La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Avignon 2019

•Off 2019• Ventre Une montée à la conscience de l'amour - 04/07/2019

Tabernak ! Faut il qu'il s'aiment, ces deux-là, pour se déchirer comme ça ! Assurément, ce couple venu du Québec vit en état de choc. En voie de désintégration, leur couple ! Avec "Ventre" de Steve Gagnon, mis en scène par Vincent Goethals, les relations prennent une forme torrentueuse, tumultueuse, un orage tropical qui, de crises de moi en crises de crise moi-moi, avance vers le gouffre. Au...  

•Off 2019• Mireille… Un esprit libre qui donna un air de printemps à la chanson - 03/07/2019

Qui connaît Mireille aujourd'hui ? Pas grand monde sans doute ! À part quelques seniors ou passionnés de chansons de qualité… ou bien Alice Dona, Hugues Aufray, Françoise Hardy, Alain Souchon, Daniel Prévost, ou encore Yves Duteil pour être passés dans les mains perspicaces, bienveillantes mais...  

•Off 2019• Moi Bernard Un mirage intérieur de l'interprète, une passion partagée - 03/07/2019

Le spectacle "Moi Bernard", conçu et interprété par Jean de Pange, est uniquement fondé sur la correspondance privée de Bernard Koltès. Et laisse découvrir un personnage très éloigné des excès du personnage public. La scène vouée à une forme de conférence se déroule devant derrière la table, entre l'image projetée et le livre. Ce dispositif donne toute sa force au jeu qui appuie toutes les...  

•Off 2019• On voudrait revivre Entrée en Poésie pleine de tact… et hommage au Poète - 03/07/2019

Tout commence dans une obscurité bienveillante, dans l'intimité apaisante des diodes belles comme des étoiles dans la nuit. Il y a le magnéto à bandes, la sono, le micro, les guitares mythiques, les claviers fidèles compagnons. Chloé Brugnon met en scène "On voudrait revivre" pièce écrite à trois mains à partir des textes de Gérard Manset. Et le comédien (Maxime Kerzanet), sur son cube de bois,...  

•Off 2019• Trajectoire, un triptyque de Marine Mane, recherche d'un geste primordial - 02/07/2019

Marine Mane présente trois pièces, "À mon corps défendant", "Atlas" et "Santa Muerte". Trois performances-danses, trois œuvres passionnantes qui partent à la recherche de l'espace et du temps, avec pour seul appui le corps du danseur et le dépassement conscient de ses limites. Chaque pièce impose comme un carcan, un ensemble de balises, une grammaire de signes à atteindre et offre sur le plateau...  

•Off 2019• Le Petit boucher Fragilité et force de l'enfance meurtrie - 01/07/2019

C'est dans l'espace scénique du "Petit boucher" de Stanislas Cotton, mis en scène par Agnès Renaud, comme une chambre de tissu blanc, une cabane, un abri, une boîte, un refuge, une tente, on ne sait… Tenue par des bouts de ficelles (haubans frêles) avec leurs tensions et leurs flottements, cette boîte accueille les rêves et les cauchemars. Elle concentre les forces. Le personnage Félicité (Marion...  

•Off 2019• Les Imposteurs Comme un rêve de rapports humains - 30/06/2019

Dans "Les Imposteurs" d'Alexandre Koutchevsky mis en scène par Jean Boillot, d'une certaine manière, il n'y a pas de public, pas de rampe qui sépare, pas de tréteaux, l'espace est une aire de plain-pied délimitée par quatre lignes de chaises… … Il rassemble un groupe de participants écoutant ceux qui prennent l'initiative de parler d'eux-mêmes, qui racontent ce qu'ils sont, de simples comédiens,...  

•Off 2019• Antioche… Contradictions contemporaines… entre confort matérialiste et exaltation romantique - 29/06/2019

L'histoire se passe au Québec. Dans "Antioche" de Sarah Berthiaume, Antigone est une adolescente un peu foutrac, qui fait un peu n'importe nawak avec son djin troué et sa toga praetexta. Normal, elle voudrait jouer Anouilh et son Antigone, et articuler parfaitement le Français standard plutôt que jouer les fièvres du samedi soir… … Quant à sa copine Jade, elle ne vaut pas mieux qui s'emmure dans...  

•Off 2019• Vies de papier Un road-movie immobile, une épopée de l'autodérision - 28/06/2019

Leur tournée passe par Avignon. Il faut aller voir Benoît Faivre et Tommy Laszlo et leur manière de rendre palpitant l'examen d'un album-photos anonyme et intrigant trouvé dans une brocante belge… Dans "Vies de papier", ces documentaristes, ces nouveaux Dupond et Dupont mènent une enquête qui, par étapes, avec ses impasses, ses indices, ses objets déconcertants, toutes ces miettes d'un passé...  

•Off 2019• Qui va garder les enfants ? La parité, en politique comme ailleurs… ce n'est pas gagné ! - 25/06/2019

Découvert avec "Sortie d'usine", un récit immersif sur le monde ouvrier, Nicolas Bonneau poursuit son travail de collectage, enquêteur patient et curieux, pour découvrir le quotidien et les problématiques des femmes politiques, de gauche comme de droite, et, par effet de ricoché, met en évidence la disparité non résolue dans les cercles du pouvoir (mais pas que !) où règne encore et toujours la...  
1 ... « 2 3 4 5 6






À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024