© Blokaus808.
C'est rare quand, sur les planches, il se passe réellement quelque chose. Ce quelque chose qui fait que le théâtre est un monde autre, un ailleurs en dehors de toute normalité, avec son lieu et ses propres repères, aussi sombres et loufoques soient-ils. Où les personnages vous ressemblent tout en étant dans un spectre comportemental étrange et surprenant. Où les scènes sont des mirages emportés, où le théâtre fait ses gammes dans l'audace, où ce qui fait sens est à sens unique et où la fable oscille entre songes oniriques et réalité bousculée.
La scénographie découvre une pièce avec un canapé gris, deux fauteuils et une commode en bois. Les personnages entrent à tour de rôle par le public pour rejoindre le plateau. Le décor est ensuite habillé de rouge et de noir au moment où la réalité fiche le camp pour laisser place au décalé et au surprenant.
"Requiem room" démarre par une thérapie de groupe avec six protagonistes qui racontent leurs rêves. Nous ne savons rien d'eux. Ni leurs vies, ni leurs âges, ni leurs lieux d'habitation, ni leurs professions, ni leurs amours, ni leurs problèmes. Aucune précision non plus sur l'échelle de temps où se déroule la fable.
La scénographie découvre une pièce avec un canapé gris, deux fauteuils et une commode en bois. Les personnages entrent à tour de rôle par le public pour rejoindre le plateau. Le décor est ensuite habillé de rouge et de noir au moment où la réalité fiche le camp pour laisser place au décalé et au surprenant.
"Requiem room" démarre par une thérapie de groupe avec six protagonistes qui racontent leurs rêves. Nous ne savons rien d'eux. Ni leurs vies, ni leurs âges, ni leurs lieux d'habitation, ni leurs professions, ni leurs amours, ni leurs problèmes. Aucune précision non plus sur l'échelle de temps où se déroule la fable.
© Blokaus808.
Puis, au moment où l'un d'eux (Céleste Carbou) est pris d'une gestuelle qui l'emmène dans des contorsions et des chutes à répétition au sol, l'imaginaire fait son entrée avec ses rires très sonores et l'indifférence des protagonistes. Il prend les rênes d'une rationalité qui marche avec ses emboîtements, ses émotions, ses incompréhensions entre eux pour la faire basculer dans un ailleurs où les repères sont inversés, avec ses tensions, sa violence et ses surprises. Les rêves racontés deviennent cauchemar éveillé.
Le dit devient vécu, le quotidien, un jeu, l'illusion, une réalité et le songe onirique, un cauchemar. Tout s'entrecroise sans jamais se chevaucher. Tout est rupture et continuité. La pièce a été inspirée par l'univers de David Lynch. Elle est basée sur des œuvres de Leonid Andreïev (1871-1919) avec "Requiem" et d'Antonin Artaud avec "Pour en finir avec le jugement de Dieu". Les propos de Lacan, "dans le langage, notre message nous vient de l'autre sous une forme inversée"*, trouvent, au sens figuré, un écho puissant avec une inversion qui devient détour, répétition, bascule, rupture et non-sens assumé.
La fable est traversée de différentes chutes et les personnages de différents états, dans une réalité scénique qui fait fusionner mirage et cauchemar pour devenir du théâtre dans le théâtre et revenir ensuite dans un jeu théâtral où l'absurde s'immisce pour nous rappeler à la première scène comme un rappel en vain à la raison de façon très furtive.
Le dit devient vécu, le quotidien, un jeu, l'illusion, une réalité et le songe onirique, un cauchemar. Tout s'entrecroise sans jamais se chevaucher. Tout est rupture et continuité. La pièce a été inspirée par l'univers de David Lynch. Elle est basée sur des œuvres de Leonid Andreïev (1871-1919) avec "Requiem" et d'Antonin Artaud avec "Pour en finir avec le jugement de Dieu". Les propos de Lacan, "dans le langage, notre message nous vient de l'autre sous une forme inversée"*, trouvent, au sens figuré, un écho puissant avec une inversion qui devient détour, répétition, bascule, rupture et non-sens assumé.
La fable est traversée de différentes chutes et les personnages de différents états, dans une réalité scénique qui fait fusionner mirage et cauchemar pour devenir du théâtre dans le théâtre et revenir ensuite dans un jeu théâtral où l'absurde s'immisce pour nous rappeler à la première scène comme un rappel en vain à la raison de façon très furtive.
© Blokaus808.
