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Les 62e Nuits de la Citadelle, un festival en mode majeur

Du 19 juillet au 12 août, le festival le plus ancien de France avec les Chorégies d'Orange rouvre ses portes à Sisteron pour une programmation très variée placée sous les auspices des muses de la danse, du théâtre, de la musique et des arts plastiques. Un éclectisme qui est la marque de fabrique des Nuits de la Citadelle.



Les Violoncelles Français © Nuits de la Citadelle.
La passion, qui anime les promoteurs de la culture à Sisteron - cette Porte de la Provence dominant la vallée de la Durance - depuis le début du XXe siècle, ne s'est jamais démentie. Force est de le constater quand on rencontre Édith Robert, la pétillante présidente de l'association ATM (Art Théâtre Monuments). La charmante sexagénaire, qui préside aux destinées des Nuits de la Citadelle depuis dix-huit ans (après en avoir été de nombreuses années la vice-présidente), non contente d'être une des plus fines connaisseuses de la vie musicale, est aussi intarissable sur l'histoire de la ville et bien-sûr du festival. Elle est même l'auteur d'un livre sur ce sujet - qui se vend plutôt bien à la sortie des concerts, avoue-t-elle dans un petit rire.

L'histoire du festival sisteronnais raconte ainsi les raisons de son succès actuel. Éclectisme et innovation, curiosité et excellence en sont les maîtres mots depuis qu'en 1956, un des Chorèges d'Orange, Marcel Provence, a l'idée de refonder un festival dans la Citadelle datant de Henri IV. C'est cette forteresse des Comtes de Provence qui abrite un théâtre de verdure depuis 1928 permettant aux sociétaires de la Comédie Française (sous l'impulsion d'Antoine Balpétré) de jouer tous les étés jusqu'en 1939. Après la guerre, l'ancien bâtiment militaire et ses dix hectares de muraille devenu écrin de théâtre doit être restauré à nouveau.

Orchestre Symphonique Budapest, Pavel Sporcl au violon © Nuits de la Citadelle.
L'association ATM enfourchera ses deux chevaux de bataille : la restauration patrimoniale, l'entretien des nombreux monuments classés de la ville et la possibilité d'offrir la culture à tous dans cette partie de la région des Alpes de Haute-Provence (au nord du Lubéron) aussi jolie qu'avare en offre culturelle justement.

Et l'offre s'étoffera avec les années et le succès, en même temps que les sites se multiplieront dans la ville pour accueillir de la musique sacrée dans la Cathédrale romane de Notre-Dame des Pommiers, de la musique de chambre dans le Cloître Saint-Dominique (datant du XIIIe siècle), de la musique symphonique et de la danse sur le plateau agrandi du théâtre de verdure (à l'excellente acoustique), du théâtre toujours et une exposition d'art dans la Citadelle. De deux spectacles donnés aux origines de la manifestation, les Nuits de la Citadelle présentent désormais dix soirées en été - plus deux concerts hors-saison à Pâques et en décembre.

Quand on lui demande si sa programmation se fait autour d'un thème particulier chaque année, Édith Robert s'exclame qu'il n'en est pas question : ses choix sont toujours motivés par une offre pensée comme la plus large possible, car susceptible de plaire au plus grand nombre. Plus de six mille spectateurs l'an dernier sont venus confirmer la pertinence de sa vision.

Étoiles du Théâtre Mariinsky © Nuits de la Citadelle.
Les Nuits ont vu défiler les stars (tels Yehudin Menuhin, Georges Cziffra, France Clidat ou Barbara Hendricks entre nombreux autres), mais la présidente sait aussi repérer les futurs grands pour les inviter aussi - à la faveur des jurys de concours, des auditions parisiennes auxquels elle participe et des spectacles qu'elle voit toute l'année.

Pour cette édition 2017, la jeunesse et l'excellence sont encore au rendez-vous. Jean-François Zygel et Hugues Leclère ouvriront cette session pour une "Bachmania". Suivront le Malandain Ballet Biarritz avec Jean-Paul Gasparian au piano, l'Orchestre Symphonique Ose ! avec Adam Laloum au piano, le non moins talentueux Quatuor Modigliani jouant pour la première fois avec Till Fellner (un pianiste autrichien qui est peut-être le nouveau Alfred Brendel) ou encore l'Orchestre de Chambre de Genève accompagné du guitariste Emmanuel Rossfelder.

Après avoir découvert les sculptures monumentales de Marino di Teana, le public pourra écouter dans la cathédrale la mezzo Vivica Genaux accompagnée du Concerto Köln ou le groupe de jazz Mare Nostrum (emmené par Richard Galliano) dans le cloître.

Richard Galliano Sextet © Nuits de la Citadelle.
Il ne ratera pas l'ex-sociétaire de la Comédie Française Béatrice Agenin dans "La Louve", une pièce historique de Daniel Colas consacrée à la difficile accession de François Ier au trône de France. Ce même roi n'avait-il pas donné rendez-vous à sa mère Louise de Savoie (la fameuse "Louve"), à son épouse Claude et à sa sœur la duchesse d'Alençon dans cette bonne ville de Sisteron après son retour d'Italie et la victoire de Marignan ? Juste retour des choses.


Du 19 juillet au 12 août 2017.
Nuits de la Citadelle
Réservation et programmation complète :
>> nuitsdelacitadelle.fr
Pavillon ATM.
1, Allée de Verdun, 04200 Sisteron.
Tél. : 04 92 61 06 00.

Christine Ducq
Lundi 19 Juin 2017
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