© Marie Charbonnier.
Nous vous mettons au défi de rencontrer une personne qui n'aurait pas un jour éprouvé ce sentiment humain, qualifié souvent "de sentiment humain par excellence", parce qu'il engage à la fois le regard de l'autre, l'image de soi et la conscience intime de ses propres manquements. C'est d'ailleurs ce qui nous différencie de l'animal. Propos qui n'engagent que nous, et qui, surtout, ne prévaut en rien de l'infériorité de ce dernier !
Concernant l'humain, les angles philosophiques, littéraires ou surtout psychanalytiques font pléthore. Souvenons-nous de "L'Être et le Néant" de Jean-Paul Sartre pour qui la honte est l'épreuve par laquelle le sujet découvre sa facticité et sa condition d'objet pour autrui. Ou citons aussi Ruth Benedict dans "Le Chrysanthème et le sabre", ouvrage dans lequel sont évoquées les différences entre les cultures de la culpabilité, notamment occidentales, et qui s'opposent aux cultures de la honte comme au Japon par exemple.
Et puis, en 2025, une nouvelle approche de cet idéal de soi contrarié : une création théâtrale menée tambours battants par un duo de comédiennes virevoltantes, Élise Roth et Léa Roblot, deux artistes investies, entre autres, dans des démarches pédagogiques et artistiques autour du clown, comme celle du "Rire Médecin".
Concernant l'humain, les angles philosophiques, littéraires ou surtout psychanalytiques font pléthore. Souvenons-nous de "L'Être et le Néant" de Jean-Paul Sartre pour qui la honte est l'épreuve par laquelle le sujet découvre sa facticité et sa condition d'objet pour autrui. Ou citons aussi Ruth Benedict dans "Le Chrysanthème et le sabre", ouvrage dans lequel sont évoquées les différences entre les cultures de la culpabilité, notamment occidentales, et qui s'opposent aux cultures de la honte comme au Japon par exemple.
Et puis, en 2025, une nouvelle approche de cet idéal de soi contrarié : une création théâtrale menée tambours battants par un duo de comédiennes virevoltantes, Élise Roth et Léa Roblot, deux artistes investies, entre autres, dans des démarches pédagogiques et artistiques autour du clown, comme celle du "Rire Médecin".
© Marie Charbonnier.
N'oublions pas de citer également, en complicité à l'écriture, le célèbre Mickaël Délis à la tête de sa propre Compagnie "Passages", comédien très remarqué, récemment, dans une trilogie à nulle autre pareille (Actuellement à l'affiche à la Scala de Paris).
Quelque chose nous laissait supposer que ce trio ne pourrait faire que des étincelles. C'est pari gagné, et des étincelles, il y en a à plusieurs niveaux dans cet "acte théâtral voyeuriste par essence, et dans lequel l'influence du regard de l'autre et l'omniprésence de la honte en société est bien présente".
Les deux comédiennes ont su s'emparer du thème en question avec une élégance toute clownesque, burlesque et déjantée, comme pour mieux faire émerger en chaque spectateur et chaque spectatrice, ce qui est souvent tu et étouffé. Elles n'ont peur de rien dans leur approche créatrice, Élise et Léa. Ni de paraître ridicule ! Ni de dire ! Ni de faire ! Ni de faire rire, d'ailleurs. Cela dit, faut-il avoir peur de rire de notre propre honte et d'en parler ? Quand bien même ce sentiment provoque bien souvent de la gêne et de la retenue…
Le choix clownesque de la dramaturgie et de leur jeu s'inscrit très largement dans ce qu'Isabelle Barbéris nomme "l'opérateur d'affects" : rendre visible des micro-traumatismes comme ces petites hontes au quotidien ou aussi des hontes plus générationnelles, historiques, familiales. Et nos deux comédiennes excellent littéralement à cet effet. Elles ne se ménagent pas, loin de là, provoquant des éclats de rire à de nombreuses reprises, mais aussi frémissement introspectif des spectateurs.
Quelque chose nous laissait supposer que ce trio ne pourrait faire que des étincelles. C'est pari gagné, et des étincelles, il y en a à plusieurs niveaux dans cet "acte théâtral voyeuriste par essence, et dans lequel l'influence du regard de l'autre et l'omniprésence de la honte en société est bien présente".
Les deux comédiennes ont su s'emparer du thème en question avec une élégance toute clownesque, burlesque et déjantée, comme pour mieux faire émerger en chaque spectateur et chaque spectatrice, ce qui est souvent tu et étouffé. Elles n'ont peur de rien dans leur approche créatrice, Élise et Léa. Ni de paraître ridicule ! Ni de dire ! Ni de faire ! Ni de faire rire, d'ailleurs. Cela dit, faut-il avoir peur de rire de notre propre honte et d'en parler ? Quand bien même ce sentiment provoque bien souvent de la gêne et de la retenue…
Le choix clownesque de la dramaturgie et de leur jeu s'inscrit très largement dans ce qu'Isabelle Barbéris nomme "l'opérateur d'affects" : rendre visible des micro-traumatismes comme ces petites hontes au quotidien ou aussi des hontes plus générationnelles, historiques, familiales. Et nos deux comédiennes excellent littéralement à cet effet. Elles ne se ménagent pas, loin de là, provoquant des éclats de rire à de nombreuses reprises, mais aussi frémissement introspectif des spectateurs.
