© Léonard Vincent.
C'est le comédien Pierre Forest qui incarne ce rôle de gardien d'immeuble. En 2017, le comédien remporte le Molière du meilleur second rôle pour son interprétation dans "Edmond" d'Alexis Michalik et, en 2020, est nommé pour le Molière du meilleur second rôle pour "Madame Zola". Gageons qu'aux Molières 2026, il pourrait remporter celui du meilleur premier rôle pour la présente pièce, même si ceci n'engage que nous !
Un ami breton, très cher, Pierre, lui aussi – mais pas "Forest" –, gardien de notre immeuble de nombreuses années – celui de la cité Arago à Paris dans le 13ᵉ – n'a jamais connu ni les planches ni les fauteuils en velours rouge des salles de théâtre ! Mais c'était pourtant un grand comédien, à ses heures, fraternel avec ses locataires, le cœur sur la main, l'âme et le corps plutôt cabossés, aux verres de rosé dès 10 h le matin, et qui ont décidé de lui qu'il nous quitte bien trop tôt !
Des "Tony et Pierre le finistérien", il y a en pléthore dans le monde, trop souvent anonymisés, faisant partie des murs de leurs immeubles qu'ils gèrent bien souvent contre vents et marée, exerçant un métier "rude, parfois tragique". Mais ce ne sont pas de simples marionnettes coincées entre les quatre murs de leur loge "sanctuaire" (sic), apparaissant tels des poissons rouges derrière la vitre de l'espace "dédié au public". Ce sont des femmes et des hommes, investis(es) et impliqués(es) corps et âme dans leurs tâches quotidiennes.
Un ami breton, très cher, Pierre, lui aussi – mais pas "Forest" –, gardien de notre immeuble de nombreuses années – celui de la cité Arago à Paris dans le 13ᵉ – n'a jamais connu ni les planches ni les fauteuils en velours rouge des salles de théâtre ! Mais c'était pourtant un grand comédien, à ses heures, fraternel avec ses locataires, le cœur sur la main, l'âme et le corps plutôt cabossés, aux verres de rosé dès 10 h le matin, et qui ont décidé de lui qu'il nous quitte bien trop tôt !
Des "Tony et Pierre le finistérien", il y a en pléthore dans le monde, trop souvent anonymisés, faisant partie des murs de leurs immeubles qu'ils gèrent bien souvent contre vents et marée, exerçant un métier "rude, parfois tragique". Mais ce ne sont pas de simples marionnettes coincées entre les quatre murs de leur loge "sanctuaire" (sic), apparaissant tels des poissons rouges derrière la vitre de l'espace "dédié au public". Ce sont des femmes et des hommes, investis(es) et impliqués(es) corps et âme dans leurs tâches quotidiennes.
© Léonard Vincent.
À l'écriture de cette pièce, Aude de Tocqueville s'est inspirée de témoignages d'une quarantaine de gardiens d'immeuble pour créer ce personnage (étrange coïncidence, ici, que ces deux "Pierre" autour d'une réalité commune…). Elle aurait peut-être pu croiser notre ex-grand ami et faire état de son témoignage dans son ouvrage paru en 2023 chez Flammarion, "Éloges des loges".
Mais c'est à Pierre Forest que l'autrice et la metteuse en scène ont décidé de confier ce "rôle témoignage" via un monologue fulgurant et intense brillamment incarné. "La première image que je garde de Pierre Forest est celle d'un ange-gardien ! Il ne s'en souvient certainement pas. Nous étions à Prague où nous tournions un Maigret. J'étais une jeune comédienne un peu perdue (…) et c'est Pierre qui m'a prise sous son aile avec une chaleur spontanée et une complicité de grand frère fantasque", précise la metteuse en scène, en rajoutant que ses propos débordent apparemment du cadre de son implication dans la pièce ! Eh bien non !
Le Pierre d'il y a trente ans en arrière est resté le même ange gardien, selon elle, éprouvant "les mêmes sensations pures qu'elle a ressenties la première fois face à cet homme troublant de générosité" (sic).
Il semblerait alors que ce Tony universel ne pouvait être incarné que par ce comédien, lui qui a étudié avec Antoine Vitez au Conservatoire, qui a joué autant de rôles du répertoire que de pièces contemporaines, qui a partagé trois spectacles avec Michel Bouquet et dont le nombre de participations à des fictions pour la TV et le cinéma sont incalculables.
La mise en scène dépouillée de Séverine Vincent s'est centrée exclusivement sur les émotions de Tony au crépuscule de sa carrière, oscillant entre grande tendresse, humour feutré et mélancolie. Pour lui, c'est bientôt l'abandon, le vide, la perte, l'exil ! Mais il ne hurle pourtant pas la solitude qui fut la sienne durant toutes ses années auprès de ses locataires, ni celle qui va être bientôt la sienne ! Bien au contraire, il la murmure du bout de ses mots, de ses cocottes en papier, de son courrier qu'il dépose dans les boîtes aux lettres, calmement, poétiquement.
