© Sandra Legrand.
Publié en 1992, Prix des Deux Magots en 1993, ainsi que Grand Prix de la littérature catholique, ce roman de Bobin, malheureusement récemment disparu, est un hymne à la parole, à bien y regarder, cette parole qui nous échappe bien souvent, ou qui est tronquée, fourvoyée, hurlante ou bien trop silencieuse. Hymne à la propre parole de l'auteur, surtout… Celle de ses mots généralement sibyllins qui, parfois, ne sont pas les nôtres, mais qui nous parlent pourtant tellement.
On peut s'interroger d'ailleurs sur le genre littéraire de cet ouvrage qui a fait découvrir cet auteur aux nuls autres pareils : un essai, un roman à la frontière entre fiction et réflexion ? Une autobiographie ? Il semblerait que ce questionnement n'ait pas interpellé outre mesure Emmanuel Ray de la Compagnie du Théâtre en Pièces, en coréalisation avec le Théâtre de Chartres, car il nous offre là, en plein cœur de la capitale, une création du plus bel effet.
Ici, les spectateurs et spectatrices ne sont plus dans la crypte de la cathédrale de Chartres – qui a vu la création du spectacle en 2024 – où les bruits bourdonnants de la ville devaient être moins présents qu'à Paris… Mais dès les premiers instants, pourtant, dans cette Église Saint-Leu autour de laquelle tout grouille et se bouscule, le silence se fait et, très vite, les mots de Bobin résonnent avec grande poésie. Le Saint est là, tout de suite présent par la force de la parole, assis à nos côtés, tout comme les comédiennes et comédiens, sur les chaises disposées en bi-frontal, et il se fraye un chemin en nous invitant à l'emprunter avec lui.
On peut s'interroger d'ailleurs sur le genre littéraire de cet ouvrage qui a fait découvrir cet auteur aux nuls autres pareils : un essai, un roman à la frontière entre fiction et réflexion ? Une autobiographie ? Il semblerait que ce questionnement n'ait pas interpellé outre mesure Emmanuel Ray de la Compagnie du Théâtre en Pièces, en coréalisation avec le Théâtre de Chartres, car il nous offre là, en plein cœur de la capitale, une création du plus bel effet.
Ici, les spectateurs et spectatrices ne sont plus dans la crypte de la cathédrale de Chartres – qui a vu la création du spectacle en 2024 – où les bruits bourdonnants de la ville devaient être moins présents qu'à Paris… Mais dès les premiers instants, pourtant, dans cette Église Saint-Leu autour de laquelle tout grouille et se bouscule, le silence se fait et, très vite, les mots de Bobin résonnent avec grande poésie. Le Saint est là, tout de suite présent par la force de la parole, assis à nos côtés, tout comme les comédiennes et comédiens, sur les chaises disposées en bi-frontal, et il se fraye un chemin en nous invitant à l'emprunter avec lui.
© Sandra Legrand.
On nous parle tout près, on nous scrute avec intensité dans un désir d'éveil et d'écoute essentiel face au "tourbillon de notre époque qui nous submerge". Sous les traits du comédien Fabien Moiny, François d'Assise s'incarne de façon toute méditative et contemplative, laquelle requiert du public une disposition d'écoute toute particulière et nécessaire. Ses mots s'entrechoquent entre force et douceur, son corps se meut et galope sur un corridor de terre, étroit et longiligne, et ses pieds nus remettent en éveil nos certitudes. Ou les bousculent.
La partition du texte choisie par Emmanuel Ray a resserré fort justement ce dernier, comme dans son essentielle substantifique moelle. Qui connaît ce texte pourra le mesurer et en apprécier encore davantage la teneur exceptionnelle et les choix pertinents du metteur en scène. Saluons-les particulièrement, car, à nos yeux, cela n'a pas dû être si simple.