© Marie Charbonnier.
Le tout est mené tambours battants. Saluons leur grande performance physique et corporelle, finement chorégraphiée et agencée par Léïla Gaudin et Lucie Valon, à la frontière du "raté" clownesque, comme pour mieux pointer du doigt la vulnérabilité de chacune et chacun d'entre nous. Les corps de deux comédiennes parlent à corps déjantés, laissant émerger un jeu émotionnel complexe entre rire, malaise, intimité et libération.
Plusieurs tableaux du spectacle explosent de "couleurs" savamment construites. Et soulignons encore, au risque de nous répéter, leur performance scénique d'1 h 15, sans failles aucune. Nos deux expertes conférencières savent mettre en exergue, de façon absurde et sans filtre, les témoignages qu'elles ont récoltés, comme une mise à nu. L'élégante Léa Roblot du début, juchée sur des escarpins aux talons très hauts et vêtue de sa jolie robe bleue moulante, se transforme rapidement en clown loufoque et déjantée dont on pourrait se demander si elle ne s'est pas échappée de Saint-Anne…
Élise Roth, quant à elle, complice sans vergogne de sa partenaire, parvient, par ses extravagantes pantomimes et son jeu admirablement millimétré, à se transformer en experte croustillante et ô combien convaincante.
À n'en point douter, l'angle du surjeu et de la démesure dans le corporel et la scénographie est finement choisi et revendiqué. N'éprouvons aucune honte à dire que ce dernier est peut-être, par moments, un peu trop au détriment du fond. Mais choisir, c'est renoncer, n'est-ce pas !
Diantre ! Surtout ne pas en avoir honte !
◙ Brigitte Corrigou
Spectacle vu le mercredi 12 novembre 2025.
Plusieurs tableaux du spectacle explosent de "couleurs" savamment construites. Et soulignons encore, au risque de nous répéter, leur performance scénique d'1 h 15, sans failles aucune. Nos deux expertes conférencières savent mettre en exergue, de façon absurde et sans filtre, les témoignages qu'elles ont récoltés, comme une mise à nu. L'élégante Léa Roblot du début, juchée sur des escarpins aux talons très hauts et vêtue de sa jolie robe bleue moulante, se transforme rapidement en clown loufoque et déjantée dont on pourrait se demander si elle ne s'est pas échappée de Saint-Anne…
Élise Roth, quant à elle, complice sans vergogne de sa partenaire, parvient, par ses extravagantes pantomimes et son jeu admirablement millimétré, à se transformer en experte croustillante et ô combien convaincante.
À n'en point douter, l'angle du surjeu et de la démesure dans le corporel et la scénographie est finement choisi et revendiqué. N'éprouvons aucune honte à dire que ce dernier est peut-être, par moments, un peu trop au détriment du fond. Mais choisir, c'est renoncer, n'est-ce pas !
Diantre ! Surtout ne pas en avoir honte !
◙ Brigitte Corrigou
Spectacle vu le mercredi 12 novembre 2025.
"La Honte !"
© Marie Charbonnier.
Création 2025.
Conception et écriture : Léa Roblot et Élise Roth.
Avec : Léa Roblot et Élise Roth.
Collaboration à l'écriture : Mickaël Délis.
Complicité artistique : Lucie Valon et Leïla Gaudin.
Création lumières : Fabrice Peineau.
Par EKI Compagnie.
Tout public.
Durée 1 h 15.
A été représenté du 17 octobre au 16 novembre 2025.
Théâtre La Reine Blanche - Scène des Arts et des Sciences, 2 bis, passage Ruelle, Paris 18ᵉ.
Téléphone : 01 40 05 06 96.
>> reineblanche.com
Conception et écriture : Léa Roblot et Élise Roth.
Avec : Léa Roblot et Élise Roth.
Collaboration à l'écriture : Mickaël Délis.
Complicité artistique : Lucie Valon et Leïla Gaudin.
Création lumières : Fabrice Peineau.
Par EKI Compagnie.
Tout public.
Durée 1 h 15.
A été représenté du 17 octobre au 16 novembre 2025.
Théâtre La Reine Blanche - Scène des Arts et des Sciences, 2 bis, passage Ruelle, Paris 18ᵉ.
Téléphone : 01 40 05 06 96.
>> reineblanche.com