Mais c'est à Pierre Forest que l'autrice et la metteuse en scène ont décidé de confier ce "rôle témoignage" via un monologue fulgurant et intense brillamment incarné. "La première image que je garde de Pierre Forest est celle d'un ange-gardien ! Il ne s'en souvient certainement pas. Nous étions à Prague où nous tournions un Maigret. J'étais une jeune comédienne un peu perdue (…) et c'est Pierre qui m'a prise sous son aile avec une chaleur spontanée et une complicité de grand frère fantasque", précise la metteuse en scène, en rajoutant que ses propos débordent apparemment du cadre de son implication dans la pièce ! Eh bien non !
Le Pierre d'il y a trente ans en arrière est resté le même ange gardien, selon elle, éprouvant "les mêmes sensations pures qu'elle a ressenties la première fois face à cet homme troublant de générosité" (sic).
Il semblerait alors que ce Tony universel ne pouvait être incarné que par ce comédien, lui qui a étudié avec Antoine Vitez au Conservatoire, qui a joué autant de rôles du répertoire que de pièces contemporaines, qui a partagé trois spectacles avec Michel Bouquet et dont le nombre de participations à des fictions pour la TV et le cinéma sont incalculables.
La mise en scène dépouillée de Séverine Vincent s'est centrée exclusivement sur les émotions de Tony au crépuscule de sa carrière, oscillant entre grande tendresse, humour feutré et mélancolie. Pour lui, c'est bientôt l'abandon, le vide, la perte, l'exil ! Mais il ne hurle pourtant pas la solitude qui fut la sienne durant toutes ses années auprès de ses locataires, ni celle qui va être bientôt la sienne ! Bien au contraire, il la murmure du bout de ses mots, de ses cocottes en papier, de son courrier qu'il dépose dans les boîtes aux lettres, calmement, poétiquement.
© Léonard Vincent.
"Il n'y a pas de rôle dans lequel on entre réellement (…). Il faut juste être calme et avoir suffisamment travaillé en amont (…). Et puis, il y a des textes que je défends passionnément parce qu'ils résonnent en moi, et qu'ils me parlent d'aujourd'hui. Je ne sais pas faire autrement !", souligne le comédien.
C'est en distribuant le courrier dans nos boîtes aux lettres, un certain jour de mai 2017, que Pierre, mon grand ami du Finistère, nous a quitté. Tony est au rez-de-chaussée de votre immeuble. Lui aussi a ses failles, ses emmerdes, ses folies, ses démons, ses moments d'exaltation ou de simples petites joies, comme vous. Comme nous. Regardez-le ! Saluez-le ! C'est à vous que vous rendez hommage.
◙ Brigitte Corrigou
C'est en distribuant le courrier dans nos boîtes aux lettres, un certain jour de mai 2017, que Pierre, mon grand ami du Finistère, nous a quitté. Tony est au rez-de-chaussée de votre immeuble. Lui aussi a ses failles, ses emmerdes, ses folies, ses démons, ses moments d'exaltation ou de simples petites joies, comme vous. Comme nous. Regardez-le ! Saluez-le ! C'est à vous que vous rendez hommage.
◙ Brigitte Corrigou
"La Solitude d'un ange gardien"
© Léonard Vincent.
Création 2025.
Texte : Aude de Tocqueville.
Avec : Pierre Forest.
Mise en scène : Séverine Vincent.
Scénographie : Jean-Michel Adam, assisté de Rosalie Adam.
Lumières : Jean-Marie Prouvèze.
Costume : Léa Forest.
Musique : Félicien Adam.
Par la Compagnie Pourpre.
Durée : 1 h 10.
•Avignon Off 2025•
Du 5 au 26 juillet 2025.
Tous les jours à 13 h. Relâche le mercredi.
Théâtre l'Oriflamme, 3-5, rue Portail Matheron, Avignon.
Réservation : 04 88 61 17 75.
>> Billetterie en ligne
>> loriflamme-avignon.fr
Texte : Aude de Tocqueville.
Avec : Pierre Forest.
Mise en scène : Séverine Vincent.
Scénographie : Jean-Michel Adam, assisté de Rosalie Adam.
Lumières : Jean-Marie Prouvèze.
Costume : Léa Forest.
Musique : Félicien Adam.
Par la Compagnie Pourpre.
Durée : 1 h 10.
•Avignon Off 2025•
Du 5 au 26 juillet 2025.
Tous les jours à 13 h. Relâche le mercredi.
Théâtre l'Oriflamme, 3-5, rue Portail Matheron, Avignon.
Réservation : 04 88 61 17 75.
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