Danse

Festival Kalypso… La rue dans tout son Art !

Pour sa troisième édition et pour fêter les trente ans du Hip-Hop, le festival de danse Kalypso, organisé par Mourad Merzouki, nous fait entrer, autour de battles, de duos, de trios et de danses de groupe, dans l'univers des danses de la rue avec deux spectacles, "Flaque" et "Dans l'arène", pour ouvrir le bal de ce festival.



Cie YZ © Willow Evann.
C'est du Street Art comme on dit in english et que l'on peut passablement traduire, à ceux pour qui les mots "parking" ou "week-end" font pleurer de rage, par "Danses de la rue". Sauf qu'elles sont apparues dans la rue mais que depuis plusieurs années déjà, elles entrent dans la danse de la Danse avec des festivals qui ont (et je ne me gêne pas avec ce jeu de mots !) pignon sur rue maintenant.

"Dans l'arène" de la compagnie YZ, c'est la rencontre de deux danseurs aux gestuelles différentes, avec tout d'abord Yanka Pedron aux mouvements parfois arrêtés, souvent décomposés ou par intermittence ralentis, et dans lesquels jambes, bras, tronc et poitrine deviennent indépendants. Il fait du corps un puzzle organique, comme des parties détachables qui aurait chacune leur vie propre. Le corps devient la caisse de résonance de vibrations rythmées à un temps qui semble suspendu, faisant mentir sauvagement Newton, et où le corps continue de se mouvoir. Il devient comme un robot.

Chez Bouside Aït Atmane, les mouvements sont beaucoup plus amples, élancés avec un jeu plus marqué dans le rythme des membres inférieurs et supérieurs, ceux-ci sont comme un miroir inversé de ceux-là avec des déhanchements de jambes bien découpés. Autant l'énergie de Yanka Pedron est contenue pour faire "vibrer" son corps, autant Bouside Aït Atmane a, et là la répétition s'impose, une énergique énergie nourrissant une gestuelle "extravertie".

Cie Defracto © Pierre Morel.
La rencontre des deux danseurs permet d'approcher deux styles de danse qui se marient comme "fromage et dessert". Les répliques et "l'humour" fusent aussi pour planter un battle*. Sauf que cela n'apporte pas de réelle plus-value artistique. Les danses ne méritent pas ce détour car elles se suffisent à elle-même.

Ensuite, il y a "Flaques" de la compagnie Defracto avec, aux commandes, un régisseur (David Maillard) et deux danseurs (Éric Longequel, Guillaume Martinet) qui jouent de la balle avec une trame qui se construit autour de celle-ci.

Les mouvements sont répétitifs à dessein avec une balle qui est envoyée de la main droite vers la main gauche en passant sous l'aisselle gauche après avoir frôlé le cou. Ce sont des scènes où les danseurs nous amènent dans des univers où la danse devient théâtre de mouvements. C'est drôle, dit presque sans mot, même si le spectacle démarre et finit avec des mots laconiques et comiques.

Cie Defracto © Pierre Morel.
Il y a aussi un jeu corporel sur une mélodie classique au piano dans laquelle les corps suivent, par les déplacements au sol, le rythme de la musique. Le classique, danse composée de mouvements d'élévation du corps, se retrouve plaqué au sol. Il y a un lien entre corps, son, musique et balles. Le corps se fait l'écho des trajets sonores, musicaux et accidentels des balles.

C'est audacieux dans la prise de risque que les danseurs prennent aussi pour faire exister un autre personnage, celui du régisseur son. C'est du théâtre dansé où les scènes font apparaître du cirque, du jonglage, du mime. C'est beau, drôle et bien articulé.

*Utilisé principalement dans son anglicisme, un battle est un terme hip-hop qui désigne une compétition entre rappeurs ou danseurs.

"Flaque"
Par la compagnie Defracto.

Écriture et interprétation : David Maillard, Éric Longequel, Guillaume Martinet.
Régie plateau et création musicale : David Maillard.
Mise en scène : Johan Swartvagher.
Regard extérieur jonglage : Jay Gilligan.
Création lumière : David Carney.

YZ © Willow Evann.
"Dans l'arène"
Par la compagnie YZ.

Chorégraphie et interprétation : Bouside Aït Atmane et Yanka Pédron.
Regard extérieur : Coline Siberchicot.
Création lumière : Ydir Acef.
Création musicale : Charles Amblard.
Régie son et lumière : Olivier Pierre.
Technicienne lumière : Maïwenn Coizic.
Technicien plateau : Paul Argis.
Apprentie technique : Morgane Diedrich.

Du 5 novembre au 20 décembre 2015.
Lieux des différentes représentations du festival Kalypso :
5 novembre au 20 décembre : Académie Fratellini, Saint-Denis (93).
17 au 21 novembre : Maison des Art, Créteil (94).

Cie Defracto © Pierre Morel.
18 et 19 novembre : La Villette, Paris (19e).
22 novembre : Théâtre Debussy, Maison Alfort (94).
22 novembre : Théâtre Louis Aragon , Tremblay en France (93).
24 au 29 novembre : Maison des Métallos , Paris (11e).
26 novembre : Espace Renaudie, Aubervilliers (93).
26 et 27 novembre : Espace 1789 , Saint Ouen (93).
28 novembre : Maison de la musique et de la danse , Bagneux (92).
29 novembre au 5 décembre : Les Gémeaux , Sceaux (92).

Réservation : 01 72 59 40 30.
>> academie-fratellini.com
>> ccncreteil.com/kalypso

Durée : 1 h 30.

Safidin Alouache
Mercredi 18 Novembre 2015
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