"Le Très-Bas de Bobin nous pousse à prendre conscience de notre intégration à la nature et de la nécessité de nous respecter mutuellement ainsi que notre environnement. Tout est si fragile, éphémère, et chaque instant doit être valorisé. Plutôt que de viser la lune, apprenons à savourer l'eau que nous buvons, le fruit que nous dégustons, en fermant les yeux", commente Emmanuel Ray.
Saluons également cette entreprise créatrice particulièrement féminine du metteur en scène par la présence de deux comédiennes talentueuses, Stéphanie Lanier et Mélanie Pichot au jeu, et Léa Bertogliati au violoncelle. Faire porter la parole de "Bobin d'Assise" de la sorte est, à nos yeux, une entreprise sensiblement fine à la portée symbolique notoire. Gageons que ce choix est délibéré, et si tel n'est pas le cas, c'est encore bien mieux !
C'est en effet avec grand talent que les deux comédiennes interprètent le texte. Leur fougue verbale habilement tempérée rayonne avec chaleur entre les murs de pierre, et le choix contemporain de leur tenue respective apporte à l'ensemble une aura à la fois universelle et vertigineuse. Sans oublier leur grâce gestuelle qui confère aux mots de Bobin une élégance indéniable. Stéphanie Lanier ayant été danseuse à la Royal Shakespeare Compagnie d'Eindhoven avant de se consacrer à la comédie, et Mélanie Pichot faisant preuve, aussi, d'une belle aisance corporelle tout en discrétion.
Peut-être aurait-il été possible d'accorder davantage de place aux notes justes et mélodieuses du violoncelle de Léa Bertogliati, ce qui aurait pu, de la sorte, sublimer encore davantage la partition d'ensemble des deux comédiennes et des deux comédiens.
La partition du texte choisie par Emmanuel Ray a resserré fort justement ce dernier, comme dans son essentielle substantifique moelle. Qui connaît ce texte pourra le mesurer et en apprécier encore davantage la teneur exceptionnelle et les choix pertinents du metteur en scène. Saluons-les particulièrement, car, à nos yeux, cela n'a pas dû être si simple.
"Le Très-Bas de Bobin nous pousse à prendre conscience de notre intégration à la nature et de la nécessité de nous respecter mutuellement ainsi que notre environnement. Tout est si fragile, éphémère, et chaque instant doit être valorisé. Plutôt que de viser la lune, apprenons à savourer l'eau que nous buvons, le fruit que nous dégustons, en fermant les yeux", commente Emmanuel Ray.
Saluons également cette entreprise créatrice particulièrement féminine du metteur en scène par la présence de deux comédiennes talentueuses, Stéphanie Lanier et Mélanie Pichot au jeu, et Léa Bertogliati au violoncelle. Faire porter la parole de "Bobin d'Assise" de la sorte est, à nos yeux, une entreprise sensiblement fine à la portée symbolique notoire. Gageons que ce choix est délibéré, et si tel n'est pas le cas, c'est encore bien mieux !
C'est en effet avec grand talent que les deux comédiennes interprètent le texte. Leur fougue verbale habilement tempérée rayonne avec chaleur entre les murs de pierre, et le choix contemporain de leur tenue respective apporte à l'ensemble une aura à la fois universelle et vertigineuse. Sans oublier leur grâce gestuelle qui confère aux mots de Bobin une élégance indéniable. Stéphanie Lanier ayant été danseuse à la Royal Shakespeare Compagnie d'Eindhoven avant de se consacrer à la comédie, et Mélanie Pichot faisant preuve, aussi, d'une belle aisance corporelle tout en discrétion.
Peut-être aurait-il été possible d'accorder davantage de place aux notes justes et mélodieuses du violoncelle de Léa Bertogliati, ce qui aurait pu, de la sorte, sublimer encore davantage la partition d'ensemble des deux comédiennes et des deux comédiens.
© Sandra Legrand.
