recours en référé, en leur qualité de propriétaires des bâtiments concernés par ces fermetures.

Pour signer l'appel, cliquez ici :
>> docs.google.com/forms

Fédération des Théâtres Indépendants d'Avignon
56, rue Rempart Saint-Lazare, Avignon.
avignonfederationtheatres@gmail.com
La Rédaction


1.Posté par sisti guy le 20/12/2020 09:51
Grenoble
Le virus et l’artistique…
Cet automne, j’ai assisté à l’une des dernières représentations dans le théâtre de ma ville, juste avant le deuxième confinement et alors que toutes les règles de distanciation étaient déjà en vigueur et respectées.
Un fauteuil de libre entre chaque personne du même foyer, une à dix personnes par foyer.
Cela fait tout de même beaucoup de spectateurs assez rapprochés.
L’entrée dans la salle se fait dans de bonnes conditions car échelonnée. Dès que le spectacle débute quelques masques tombent à l’exemple du couple devant moi qui l’a ôté durant les deux heures de spectacle. Il y a des individus qui se prononcent contre le port du masque considérant que c’est une privation de leur liberté, des « rebelles », des rebelles dans une salle de spectacle ce n’est peut-être pas introuvable. Dans ce cas le masque est utilisé uniquement pour autoriser l’entrée dans la salle.
La fin du spectacle est très délicate. La règle est la sortie du public rangée de fauteuil après rangée.
Ni le personnel, en nombre suffisant, ni la direction du théâtre ne sont en cause, mais rapidement le respect de cette mesure s’est avéré impossible. Nous nous sommes retrouvés les uns contre les autres, blottis dans les rangées de fauteuils puis dans les allées et couloirs de sortie avec toujours quelques visages sans masques, puis de nombreux regroupements devant la salle avec des amis retrouvés pour échanger sur le spectacle.
Oui, outre les déplacements, il y a brassage de population lorsqu’il y a spectacle vivant.
Il semble qu’il y ait une quasi-impossibilité de diriger une foule qui, de manière naturelle, adopte ses propres règles de contrôle, de comportements et tout déplacements et brassages sont autant d’occasions de la circulation du virus.

Je fais partie de cette profession et si je partage totalement l’émotion et le désarroi dans lequel cette épidémie plonge les acteurs de la vie culturelle, je suis attristé par les prises de positions d’une partie de ces acteurs, artistes ou directeurs de théâtres.
Il y a par exemple cette comparaison qui revient sans cesse entre les ouvertures et les fermetures de tel ou tel établissement et commerces : pourquoi eux et pas moi !
Il s’agit d’une comparaison entre foyers de brassage de population qui résulte d’un choix, choix nécessaire, indispensable et je dirai vitale pour limiter la circulation du virus.
Il est très aisé de critiquer les choix lorsqu’on n’a pas à les faire. Dans cette profession on n’aime pas trop le pouvoir (si ce n’est pour son aide financière).
Comme il n’est pas possible d’acheter un jouet pour son enfant dans un théâtre ni une boîte de chocolat pour sa grand-mère, Noël oblige, alors certains commerces qui le permettent sont ouverts. Encore que, certains de nos voisins, l’Allemagne, le Danemark, ferment ces commerces en plus des théâtres jusqu’en janvier.
Certains artistes usent également de leur notoriété allant jusqu’à jouer la victimisation à outrance, se considérant comme maudits, « Nous les inutiles, nous les riens… », en lutte « pour défendre notre droit à continuer de vivre dignement » face à un état aveugle, qui conjugue « l’ignorance à l’absurde »…
Il semble que leur confort intellectuel, ou leur confort tout court, entraînent chez eux une certaine distance avec la réalité.
Cette profession prône, en général, des valeurs de solidarité et elle a prouvé à différentes reprises que ce n’était pas un vain mot. Il est désolant qu’une partie d’entre elle, au moment d’une épreuve terrible comme nous la vivons aujourd’hui, se détourne de ses valeurs et de cette cohésion qui est si nécessaire.
Certains vont jusqu’à saisir la justice pour rouvrir leur établissement ce qui veut dire, quoiqu’ils en pensent, favoriser la circulation du virus. A noter que beaucoup d’entre eux sont des équipements subventionnés qui ne vivent aucune détresse financière.
Quant aux bars et restaurants, qui font partie de l’environnement de ces moments de rencontres et de convivialité, et tout en comprenant le bouleversement qu’ils subissent, il est maintenant bien démontré que les repas sont la cause principale de circulation du virus et donc de contamination.
On peut enlever ses vêtements, se mettre tout nu sur la photo pour imager sa manifestation contre un état « aveugle et qui ne comprend rien », il reste que beaucoup de personnes sont également sans leurs vêtements, sur des lits dans des hôpitaux, ils essaient de respirer, simplement de respirer !

Guy SISTI – Producteur de spectacles, directeur artistique de l’Agora de Saint Ismier – Directeur du Théâtre de Grenoble de 1989 à 2005.

Nouveau commentaire :








À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024