La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Coulisses & Cie

"Melone Blu"… Conte écologiquement responsable

Si la pérennité de la planète et la vie future de nos enfants nous importent, obligation nous est faite de réduire de manière conséquente notre utilisation de matières polluantes comme le plastique et d'avoir une attitude écoresponsable, notamment en pratiquant la récupération et en usant de matériaux recyclés. Conte écologique, "Melone Blu" montre l'exemple et ses créateurs jouent la cohérence en ayant des pratiques adaptées aux enjeux environnementaux qui nous préoccupent aujourd'hui.



"Melone Blu", répétition au Théâtre © Cie La Poursuite du Bleu.
"Melone Blu", répétition au Théâtre © Cie La Poursuite du Bleu.
Fable miroir de nos préoccupations actuelles, "Melone Blu" (comprendre "melon bleu", of course !) est une histoire - du progrès et de ses conséquences - qui naît de la découverte puis de la culture d'un fruit aux vertus quasi miraculeuses… se déroulant sous le "règne" de trois générations qui, tout au long de leur vie, vont aggraver certaines erreurs commises par leurs aïeux. Mauvais choix, mauvaises décisions, appât du gain, robotisation, prise de conscience trop tardive… Agriculture/utopie, technologie/progrès et péril/remise en question, trois phases qui vont profondément transformer l'île bleue et modifier le destin des hommes.

Ces trois dramaturgies à l'envergure et à l'urgence universelles - bien que fictionnelles, elles s'inscrivent dans notre réalité - composent et structurent la nouvelle création de Samuel Valensi, conte écolo, alarmant, mais qui joue sur le merveilleux pour mieux éclairer un monde qui aspire au changement.

Samuel Valensi et Julie Mahieu, scénographe © Cie La Poursuite du Bleu.
Samuel Valensi et Julie Mahieu, scénographe © Cie La Poursuite du Bleu.
Mais ce dernier ne doit pas être une simple posture théâtrale, c'est du moins la conviction de la Cie La Poursuite du Bleu (fondée en 2014 par Samuel Valensi) qui entend dire mais aussi faire. Les membres de la compagnie pensent que les récits peuvent changer le monde… En éveillant les consciences à travers une œuvre et en appliquant les principes qui émanent de celle-ci à eux-mêmes, actions pouvant alors avoir valeur d'exemple de cohérence pour les spectateurs "récepteurs".

Pour ce spectacle, l'équipe a donc pris plusieurs engagements dont certains se sont déjà concrétisés. C'est le cas pour la réalisation de la scénographie et pour la fabrication des costumes. "Dans mon cahier des charges, je me suis imposée de ne pas utiliser de plastique, très peu, voire pas du tout de matériaux neufs, pas de produits chimiques et de privilégier la récupération", indique Julie Mahieu, scénographe. Face à ce postulat de départ, le pari à gagner n'était pas simple, les fournisseurs n'existant pas forcément pour accompagner ce type de démarche… et c'est souvent le système D qui prévaut dans ces cas-là.

Sabine Schlemmer, costumière © Cie La Poursuite du Bleu.
Sabine Schlemmer, costumière © Cie La Poursuite du Bleu.
Pour autant, Julie Mahieu ne s'est pas démontée : "Pour les constructions de base du décor, nous sommes passés par la location pour avoir les structures en métal. Nous ne les avons pas construits nous-mêmes et donc aucune consommation de matériaux. Pour ce qui est de la récupération, cela nécessite une réelle capacité d'adaptation. Il fallait que je m'accommode de ce que nous pouvions avoir et je redessinais souvent le projet en fonction de ce que nous trouvions. Mais c'est bien, car cela stimule la création et on a toujours envie de trouver des solutions. On crée en même temps un réseau qui va nous aider à nous procurer des produits ignifuges bio ou des matériaux de construction bio."

C'est la même voie qu'a suivie Sabine Schlemmer, costumière, pour la réalisation de l'ensemble des costumes du spectacle. N'ont été utilisés que des matières "bio sourcés", récupérés ou recyclés. Dans une même logique durable, aucune matière plastique ne sera utilisée au cours de la création ; tous les trajets de la compagnie sont neutralisés en matière d'émissions carbone grâce à la plantation d'arbres ; tous les supports de communication et toutes les impressions nécessaires au travail de la compagnie devront être "bio sourcés", biodégradables, voire utilisables comme semences biologiques ; et lors de ses résidences, la compagnie a adopté un régime alimentaire durable.

© Cie La Poursuite du Bleu.
© Cie La Poursuite du Bleu.
Au-delà de la scène, d'autres engagements ont été pris dont la replantation de milliers d'arbres via la billetterie avec Reforest'action (entreprise à vocation sociale fondée en 2010) ; le spectacle financera des formations à l'agroécologie via un partenariat avec l'association Fermes d’Avenir ; des débats théâtralisés auront lieu, après certaines représentations, entre les spectateurs, des spécialistes reconnus sur les questions environnementales (agriculture et alimentation, rôle de l'arbre, etc.) proposant des solutions concrètes et les personnages de la pièce incarnés par les comédiens.

Rencontres théâtralisées les dimanches après la représentation avec l'équipe artistique et les spécialistes :
8 septembre : L'agriculture et l'alimentation comme leviers. Avec la participation de Pierre Pageot (Groupe SOS Transition Écologique) et de Florent Guhl (Agence BIO).
15 septembre : Le rôle de l'arbre. Avec la participation de Jules Castro (PUR Projet/Arbres d'Avenir). En partenariat avec Reforest'action.
22 septembre : en cours.

"Melone Blu"

© Cie La Poursuite du Bleu.
© Cie La Poursuite du Bleu.
Écriture et mise en scène : Samuel Valensi.
Le texte est édité à l'Avant-Scène théâtre sous le titre "La Merveilleuse histoire de Melone Blu".
Avec : Brice Borg, Michel Derville, Paul-Éloi Forget, Emmanuel Lemire, Valérie Moinet, Alexandre Molitor, François-Xavier Phan, Maxime Vervonck.
Scénographie : Julie Mahieu, assistée de Capucine Brisset.
Costumes : Sabine Schlemmer, assistée de Nathalia Galina.
Création Lumières : Ludovic Heime et Julie Lorant.
Création musicale et sonore : Léo Elso et Julien Lafosse.
Création Motion Design : Alexandre David.
Communication : Laureen Bonnet.
Production : Cie La Poursuite du Bleu, Mehdi Boufous et Samuel Valensi, assistés d'Isabelle Trofleau.
Durée : 2 h sans entracte.

Du 3 au 22 septembre 2019.
Du mardi au samedi à 20 h, dimanche à 16 h.
Théâtre 13/Seine, Paris 13e, 01 45 88 62 22.
>> theatre13.com
>> lapoursuitedubleu.fr

Gil Chauveau
Dimanche 1 Septembre 2019

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter







À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024