"Le Théâtre ne se vit pleinement que dans l'instant présent. Il y a besoin de si peu pour mettre en scène. Ne l'oublie pas. Il n'y a besoin que d'une vie, si pauvre que personne n'en veut… C'est cette abondance de rien que tu dois saisir. Écrire… Voir… C'est pareil. Pour voir, il faut la lumière, mais on peut la trouver dans le noir de l'encre."
Merci, à vous, Emmanuel Ray, de vous être interrogé de la sorte et d'avoir ainsi porté au sommet de l'affiche du Bobin… et plus particulièrement ce texte majeur d'un écrivain dont il n'est pas certain du tout qu'il puisse être jamais remplacé ni égalé.
Certes, l'humanité toute entière ne se dépouillera jamais comme François d'Assise l'a fait, mais elle devrait déjà commencer sa potentielle "reconversion" en allant assister à cette brillante adaptation théâtrale et musicale et/ou faire le choix aussi de quelques expériences de retraite assumée pour se recentrer et tenter d'oublier la laideur du monde ambiant… Pour découvrir… la joie… "Comprendra qui pourra…"
◙ Brigitte Corrigou
Merci, à vous, Emmanuel Ray, de vous être interrogé de la sorte et d'avoir ainsi porté au sommet de l'affiche du Bobin… et plus particulièrement ce texte majeur d'un écrivain dont il n'est pas certain du tout qu'il puisse être jamais remplacé ni égalé.
Certes, l'humanité toute entière ne se dépouillera jamais comme François d'Assise l'a fait, mais elle devrait déjà commencer sa potentielle "reconversion" en allant assister à cette brillante adaptation théâtrale et musicale et/ou faire le choix aussi de quelques expériences de retraite assumée pour se recentrer et tenter d'oublier la laideur du monde ambiant… Pour découvrir… la joie… "Comprendra qui pourra…"
◙ Brigitte Corrigou
"Le Très-Bas - François d'Assise"
© Sandra Legrand.
Texte : Christian Bobin
Mise en scène Emmanuel Ray
Avec : Stéphanie Lanier, Fabien Moiny, Mélanie Pichot et Emmanuel Ray.
Création musicale et interprétation au violoncelle : Léa Bertogliati.
Lumières : Natacha Boulet Räber.
Création sonore : Tony Bruneau.
Compagnie du Théâtre en Pièces.
Pour tout public à partir de 14 ans.
Durée : 1 h 20.
Du 18 septembre au 20 décembre 2025.
Jeudi, vendredi et samedi à 20 h 30.
Relâches exceptionnelles du 29 septembre au 3 octobre, du 13 octobre au 15 octobre et du 27 novembre au 3 décembre.
Église Saint Leu - Saint Gilles, 92, rue Saint-Denis Paris 1er.
>> Billetterie en ligne
Tournée
Samedi 4 octobre 2025 : Église Saint-Pierre - Saint- Paul, Lille(59).
Dimanche 12 octobre 2025 : Forum 104 - Crypte de la Chapelle de Notre-Dame des Anges, Paris 6e.
Mise en scène Emmanuel Ray
Avec : Stéphanie Lanier, Fabien Moiny, Mélanie Pichot et Emmanuel Ray.
Création musicale et interprétation au violoncelle : Léa Bertogliati.
Lumières : Natacha Boulet Räber.
Création sonore : Tony Bruneau.
Compagnie du Théâtre en Pièces.
Pour tout public à partir de 14 ans.
Durée : 1 h 20.
Du 18 septembre au 20 décembre 2025.
Jeudi, vendredi et samedi à 20 h 30.
Relâches exceptionnelles du 29 septembre au 3 octobre, du 13 octobre au 15 octobre et du 27 novembre au 3 décembre.
Église Saint Leu - Saint Gilles, 92, rue Saint-Denis Paris 1er.
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Tournée
Samedi 4 octobre 2025 : Église Saint-Pierre - Saint- Paul, Lille(59).
Dimanche 12 octobre 2025 : Forum 104 - Crypte de la Chapelle de Notre-Dame des Anges, Paris 6e.