La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Avignon 2021

•In 2021• Liberté, j'aurai habité ton rêve jusqu'au dernier soir Que la poésie est belle quand elle est incarnée… - 18/07/2021

Dire qu'un vent de liberté soufflait sur la Cour Montfaucon de la Collection Lambert serait assez dérisoire eu égard au tsunami impétueux qui y déferla, emportant comme fétu de paille les feuillets que la présentatrice modèle - très appliquée mais peu impliquée politiquement, ou alors version voix de son maître - de l'émission littéraire à succès "À mots nus" avait consciencieusement préparés....  

•In 2021• Liebestod - Histoire(s) du Théâtre III Mourir d'aimer… Aimer jusqu'à la déchirure, quand bien même devrions-nous en mourir… - 17/07/2021

"El olor a sangre no se me quita de los ojos/l'odeur du sang ne me quitte pas des yeux" (Francis Bacon) - "sous-ligne" à plus d'un titre ce qui va suivre… Un brûlot où s'entrecroisent l'hommage brûlant au toreo Juan Belmonte, omniprésent sous la forme d'un taureau noir monumental se détachant sur les couleurs "jaune rouge orangé" de l'arène ; et le goût de la performeuse catalane pour un théâtre...  

•In 2021• La dernière nuit du monde Frères humains qui après nous vivez… mais où sont les neiges d'antan ? - 16/07/2021

Convoquer la poésie de François Villon, datée de six siècles auparavant, pour évoquer le sujet transhumaniste au cœur de la fiction envoûtante (terrifiante) de Laurent Gaudé, mise en jeu par Fabrice Murgia, pourrait paraître pur anachronisme… Et pourtant… Sur une scène enneigée soumise aux aléas d'un "temps" déréglé - les flocons artificiels se mêlent ce soir-là à la pluie tombant sur les deux...  

•In 2021• Des Territoires - Trilogie Épopée contemporaine au souffle homérique - 15/07/2021

Sept heures durant, en trois séquences animées par le souffle propre aux poèmes antiques, les évènements - trois jours de la vie d'une fratrie ayant passé sa jeunesse dans un modeste pavillon résidentiel "avec vue" plongeante sur la banlieue d'Avignon - vont se précipiter sur un plateau transformé en aire de jeux cruels, joyeux, humains, l'existence dans tous ses états. Confrontés à...  

•In 2021• Kingdom Rêve et folie… il y a quelque chose de pourri au royaume… - 14/07/2021

Les auteurs et autrices se caractérisent - avant même les sujets qui les "pré-occupent" - par une écriture qui leur est propre. Celle d'Anne-Cécile Vandalem ("Tristesses", "Arctique") est reconnaissable entre toutes… Personnages immergés dans une atmosphère inquiétante flottant entre réel et fiction, tableaux nimbés de lumières inspirées de "La nuit américaine" de François Truffaut. Écriture à...  

•Off 2021• Premier amour Jean-Quentin Châtelain se donne corps et âme pour le personnage inventé par Samuel Beckett - 14/07/2021

Texte de jeunesse de Samuel Beckett écrit en 1945 - il a alors 39 ans -, "Premier Amour" sera publié un quart de siècle plus tard. C'est également le premier texte d'envergure qu'il écrivit directement en français. Sa forme s'apparente autant à la nouvelle qu'au monologue, car on y suit de l'intérieur la vie et les pensées les plus libres d'un narrateur qui pourrait posséder de nombreux points...  

•In 2021• Y aller voir de plus près Maguy Marin nous mène en trière… Invitation au voyage (au bout de la nuit)… - 13/07/2021

"Là, tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté", écrivait Charles Baudelaire dans son "Invitation au voyage"… Des rivages du Péloponnèse où la guerre gronde avant de faire rage entre les Cités, aux conflits récurrents traçant l'histoire de l'Humanité et venant s'inviter dans la trame narrative, tout sur le plateau de Maguy Marin n'est qu'agitation fébrile et bruit de bottes,...  

•In 2021• Fraternité, Conte Fantastique Et pourtant elle tourne !? Tragi-comédie en devenir… - 13/07/2021

Galilée en son temps fut taxé d'hérésie par l'église obscurantiste pour excès de foi scientifique. Depuis, le fait que la Terre tourne autour du Soleil ne suscite guère controverse… Foin de nos certitudes scientistes. Si, par un incroyable (?) accident céleste causé par on ne sait quel perturbateur universel, elle s'arrêtait de tourner rond, faisant disparaître comme par désenchantement la moitié...  

•Off 2021• Le cabaret des absents Pousser grand les portes d'un théâtre, lieu de tous les possibles… - 11/07/2021

François Cervantes, connu pour la passion qu'il voue aux vies minuscules, n'a de cesse d'explorer le monde océanique des vivants ordinaires. Après son poignant "Prison possession" et son non moins engagé "Le rouge éternel des coquelicots", il poursuit sa recherche du temps contemporain en l'orientant vers les exclus des lieux culturels. Ces existences grises que l'on ne remarque pas. Ou alors si...  

•In 2021• Entre chien et loup Le loup est dans la bergerie… et la bergerie un repaire de loups… - 11/07/2021

Lorsque de Paris, en 1641, le philosophe Thomas Hobbes en exil volontaire écrivait "L'homme est un loup pour l'homme", il épinglait la guerre civile qui allait déchirer de l'intérieur son pays, l'Angleterre. Lorsque Christiane Jatahy, née à Rio de Janeiro, elle aussi en exil assumé en France, propose en 2021 à Avignon "Entre chien et loup", elle dénonce a priori les dérives fascisantes de son...  
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À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024