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"L'enfant cachée dans l'encrier"… Une forme d'enfance perpétuelle… et le drame de la vie sous-jacent

"L'enfant cachée dans l'encrier", Théâtre des Abbesses, Paris

Joël Jouanneau est un familier de Thomas Bernhard, de Samuel Beckett et de William Shakespeare. Il écrit patiemment et méthodiquement un répertoire pour la jeunesse. De fables, de contes mêlant gravité et cocasserie.



© Raphaël Arnaud.
Le récit de "L'enfant cachée dans l'encrier" (qu'il met en scène) décrit les vacances de l'enfant qu'il était dans le château du père. Du fond d'un grenier réapparaissent les traces de l'enfance, le cahier intime, qui laissent au moment de leur redécouverte transparaître l'empreinte sur l'homme devenu adulte.

Dans "L'enfant cachée dans l'encrier", il y a la sœur perdue dans l'encrier, le père grand amiral, les récits d'aventures et de marins, les récits de métamorphose. Il est question de la solitude qui gagne, de l'ennui qui se diffuse et ne doit pas nuire (pas ennuire). Qui trouve sa diversion (son divertissement) dans l'imaginaire et l'écriture.

L'incertitude syntaxique taraude tout le texte. Toute action est exprimée par l'infinitif du verbe. L'intention y est ainsi dans sa toute puissance. D'une certaine façon portée avec aussi puissance et finesse par le comédien Dominique Richard, tous les temps de la représentation se trouvent contaminés par cet infinitif omniprésent.

© Raphaël Arnaud.
Le spectacle conduit ainsi un mode qui participe du passé, vit un présent indéfini et dénote une manière de doute lié à l'absence, comme à la présence. Posant ainsi une forme d'enfance perpétuelle et le drame de la vie sous-jacent.

La mise en scène, rigoureuse, exploite de manière minimaliste les codes du théâtre. Plancher comme un radeau, objets épars, ancre tombant des cintres se balançant. Le comédien, liseur, conteur, fabulateur, acteur remplit l'espace et le temps d'imaginaire. Le public applaudit.

"L'enfant cachée dans l'encrier"

© Raphaël Arnaud.
Texte : Joël Jouanneau.
Mise en scène : Joël Jouanneau.
Avec : Dominique Richard.
Scénographie & costumes : Vincent Debats.
Lumières : Thomas Cottereau.
Son : Samuel Favart.
Collectif Râ, Théâtre en chemin.
Durée : 1 h.

Du 29 mai au 2 juin 2017.
Lundi à 14 h 30 et 19 h 30, mardi à 10 h et 15 h 15, mercredi à 15 h, jeudi à 10 h et 14 h 30, vendredi à 15 h 15 et 19 h 30.
Théâtre des Abbesses, Paris 18e, 01 42 74 22 77.
>> theatredelaville-paris.com

Jean Grapin
Mercredi 31 Mai 2017
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