La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Les naufragés"… Tragique et poétique - 20/09/2019

Y a-t-il une vie avant la mort ? Cette question posée dans cette pièce où se joue le tragique d'existences ballottées et esquintées, retrace un monde, celui des sans-abri, dans une mise en scène où parole au micro, François Cottrelle leur rend un vibrant hommage. C'est d'abord un décor avec des planches de bois, vieilles, humides, posées sur du sable, qui frappe par leur présence comme une...  

"Il Loggiato", l'être, l'acteur et le néant ; immersion dans les limbes du théâtre - 20/09/2019

Lorsque après "une si longue absence" - deux très longues années - une femme et un homme se retrouvent (hallucination ou réalité ?) pour questionner les rapports entre création et existence, il flotte autour d'eux une étrange atmosphère. Un peu comme si les limites entre les univers de la réalité et de la fiction s'estompaient magiquement pour devenir caduques, les acteurs et leur personnage...  

"Louise au parapluie" Activisme municipal pour reconquête filiale - 19/09/2019

Le monde a changé… Pour sûr… Louise s'en est aperçu et son métier d'enfileuse de baleines à la manufacture de parapluies paraît désuet face à l'univers numérique, à Internet et ses influenceurs. C'est cette dernière "profession" ô combien digitale qu'a choisie son fils Antoine, ex-sportif devenu Youtuber. Entre eux, c'est comme sur le Web, les relations sont de plus en plus virtuelles, voire...  

"La Fin de l'homme rouge" Une mise à nu rigoureuse, lisible et… terriblement vivante - 18/09/2019

Le règne de l'empire soviétique aura duré soixante-dix ans. Pour un de ces empires bâtis pour l'éternité et qui disparaissent brutalement, c'est à la fois peu et déjà beaucoup. Assez longtemps, pour qu'à l'instant de leur chute, les contemporains restent abasourdis et certains étonnamment nostalgiques. Avec "La fin de l'homme rouge" d'Emmanuel Meirieu, tiré de l'œuvre éponyme de Svetlana...  

"Pour un oui ou pour un non" Un classique toujours aussi inclassable - 14/09/2019

Ils s'appellent H1, H2, H3 et F : trois hommes et une femme, innommés. Comme s'ils n'étaient pas tout à fait des personnages, des personnages entiers, mais plutôt des entités. Représentatifs de quelque chose ou morceaux, bris, débris. Pourtant, à mesure du défilement de la pièce, on découvre bien leurs personnalités, leurs unicités. Même si leurs échanges, leurs conflits mettent plus en jeu leurs...  

"Cent millions qui tombent"… Nouvelle création en cours des Bâtards Dorés - 12/09/2019

"Cent millions qui tombent" de Georges Feydeau, "relu et interprété" par Christophe Montenez et Les Bâtards Dorés. Entretien "entre deux portes" avec le (jeune) sociétaire de la Comédie-Française et ses complices Lisa, Ferdinand, Jules, Manuel et Romain. De jeunes acteurs soudés dans le collectif les Bâtards Dorés s'étant illustré dans "Méduse" - prix du jury et du public du Festival Impatience...  

Dans "La véritable histoire du cheval de Troie" est proposé un véritable avatar du conte ! - 09/09/2019

Guillaume Edé et Claude Gomez (à l'accordéon chromatique) disent la véritable histoire du cheval de Troie. Et pour ce faire, le jugement de Pâris et l'enlèvement d'Hélène, et la guerre qui s'ensuit, et la destruction de la ville, et le massacre de ses habitants, et l'exil des survivants dont le célèbre Énée qui (selon Virgile) à l'issue de son long exil fonda Rome. Le récit tenu par le spectacle...  

" Melone Blu" Est posée par le biais du théâtre la question centrale de la valeur - 05/09/2019

Dans "Melone Blu", conte écologique (et théâtral) de Samuel Valensi, les Felice Verduro exploitent, de père en fils, des ressources naturelles inépuisables. Ce Melone Blu, cette plante merveilleuse, cette panacée qui assure la richesse de toute la région. Ingénieux dans les méthodes, chacun de la lignée œuvre pour épargner du labeur à ses descendants. Accroissant et multipliant les savoir-faire...  

"Macbeth (the notes)" Quand l'acteur est l'instrument du poète - 02/09/2019

Voilà cinq ans, David Ayala et Dan Jemmett, fins connaisseurs de Shakespeare, créaient "Macbeth (the notes)", spectacle conçu comme une réduction de cette pièce infernale et insensée qui, de l'aveu même de l'auteur, se révélant à cet égard plein d'humour et d'orgueil, n'est qu'"un récit plein de bruit et de fureur raconté par un idiot, qu'à un moment, on n'entend plus et qui ne signifie rien". Ce...  

La machine de Turing… Sexe et secret d'État - 09/08/2019

La pièce de Benoît Solès, dans une mise en scène qui mêle narration et temps présent, met en lumière la vie d'un savant dont l'Histoire avait oublié les faits d'armes ayant permis d'accélérer la victoire des alliés durant la Seconde Guerre mondiale. Alan Turing (1912-1954) est peu connu du grand public. Il fut le quasi-inventeur de l'informatique en y créant ses prémisses avec la machine de...  
1 ... « 43 44 45 46 47 48 49 » ... 117






À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024