La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Danse

"Les jolies choses" Sur le chemin d'une nouvelle forme de liberté des corps - 11/12/2023

Dans sa très belle création qui date de 2022, la chorégraphe Catherine Gaudet nous plonge dans une relation à soi-même, à l'espace et à l'autre. Dans ce triptyque, nous sont présentés, accompagnés d'une musique métronomique des plus enivrantes, cinq danseurs quasi installés dans un parterre de laboratoire afin de se découvrir au travers de mécanismes automatiques dont ils finissent par se...  

"One shot"… Délice de danses urbaines ! - 06/12/2023

Dans une superbe représentation où l'ombre tutélaire d'Osmane Sy reste encore très présente, le chorégraphe français a créé, dans ce spectacle, un mariage de danses urbaines qui offre un kaléidoscope de gestiques où la personnalité de chaque artiste devient surtout l'aiguillon de sa propre expressivité. Place à huit femmes qui investissent la scène avec un DJ déjà présent (Sam One DJ ou DJ SP...  

"Matière(s) Première(s)" Six personnages en quête de leur vérité - 05/12/2023

Leur identité, ils l'ont exaltée par des noms de scène – Barro Dancer, Mademoiselle Do', Willy Kazzama, Black Woman, Salifus, Esther –, ces six superbes danseurs (trois filles et trois garçons) portant fièrement, sur eux et en eux, leurs origines africaines. Comme si, pour raconter l'histoire tourmentée de leur continent, ils éprouvaient le besoin de revêtir une dimension dépassant celle de leur...  

"Sur le fil"… Un temps suspendu où tous les contraires s'unissent - 29/11/2023

Dans le cadre du Festival d'Automne 2023, créé en 1972 et se déroulant jusqu'au 11 février 2024, nous retrouvons Nacera Belaza, artiste associée à Chaillot. La chorégraphe et danseuse franco-algérienne a posé ses ballerines pour deux spectacles dans ce lieu. Dans "Sur le fil", lumière, noir et espace nu délimitent une aire de jeu où le manque de prise à une réalité, porté par une répétition à...  

"Requiem - La mort joyeuse" Viva la vida ! Dansons avec nos morts… - 08/11/2023

Huit jours avant de passer de vie à trépas, l'artiste mexicaine Frida Kahlo peignait une nature morte éclatante de vie où, en grands caractères sur le rouge vif d'une tranche de pastèque, pour l'éternité elle écrivait : "Viva la Vida !"… La chorégraphe Béatrice Massin s'empare quant à elle avec gourmandise du "Requiem" de Mozart pour, avec une grâce océanique, composer un ballet éclatant des...  

"Fuck me" Art, désir et volupté ! - 26/07/2023

C'est la 34e édition du festival Paris l'été. Créé en 1990 par Patrice Martinet et anciennement nommé "festival Paris quartier l'été", il tient toujours le haut du pavé avec une programmation qui compte à ce jour plus de 2 000 représentations dans 150 lieux différents de la capitale. Riche de 18 propositions cette année, brassant toujours des œuvres internationales, focus est fait sur "Fuck me",...  

"Static shot" Précision poétique contemporaine au Louvre ! - 19/07/2023

Nouvelle édition du festival Paris l'été qui se tient du 10 au 30 juillet dans différents lieux de Paris, dont le Louvre, le lycée Jacques Decour ou La Villette. Autour de dix-huit propositions, la palette est éclectique comme à chaque fois où se mêlent installation, théâtre, cirque, musique et danse dans un large spectre d'horizons artistiques différents. La musique démarre doucement. Les...  

"Nederlands dans theater" Duo de toute beauté ! - 22/06/2023

Dans deux styles différents, en écho à la richesse artistique du monde du geste et de la musique, les chorégraphes Johan Inger et Nadav Zelner, respectivement suédois et israélien, offrent, chacun dans leur création, automatisme, vivacité et sensualité dans une approche où, pour le premier, la gestuelle peut être autant physique que retenue quand, pour le second, elle est avant tout signe d'une...  

"Momo"… riche, ouvert et subtil ! - 31/05/2023

Connu internationalement pour ses créations et travaux artistiques, ayant donné aussi naissance à la Gaga dance, Ohad Naharin est à la tête de la Batsheva Dance Company depuis 1990 après y être entré en 1974 en tant que danseur. Dans sa dernière œuvre qui donne à voir une nuance et une richesse chorégraphique en accord avec ses prises de positions politiques, le chorégraphe israélien mêle...  

Suites absentes… présences tout en décalé - 26/05/2023

Dans une création qui mêle compositions de Bach, danse et mime, l'absurde trône en présence d'un bouc. D'un récital de musique classique, la situation échappe à son interprète qui la reprend en la détournant de son but initial. Tout est ainsi décalé et le chorégraphe-danseur Pierre Rigal nous invite dans un voyage de déconstruction où les convenances sociales sont bousculées et où le paraître...  
1 2 3 4 5 » ... 17






À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024