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"Grand ReporTERRE #4" Alternatives et résistances pour relever le défi climatique

"Le but de nos actions, de nos interventions, est de contribuer à l'émergence d'un mouvement populaire radical non-violent, un mouvement de masse." À la suite du spectacle "Grand ReporTERRE #4", une initiation à l'action non-violente était proposée aux spectateurs qui le souhaitaient par l'association Alternatiba ANV Lyon en partenariat avec le Théâtre Point du Jour.



9 mai 2021, "Marche d'Après" organisée en inter-orga avec Lyon Climat et vingt autres asso/collectifs & syndicats, au moment du vote de la Loi Climat et Résilience © Michael Augustin.
Alternatiba ANV Rhône organise régulièrement des formations pour faire de l'action non-violente et de la désobéissance civile un moyen d'action légitime et efficace, accessible au plus grand nombre, et ainsi contribuer à l'émergence d'un large mouvement citoyen populaire, radical et non-violent pour relever le défi climatique !

Pendant deux heures, le public est invité à passer du statut de témoin à celui d'acteur, en enclenchant une réflexion sur la non-violence puis en s'appropriant des postures pour désamorcer des tensions au cours de mises en situation.

Un mouvement radical de masse pour changer le système, mouvement avant tout démocratique en lutte contre le dérèglement climatique. Mais action non-violente ne veut pas dire passivité. "Contrairement aux mouvements pacifistes, la recherche du conflit fait partie des moyens d'action mis en place", annonce Anne-Sophie, l'une des intervenantes de la formation.

Nous sommes dans le hall du théâtre, une heure avant la représentation. Anne-Sophie et Xavier préparent les derniers détails de la formation qu'ils donneront ensuite. "Nous pratiquons la parité, cela fait partie de la philosophie du mouvement. Lors de nos formations, il y a systématiquement une femme et un homme. D'autre part, nous avons en permanence un cercle de veille féministe."

7 octobre 2021, Apérotiba d'anniversaire, soirée festive marquant les 7 ans du groupe local et les 5 ans du bar associatif l'Alternatibar - Maison des Alternatives © Louis Rouquette.
Le réseau ANV-COP21, autre bannière dont la signification est Action Non Violente (qui rassemble plus de 60 groupes d’action), exprime le sens de l'action de ces associations citoyennes : agir pour que mobiliser toujours plus de personnes à l'urgence climatique et créer des alternatives économiques.

Des actions qui peuvent prendre toutes les formes possibles, massives ou isolées. Des exemples : le vol des chaises dans les agences bancaires principalement la BNP pour dénoncer les fraudes financières de cette banque via les îles Caïmans (les bien nommés : "Faucheurs de chaises"), le blocage de quatre tours à la Défense en 2019 (2 000 personnes et des alliances avec Greenpeace, Attack, etc.), l'occupation du tarmac de Roissy et… le décrochage des portraits de Macron dans les mairies sur tout le territoire.

"Nos actions sont non-violentes, mais déterminées. Le but n'est pas d'effrayer, mais si jamais les employés stressent, les anges gardiens interviennent pour faire baisser la tension et leur expliquer nos buts", explique Xavier.

Actions non-violentes, maîtrisées, responsables, et à visages découverts du côté des ANV. La réponse gouvernementale est plutôt violente puisqu'elle est judiciaire. Pour les décrochages de portraits de Macron dans les mairies, 83 procès ont été déclenchés.

"Grand ReporTERRE #4" © Tom Dachs.
"Souvent les maires ne portent pas plainte, c'est alors le procureur général qui déclenche la procédure", explique Anne-Sophie qui a dû subir elle-même un procès pour décrochage. On les accuse de vol en réunion. Avec pour butin le portrait officiel de Macron. La justice se ridiculise toute seule. Malgré cela, il a fallu faire appel puis poursuivre en cassation pour que tous soient relaxés. Ces procès sont des actions violentes contre des individus, et contre un mouvement qui se veut grandissant et de plus en plus exigeant vis-à-vis des décisions gouvernementales (voir le procès du siècle).

Voilà pour le chapitre "désobéissance civile". Mais les associations citoyennes qui font partie d'Alternatiba ne se contentent pas d'agir pour éveiller les consciences et mobiliser les volontés, elles organisent comme c'était le cas au théâtre Point du Jour ce dimanche 21 novembre, des formations…

"Et aussi des camps climats par exemple. L'été dernier, ces camps ont réuni plus de 4 000 personnes. C'est l'occasion de se former à une économie responsable, à viser la sobriété et à développer des idées pour lutter contre les dérèglements climatiques. Et nous avons aussi créé sur Lyon un lieu, l'Alternatibar, lieu d'échanges, de rencontre et de convivialité", raconte Xavier.

"Grand ReporTERRE #4" © Tom Dachs.
Soutien aux monnaies locales comme l'Eusko au pays Basque, la plus grande monnaie locale d'Europe, ou à la Gonette pour Lyon, organisation d'un festival sur la région lyonnaise en juillet prochain, actions chocs encore en préparation.

"En 2016, des militantes des faucheurs de chaise ont transformé une agence BNP en crèche, dans le XIXe arrondissement pour dénoncer l'évasion fiscale. Dans ce cas-là, c'est la directrice d'agence qui a négocié avec la police pour que l'action se termine dans le calme", ajoute encore Anne-Sophie.

Le mouvement se refuse pourtant à devenir véritablement politique. Mouvement de masse oui, mais il n'est pas ici question de centralisation des pouvoirs. Simplement une galaxie de petites associations qui s'accordent sur des idées, une urgence, un respect de chacun.

>> alternatiba.eu/rhone
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Bruno Fougniès
Mardi 7 Décembre 2021
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