L'écheveau dramaturgique est superbe. La compréhension du public peut être présente, lacunaire ou absente, sans pour autant que la pièce n'en perde ni son intérêt ni sa truculence. Car la fable a des accès multiples et sa trame est ouverte à toutes les compréhensions. L'absurde a ses entrées avec ses répétitions, dans un décalage assumé entre ce qui se joue et ce qui est joué. La violence embrasse l'indifférence, la surprise, le quotidien et le crime, une évidence à ne pas oublier. Le temps s'arrête et repart pour s'écouler dans une circularité digne de la Grèce antique. Et la poésie se niche dans chaque recoin.
Bref, c'est superbe et audacieux !
◙ Safidin Alouache
* D'après "Écrits" (1966) de Jacques Lacan.
Bref, c'est superbe et audacieux !
◙ Safidin Alouache
* D'après "Écrits" (1966) de Jacques Lacan.
"Requiem room"
© Blokaus808.
D'après l'œuvre et l'univers de David Lynch, "Requiem" de Leonid Andreïev (dans la traduction d'André Markowicz aux Éditions Mesures) et un extrait de "Pour en finir avec le jugement de Dieu" d'Antonin Artaud.
Mise en scène : Thomas Fustec.
Collaborateur artistique : Shems Khettouch.
Accompagnement dramaturgique : Juliette Fressonnet.
Avec Neveen Ahmed, Celeste Carbou, Arthur Rémi-Tekoutcheff, Nathan de Teyssière.
Création sonore : Robin Paule.
Scénographie : Maud Chanel.
Lumière : Thomas Fustec.
Costume : Amelien Fauvy.
Confection masques : Julien Donnot.
Par Blue Rose Compagnie.
Finaliste du Prix Théâtre 13 - 2025, lauréat du prix NTA 2025.
Durée : 1 h 30.
A été jouée du 19 au 21 novembre 2025 au Nouveau Théâtre de l'Atalante dans le cadre du festival NTA "Tremplins Jeunes Compagnie/Cies Emergentes".
Du 26 au 28 novembre 2025.
Mercredi, jeudi et vendredi à 20 h.
Théâtre 13/Glacière, 103 A, boulevard Auguste-Blanqui, Paris 13e.
Téléphone : 01 45 88 62 22.
billetterie@theatre13.com
>> Billetterie en ligne
>> theatre13.com
Tournée
Du 12 au 16 mars 2026 : Théâtre les 3T, Saint Denis (93).
Festival NTA
Du 19 novembre au 19 décembre 2025.
Mercredi, jeudi et vendredi à 19 h.
Nouveau Théâtre de l'Atlante
https://www.theatre-latalante.com/
Programmation
"Requiem room" de la Cie Blue Rose, du 19 au 21 novembre à 19 h.
"Snorkel" de la Cie Fracas Lunaire, du 3 au 5 décembre à 19 h.
"Pour la consolation" de la Cie de la Vallée de l’Egrenne, du 10 au 12 décembre à 19 h.
"Te voilà, c'est la force" du Collectif Nouvelle Hydre, du 17 au 19 décembre à 19 h.
Mise en scène : Thomas Fustec.
Collaborateur artistique : Shems Khettouch.
Accompagnement dramaturgique : Juliette Fressonnet.
Avec Neveen Ahmed, Celeste Carbou, Arthur Rémi-Tekoutcheff, Nathan de Teyssière.
Création sonore : Robin Paule.
Scénographie : Maud Chanel.
Lumière : Thomas Fustec.
Costume : Amelien Fauvy.
Confection masques : Julien Donnot.
Par Blue Rose Compagnie.
Finaliste du Prix Théâtre 13 - 2025, lauréat du prix NTA 2025.
Durée : 1 h 30.
A été jouée du 19 au 21 novembre 2025 au Nouveau Théâtre de l'Atalante dans le cadre du festival NTA "Tremplins Jeunes Compagnie/Cies Emergentes".
Du 26 au 28 novembre 2025.
Mercredi, jeudi et vendredi à 20 h.
Théâtre 13/Glacière, 103 A, boulevard Auguste-Blanqui, Paris 13e.
Téléphone : 01 45 88 62 22.
billetterie@theatre13.com
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Tournée
Du 12 au 16 mars 2026 : Théâtre les 3T, Saint Denis (93).
Festival NTA
Du 19 novembre au 19 décembre 2025.
Mercredi, jeudi et vendredi à 19 h.
Nouveau Théâtre de l'Atlante
https://www.theatre-latalante.com/
Programmation
"Requiem room" de la Cie Blue Rose, du 19 au 21 novembre à 19 h.
"Snorkel" de la Cie Fracas Lunaire, du 3 au 5 décembre à 19 h.
"Pour la consolation" de la Cie de la Vallée de l’Egrenne, du 10 au 12 décembre à 19 h.
"Te voilà, c'est la force" du Collectif Nouvelle Hydre, du 17 au 19 décembre à 19 h.