La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Théâtre

"Nous aimerons-nous ?", des combinaisons d'éléments infinies… pour une histoire qui s'improvise

"Nous aimerons-nous ?", Théâtre Le Funambule Montmartre, Paris

Reprise C’est dans un lit cage qu’ils se réveillent. Ils ont manifestement partagé un instant de fusion et de confusion amoureuse et se retrouvent évidemment dans de beaux draps. Partenaires d’un instant, l'homme et la femme redescendent sur terre, retrouvent le sens des réalités.



© Jean-Baptiste Chauvin.
© Jean-Baptiste Chauvin.
Ils décident en temps réel de leur présent et de leur avenir tout juste encore indicible. Vont-ils tourner en rond ? Se jauger, se mesurer l’un à l’autre ? Se taper la tête contre les murs, fuir, ou vont-ils s’enlacer sans se lasser, nouveaux tourtereaux, nouveaux inséparables? Duo ou duel ?

La pièce "Nous aimerons-nous ?" est totalement improvisée. Rien n'est écrit. À chaque représentation, avant le lever de rideau, les spectateurs ont dicté à chaque comédien quelques règles de comportement, imposé des contraintes, précisé quelques éléments bien concrets de la vie des personnages. Les panoplies des costumes elles-mêmes ne sont livrées qu'au dernier moment.

La combinaison des éléments reste infinie. L'histoire s'improvise. Chaque représentation est singulière et unique. Les comédiens en toute liberté créent les dynamiques, enclenchent les destinées. Avec leurs malentendus, avec l'action de la ruse, celle du mensonge, du jeu de cache-cache. Et l'irruption du facteur hasard. Car il y a toujours un facteur hasard. Comme dans la vraie vie.

© Jean-Baptiste Chauvin.
© Jean-Baptiste Chauvin.
Pour Véronic Joly et Olivier Descargues, l’entreprise est tonique, stimulante, exaltante. Le moins que l’on puisse dire est qu'ils tiennent la gageure de haute volée car, dans tous les cas de figure, dans la virtuosité et la sincérité, ils font face aux adversités, à la nécessité, résistent aux contraintes, déjouent les mensonges, tirent parti des forces et des faiblesses. Tous deux tricotent la trame des sentiments, concrétisent le meilleur du drame ou de la comédie au fil des jours, élaborent les mille et unes variations d’un même "t’aime".

Le suspens est maximal, l’aventure totale, la réussite immense. À la mesure de l’amour du théâtre, la joie de jouer dont font preuve ces deux comédiens.

Étonné et réjoui, le spectateur, découvre en miroir le rêve du public dont il partage le hasard complice et ne souhaite qu'une chose : c'est de revenir et de découvrir encore et encore une nouvelle histoire.

"Nous aimerons-nous ?"

© Jean-Baptiste Chauvin.
© Jean-Baptiste Chauvin.
Conception : Olivier Descargues.
Mise en scène : Olivier Descargues.
Avec : en alternance, Véronic Joly et Olivier Descargues, et Cécile Giroud, Yohann Metay, Richard Perret, Sarah Zetiou, Bruno Gare.
Création lumière : Vincent Tudoce.
Création son : Solange Fanchon.
Scénographie et Costumes : Gabriel Loti.
Par la Compagnie Cadavres Exquis.
À partie de 12 ans.
Durée : 1 h 15.

Du 24 janvier au 3 mars 3019.
Jeudi 24 , vendredi 25 et samedi 26 janvier à 19 h 30,
jeudi 31 janvier, vendredi 1er et samedi 2 février à 21 h,
jeudi 7, vendredi 8 et samedi 9 février à 19 h 30,
jeudi 14, vendredi 15 et samedi 16 février à 21 h,
jeudi 21 janvier, vendredi 22 et samedi 23 février à 19 h 30,
vendredi 1er et samedi 2 mars à 21 h.
les dimanches à 16 h.
Théâtre Le Funambule Montmartre, Paris 18e, 01 42 23 88 83.
>> funambule-montmartre.com

Première publication : 18 février 2017.

Jean Grapin
Mercredi 23 Janvier 2019

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter







À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024