Théâtre

"Entre-temps, j’ai continué à vivre"… Une plongée dans un quotidien théâtral

"Entre-temps, j’ai continué à vivre", Le Lucernaire, Paris

Ce sont neuf histoires qui se recoupent et s’imbriquent, tissées par des liens sociaux, humains et familiaux, neuf petites histoires qui forment une grande histoire, celui de familles, d’amis autour d’un puits qui va fermer, la "Marie-Christine".



© Pierre Dolzani.
Neuf scènes comme neuf tranches de vie qui se découpent au sécateur comme ils pourraient se découper avec un fil à couper le beurre. Les scènes s’emboîtent les unes aux autres, tenues par un même fil rouge, celui du dernier puits (d'extraction de la potasse) "Marie-Christine" qui va fermer ; et autour duquel se tissent des histoires marquées par différentes situations émotionnelles des personnages. Autour de cette mine située dans l’Est de la France, la pièce est comme un écho à la désindustrialisation actuelle dans notre pays.

Ce sont des histoires autour d’une blessure, sociale, humaine, et qui continue de planer dans les rapports entre les personnages. Une blessure qui fait appel à d’autres blessures ancrées dans des vies bousculées, réveillant des envies endormies, des ambitions enterrées tout en rappelant des avenirs sans avenir. Entretemps, ils ont continué à vivre comme si de rien n’était. L’ossature de la pièce suit un fil dramaturgique où les relations humaines entre les personnages s’imbriquent les unes aux autres, comme ils s’appartenaient à un même milieu, à une même famille.

© Pierre Dolzani.
La mise en scène et la scénographie sont simples et campent des intérieurs qui ne donnent pas pour autant une atmosphère intimiste. La simplicité est le cachet de la pièce et elle est servie par un jeu naturel, parfois décalé de certains personnages. Ce sont différentes tranches de vie contées par des gens ordinaires, des gens happés par la vie. Les scènes relatent des histoires familiales ou amicales timbrées de tension, de violence morale et aussi de tendresse et d’humour sans qu’il n’y ait rien de larmoyant ou de monotone. On oscille entre différentes atmosphères, différents états émotionnels. L’écriture est découpée autour de phrases courtes, concises, hachées et vives. L’auteur est allé à l’essentiel sans fioriture tout en faisant un focus sur les sentiments dans leurs contextes humains et sociaux.

Différents personnages dans différentes situations à différents lieux, au-delà de la découpe scénique et dramaturgique, les personnages semblent être très proches les uns des autres. Nous sommes dans des rapports de contiguïté entre les personnages, contiguïté humaine, familial et sociale. Et l’identité est de mise, une identité basée sur des rapports d’opposition et de franche camaraderie.

"Entre-temps, j’ai continué à vivre"

© Pierre Dolzani.
Auteur et metteur en scène : Jacques Hadjaje.
Assistante à la mise en scène : Mathilde Cazeneuve.
Avec : Isabelle Brochard, Anne Didon, Guillaume Lebon, Delphine Lequenne, Laurent Morteau.
Scénographie et costumes : Anne Lezervant.
Création lumières : Franck Pellé.
Création sonore : Jean-Damien Ratel.
Durée : 1 h 15.

Du 20 novembre 2013 au 2 février 2014.
Du mardi au samedi à 21 h 30, dimanche à 17 h.
Horaires exceptionnels : le 25 décembre et le 1er Janvier à 17 h.
Théâtre Le Lucernaire, Paris 6e, 01 45 44 57 34.
>> lucernaire.fr

Safidine Alouache
Mardi 17 Décembre 2013
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