La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Move on over or we'll move on over you" L'histoire des Black Panthers : entre bulle créatrice et vérité historique - 13/12/2023

Trois imprimeurs militants, dans les années soixante, aux USA, Faith, Wisley et John, appelés les Black Panthers Party for Self-Defense, travaillent dans un atelier de sérigraphie. Leur mission : médiatiser la lutte du parti en créant des affiches et en imprimant un journal. Ils réagissent aux différents événements qui scandent la chronologie de leur mouvement. Face aux obstacles successifs qui...  

"Abysses" Lampedusa, son cimetière marin, mon père et moi - 12/12/2023

Cela pourrait être le titre d'une fable de La Fontaine remastérisée dont la morale serait là implicite. Une morale à trouver dans les plis du récit – beau comme peut l'être le tragique porté à son incandescence – délivré par Davide Enia, mis en jeu par Alexandra Tobelaim dans un "théâtre-récit" au flux ininterrompu, interprété corps et âme par Solal Bouloudine, accompagné en live par la guitare...  

"Neige" Une création sensible donnant la place à des paroles féminines à la fois introspectives et universelles - 07/12/2023

Neige est une adolescente de quatorze ans. Elle a hâte de grandir. Sa mère, quant à elle, s'étonne de vieillir. Quand du jour au lendemain, Neige disparaît dans la forêt, il n'y a pas d'autre solution que d'aller la chercher. Personne ne sortira de ce bois comme il en est entré… La nouvelle création de l'autrice et metteuse en scène, Pauline Bureau, inspirée en partie de Blanche-Neige, célèbre...  

"Cendrillon" L'histoire véridique d'une très jeune fille qui ne s'en laissait pas conter… - 30/11/2023

En son temps, dans sa "Psychanalyse des Contes de fée", le psychanalyste Bruno Bettelheim levait un pan du voile recouvrant la fonction thérapeutique de ces histoires traditionnelles où le non-dit essentiel se taille la part du lion. Cinq décennies plus tard, le dramaturge Joël Pommerat s'empare avec une exquise gourmandise des contes ("Le Petit Chaperon rouge", "Pinocchio", "Cendrillon"…) pour...  

"Le chaperon rouge"… Frais, enthousiaste et gourmand ! - 27/11/2023

Créé en 2004, "Le petit chaperon rouge" de Joël Pommerat est le premier d'un cycle de réécriture de contes du dramaturge français composé aussi de Pinocchio (2008) et de Cendrillon (2011). Les deux metteuses en scène et comédiennes Nina Ballester et Nina Cruveiller en proposent une version enthousiaste et sans fioritures. Juste avant la représentation, l'ouvreuse commence à donner les indications...  

"Brisby (blasphème)" Extinction "fabuleuse", vie et mort du monde d'après - 24/11/2023

Si certaines midinettes (tiens, ce mot n'a pas de masculin…) se repaissent encore de contes de fée pour s'évader à bon compte de notre monde délétère truffé d'injustices exponentielles et de guerres exterminatrices, on leur conseille – comme remède universel aux rêveries de pacotille – de se précipiter dans le monde selon "Brisby"… Là, sous des dehors souvent drôles, ce que l'on côtoie, paré d'un...  

"Cœur-Poumon" Un spectacle cœur à corps, sensible et fort comme la vie - 23/11/2023

Mona a besoin de revenir à l'hôpital dans lequel son enfant a été sauvé des années auparavant. Elle décide de retourner dans le service de réanimation de chirurgie cardiaque. Sa mémoire l'entraîne alors dans une chute et nous plonge dans le vertige de son passé. "Cœur-Poumon "est l'histoire d'une réparation : celle du cœur d'un tout petit enfant et, à travers elle, le portrait de ceux qui...  

"Duras-Platini" Morceau d'anthologie culturelle d'où se dégage, subtilement, une idée de la solitude - 21/11/2023

Décembre 1987. La célèbre romancière, Marguerite Duras reçoit Michel Platini, le non moins célèbre joueur de football, champion d'Europe, dans les bureaux du journal "Libé" lors d'un entretien de plus d'une heure. Ils échangent, digressent, s'appréhendent, se découvrent, parlent de football, de littérature, d'Italie, du drame du Heysel et… d'angélisme. Convoquée sur scène, la parole de ces deux...  

"Sitcom" Rejouer le maelström familial, jouir de son "ab-réaction" - 20/11/2023

Qui sommes-nous sinon la somme des influences vécues recomposées comme des tableaux vivants par notre mémoire labile ? Tout récit se prétendant des origines – y compris le premier d'entre eux, "La Bible" – est à prendre comme une fiction à vertu édifiante et (parfois) cathartique. Ainsi de cette "Sitcom" qui, à chaque représentation, tout en suivant une ligne dramaturgique immuable, donne lieu à...  

"Les téméraires"… Les deux faces d'une même lutte ! - 18/11/2023

Dans une très belle pièce qui nous fait remonter à la fin du XIXe siècle avec l'affaire Dreyfus, nous voici face à Zola et Méliès qui, au travers de leur art respectif, ont mené le combat pour la défense du capitaine français – de confession juive – accusé, par calomnie et mensonge, de trahison dans une France aux relents nauséabonds et antisémites. Deux personnages célèbres, Zola (interprété par...  
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À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024