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"Luminescences", exposition des peintures d'Emmanuelle Amsellem

Depuis le 27 février et jusqu'au 14 mars, la peintre Emmanuelle Amsellem expose à Paris ses toiles magnifiques, qui témoignent d'une réinvention du néo-impressionnisme se fondant sur l'abstraction. Une expérience sensorielle et quasi mystique à ne pas manquer.



Détail du tableau "EA 2018-10" © Emmanuelle Amsellem.
Notons d'abord qu‘aucune photographie ne peut rendre justice à l'art d'Emmanuelle Amsellem (et donc malheureusement pas non plus celles qui illustrent cet article). Ses tableaux doivent être découverts en galerie, au musée ou chez ses collectionneurs et vus à différents moments du jour ou de la nuit pour produire leurs effets, dont le moindre n'est pas l'émerveillement. L'artiste en a pleinement conscience qui s'assigne une mission "éveiller, réveiller, réchauffer - élever". Cette exposition, dont le commissariat a été confié à Sébastien Mullier, vient à point nommé nous signifier l'importance de son art et de son œuvre.

Si les toiles semblent prendre leur place dans la riche histoire picturale des monochromes abstraits, il ne faut cependant pas s'arrêter au terme de "monochrome". Ses "Figures" et "Variations" se déclinent en noir, en blanc, en bleu, en réalisant l'ambition que s'était donné Paul Signac (un maître de référence pour E. Amsellem) : rendre "un maximum de couleur et de lumière". Avec les treize œuvres exposées dans la Galerie Philippe Gelot se poursuit son travail sur la fragmentation de la matière - couleur et lumière - grâce à sa technique de la touche, un pointillisme au couteau, mais aussi grâce à un remarquable travail sur les pigments.

"EA 2018-10" © Emmanuelle Amsellem.
Ce travail sur les pigments à l'huile de ses trois couleurs fétiches - conçues comme des absolus - se décline en quatorze nuances pour le bleu, cinq pour le noir et trois pour le blanc induisant des éclats, des aspérités, des lignes, des formes qui semblent se renouveler à l'infini suivant l'heure, la lumière naturelle et la position du spectateur. Ce dernier éprouve devant chaque toile l'expérience de la durée et de la profondeur : un voyage de l'œil toujours recommencé sur la surface "luminescente" et en même temps l'apprentissage d'une intériorité de la toile, jamais épuisée dans une sorte de songe éveillé. C'est l'invitation à la rêverie d'un art naturellement lyrique.

Chaque toile, par l'infinité de ses propositions, se fait à coup sûr plurielle, se métamorphosant en une vraie série. Les formats choisis (rectangulaire ou hexagonal) évoquent les vitraux de cathédrales, les répétitions et contrastes du jeu d'échecs comme des dallages symboliques de lieux consacrés (1). Les tableaux peuvent aussi former un triptyque (par exemple "Figures" B1 à 3) proposant la libre association de plusieurs œuvres. Dans l'exposition, cinq huiles sur papier sont également offertes à notre admiration.

Dans l'abnégation et la solitude des vrais créateurs, Emmanuelle Amsellem élabore ainsi une œuvre sans compromis, à l'écart des modes. Elle a fait le choix dès ses débuts de l'exigence et de la spiritualité d'un art qui nous rend sensibles la beauté et la grâce. Cadeau insigne devenu trop rare par les temps qui courent. L'artiste sera en résidence à la Fondation Dufraisne (2) dans le Vexin en 2018.

"EA 2018-4" © Emmanuelle Amsellem.
(1) Lire l'ouvrage de Sébastien Mullier "Emmanuelle Amsellem, vers la couleur cathédrale", Éditions Hermann 2015.
(2) Fondation Dufraisne, Académie des Beaux-Arts de l'Institut de France, Chars (Vexin).


Exposition du 27 février au 14 mars 2018 (14 h 30 à 19 h).

Galerie Philippe Gelot.
29 Rue Saint-Paul Paris 4e.
Tél. : 01 40 27 00 50.

>> http://www.emmanuelleamsellem.com/

Christine Ducq
Dimanche 11 Mars 2018
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