La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Danse

"Corps extrêmes"… Tout en exploit ! - 22/06/2022

Le chorégraphe Rachid Ouramdane convie, dans sa création, récits et vidéos pour mettre en parallèle les mondes du slackline, de la varappe et de la danse. Accompagnés de mélodies musicales, les danseurs investissent une paroi rocheuse au travers d'une gestuelle parfois acrobatique en compagnie d'un funambule de l'extrême. Cela démarre par une vidéo avec Nathan Paulin qui traverse sur un simple...  

"De l'une à l'hôte" Une chaise pour deux… concerto en sol (in)hospitalier - 16/06/2022

Si, dans "Une chambre à soi", la romancière Virginia Woolf délivrait un pamphlet féministe pour dénoncer avec finesse la lourdeur épaisse du patriarcat, la comédienne Violaine Schwartz et l'acrobate Victoria Belén, offrent une chorégraphie parlée toute aussi subtile pour porter, sur une scène mise à nu, les actes de l'(in)hospitalité vécue. Autour d'une chaise, territoire stratégique, vont se...  

Tânia Carvalho et le ballet national de Marseille… Toute une poétique en poésie - 26/05/2022

Dans une trilogie artistique, la chorégraphe portugaise, Tânia Carvalho, marie danses classique et contemporaine dans des rythmes où le mouvement devient parfois presque statuaire. Le silence et la musique accompagnent les gestiques tout en beauté donnant souvent l'impression d'avoir des peintures humaines. Sans bruit, juste un souffle pour être porté vers la scène, une danseuse entre, le tronc...  

Venezuela… Une fresque dansée différente et rayonnante ! - 20/05/2022

Dans une création fleuve d'Ohad Naharin, la diversité est l'étendard qui porte l'œuvre. Au travers de musiques et de chansons très variées, de chorégraphies tout aussi foisonnantes, le chorégraphe marque son empreinte et son ouverture au monde en revendiquant la pluralité des pensées par le biais du monde des arts. La Batsheva Dance Company existe depuis 1964 et a été créée par Martha Graham...  

"La Zone" Corps à corps avec l'impensable, une histoire russe - 27/04/2022

Quand on est d'origine russe (et ukrainienne par sa famille), que l'on souffre au plus profond de soi des exactions meurtrières d'un tyran qui, après avoir envahi la Crimée en 2014, s'en prend désormais à l'Ukraine dans une politique de terre brûlée et d'extermination ciblée des civils, de quelle arme dispose-t-on pour dire l'impensable de la folie humaine ? Nadia Larina, chorégraphe et danseuse...  

"Contemporary dance 2.0"… Clubbing virevoltant ! - 06/04/2022

C'est une immersion dans l'univers des boîtes de nuit à laquelle nous convie Hofesch Shechter. Autour de ses compositions ainsi que celles de Jean-Sébastien Bach, mais également de Frank Sinatra et Claude François, ses chorégraphies s'enchaînent dans des rythmes effrénés où les corps des artistes deviennent un mécanisme précis et huilé où le geste est autant créatif que robotique. Le rideau se...  

"Le clavier bien tempéré" Un Baroque bien contemporain ! - 21/04/2022

Voilà un mariage très audacieux entre Bach et la danse contemporaine. Le pianiste français Pierre-Laurent Aimard accompagné des artistes japonais Teshigawara et Sato nous dévoilent, au travers de leurs arts respectifs, une création majeure du compositeur allemand où les notes font un écho superbe aux gestiques. Sur scène est un long piano noir avec lequel le pianiste Pierre-Laurent Aimard...  

"ab [intra]" Véritable somme d'énergie artistique intérieure ! - 29/03/2022

Forte de ses dix-sept danseurs, Sydney Dance Company, dirigée par Rafael Bonachela, offre un spectacle alliant danses classique et contemporaine autour d'une exploration de l'âme humaine dans des clairs-obscurs où tout l'ensemble de la compagnie australienne s'engouffre. Ombres et lumière sur scène avec des clartés blanches et noires qui oscillent, comme les rythmes, entre vivacité et suspensions...  

"100 % Cuban"… Un régal… à la découverte de la culture cubaine ! - 16/03/2022

Autour de sept chorégraphes, cinq créations et quatorze danseurs, le Théâtre national de Chaillot met à l'honneur Cuba avec la compagnie Acosta Danza créée par Carlos Acosta. C'est un voyage mêlant des mythes, la Santeria, des langues folkloriques et contemporaines, un vieux chant de prières Yoruba, la littérature cubaine anti-esclavagiste et une ballade au bord de mer sur le malecón de la...  

"Oneironaut"… Ça décoiffe ! - 11/03/2022

Dans le cadre de la saison France - Portugal 2022, la danse, la musique et les rêves s'invitent dans la création de Tânia Carvalho. La chorégraphe portugaise déploie une liberté de tons bousculant les codes où l'art devient une expression autant corporelle que psychique dans sa création onirique. Cela démarre au piano avec une pianiste de dos qui, finalement, s'avère être un homme habillé en...  
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À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024