La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Avignon 2018

•Avignon Off 2018• "Possession" explore ce vide où l'art marionnettique montre sa toute puissance - 05/07/2018

Quelquefois, la voix d'un lecteur se retrouve pleinement présente dans la voix du scripteur et le lecteur, dans une dimension d'hallucination totale, peut instruire un procès en plagiat par anticipation. Ainsi en est-il d'Antonin Artaud face au Jabberwocky, ce poème de Lewis Carrol tout en mots-valises qu'Alice doit lire dans un miroir car il est imprimé à l'envers. Dans "Possession", la...  

•Avignon Off 2018• "Pulvérisés", théâtre coup de poing, accompagnant les épuisements et les montées d'énergies - 04/07/2018

Jet lagués, écartelés, toujours en escale, de Shanghai, de Dakar, de Lyon, de Bucarest, de la chambre d'hôtel à la salle de séminaire, tout en performance, tout en sourire. Nomades, gyrovagues. Forcés. Épuisés. Dans "Pulvérisés", les travailleurs de l'entreprise mondialisée sont montrés sans fard. Le dispositif est réduit à deux podiums qui se croisent et sépare le public en quatre quartiers. Il...  

•Avignon Off 2018• "L'Établi"… Chronique d'un avant mai 68 où des intellectuels militants côtoyèrent les masses ouvrières - 30/06/2018

Il y a 50 ans éclatait mai 68, il y a 40 ans paraissant "L'Établi", il y a 25 ans naissait la Cie du Berger. Et en 2018, retour sur une expérience ouvrière peu ordinaire, oublié, mais à l'intérêt documentaire pertinent - et plein d'enseignement - en ces temps de dislocation syndicale, de désagrégation sociale sur fond de libéralisme exacerbé. C'est la proposition de la compagnie du Berger, troupe...  

•Avignon Off 2018• Une forme de miroir contemporain avec ses diaboliques bobards… façon fake news - 30/06/2018

"Le Maître et Marguerite" de Mikhaïl Boulgakov, c'est Dostoïevski, Gogol et Tchekhov réunis. Un roman qui est un désir de théâtre. Désir qu'Igor Mendjinsky exauce avec talent dans l'adaptation qu'il propose. C'est une nuit de pleine lune, une nuit de plein été, et dans Moscou, certains, nombreux, rencontrent des chats qui parlent. Un homme meurt décapité par un tramway, une jeune femme meurt à...  

•Avignon Off 2018• "Barbara amoureuse"… Ah qu'il est doux le temps des amours - 22/06/2018

Chanter l'amour comme une femme, chanter l'amour de toutes les femmes, et interpréter celle qui sut tant aimer les hommes ainsi que son public. Dans une belle et élégante simplicité, Caroline Montier nous offre quelques joyaux mélodiques et poétiques de la grande Barbara, éternelle amoureuse. Parti-pris judicieux, Caroline Montier a puisé dans le répertoire de jeunesse de la dame en noir, époque...  

•Avignon Off 2018• Toute recherche sur la condition de l'homme passe nécessairement par l'épreuve du rire - 14/06/2018

Quarante ans de présence maternante de la mère, et de fables apprises soumises à l'épreuve de vérité de la vie, vingt ans de psychanalyse et autant d'enseignement difficultueux, les deuils et les amours n'auront pas suffi. L'homme décrit par Régis Vlachos est toujours assailli par le doute terrible, asséné avec aplomb. Un doute sur lequel s'amoncelle tout un faisceau de présomptions de preuves...  

•Avignon Off 2018• "Sunny Side"… Une jolie traversée de scène dansée et chantée pour célébrer la chanteuse Billie Holiday - 09/06/2018

Billie Holiday, ou Lady Day, est une chanteuse noire qui s'incarne dans le blues et le jazz en pleine ségrégation. Elle s'inscrit comme l'une des icônes musicales de sa génération. Naïsiwon El Aniou est comédienne et danseuse. Dans ce seul en scène, elle choisit de rendre hommage à l'artiste mais aussi à la femme. Le spectacle est éligible aux P'tits Molières 2018. Sur scène s'étend tout un décor...  

•Avignon Off 2018• Dans "Une saison en Enfer", Jean-Quentin Châtelain donne sa chair à un Rimbaud prophète - 04/06/2018

De l'ombre paraît, massif et solide, un chamane, un anachorète, ou bien un cénobite, un alchimiste peut-être… Quelque officiant puissant à coup sûr. Au centre de ce qui pourrait être un cratère de météorite, Jean-Quentin Châtelain s'aventure dans les dédales des différents textes qui composent "Une saison en Enfer" d'Arthur Rimbaud. Le comédien n'est que retenue et intensité. Contenant le flux de...  

•Avignon Off 2018• "Les monstrueuses", un hymne à la vitalité, une confidence faite au public - 03/06/2018

Dans "Les monstrueuses" de Leïla Anis (et joué par elle-même), une jeune femme décrit le choc qui est le sien à l'annonce de sa grossesse. Son état de confusion. Un chaos des souvenirs qui fondent sa lignée. En butte à une malédiction venue de la nuit des temps. Ces enfantements qui l'ont précédé… Enfantements qui, de la mère à la mère, transmettent l'épreuve du mauvais sort, du mal amour. Don de...  

•Avignon Off 2018• "Hans Peter - Tragic Konzert"… Un duel virtuose entre clown et violon pour l'art de la sonate - 03/06/2018

Les violons ont une âme, c'est bien connu. Et Christian Têtard, avec ses vingt ans de violon et ses douze ans de clowns, est un artiste singulier qui entend bien montrer à travers son personnage de Hans Peter comment maîtriser cette âme-là et faire sonner la sonate dans toutes les circonstances. Hans Peter, en serviteur zélé de la Musique et de son maître Ludwig van Beethoven, s'exerce au...  
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À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024