© Simon Gosselin.
Guidés par la loupiote vacillante d'une guide au ton enjoué (et délicieusement surjoué) s'évertuant à redonner des couleurs à l'histoire un brin ressassée de la découverte fortuite de ce joyau préhistorique par un jeune garçon et son chien un beau matin de septembre 1940, nous pénétrons "aveuglement" dans l'un des Saints des Saints de la Préhistoire. Sensé éclairer la salle des Taureaux, le faisceau lumineux de ladite guide se perd non sans malice au-dessus de nos têtes, n'éclairant rien d'autre que les ténèbres abyssales… de la salle de spectacle. Décrivant avec moult détails la posture de l'auroch de l'art pariétal (dont on ne voit goutte), notre guide, flanquée très vite d'un inénarrable conteur déjanté en peau de bête, donne le ton : cette traversée des temps farouches jusqu'aux nôtres, tout autant flippants, s'annonce émaillée de vraies surprises à connotations ludiques assumées.
La visite guidée de "la chapelle Sixtine de la préhistoire", telle que la dénommait le très éminent et fort sérieux abbé Breuil, va donner lieu à des saillies délirantes contrastant avec le sujet doctement "pré-historique" des énigmes posées par les peintures rupestres d'un homme-oiseau ou encore d'un auroch à l'œil problématique. Pour mettre ainsi en abyme le récit (réécrit) de la préhistoire et la réalité (recomposée) de notre monde contemporain, plusieurs personnages vont intervenir, faisant lien entre les époques.
La visite guidée de "la chapelle Sixtine de la préhistoire", telle que la dénommait le très éminent et fort sérieux abbé Breuil, va donner lieu à des saillies délirantes contrastant avec le sujet doctement "pré-historique" des énigmes posées par les peintures rupestres d'un homme-oiseau ou encore d'un auroch à l'œil problématique. Pour mettre ainsi en abyme le récit (réécrit) de la préhistoire et la réalité (recomposée) de notre monde contemporain, plusieurs personnages vont intervenir, faisant lien entre les époques.
© Simon Gosselin.
D'abord un frère thésard et sa grande sœur aussi bavarde qu'intrépide, précipitant ad vitam æternam les deux découvreurs de peintures au fond du puits sans fond des énigmes sans réponse. Ensuite la relation – compliquée, mais en fin de "conte" les unissant dans le même trip – entre une jeune fille, en quête d'un monde rêvé propre à la délivrer du nôtre chaotique, et son pater familias, anthropologue, savant sachant inventant à l'envi la vie d'antan à l'échelle de ses projections personnelles. Sans oublier une plasticienne du XXIe siècle, le nôtre, si absorbée (au sens premier du terme) par la reproduction de l'auroch du fond du puits dont elle entend fidèlement reproduire le moindre mouvement, qu'elle en perd pied… au bord d'en "tourner de l'œil".
L'interprète de la préhistoire, anthropologue de son état, dissertera entre autres sur les conceptions opposées de philosophes comme Rousseau (innocence de l'homme avant d'être corrompu par la civilisation) ou Hobbs (à l'état de nature, l'homme est un loup pour l'homme), pour conclure à la pétrification de notre monde nécrosé tournant résolument le dos au "carnaval des possibilités" animant les sociétés d'antan… Avant que sa fille, adepte, elle aussi, d'un autre monde, ne lui remette la tête à l'endroit en lui faisant réciter l'alphabet… à l'envers. S'ensuivra une scène onirique – une scène d'anthologie anthropologique – où elle, munie d'ailes, et lui, de cornes, redonneront vie au monde d'avant, un monde où hommes et animaux étaient confondus au sein de l'Ordre du Vivant.
L'interprète de la préhistoire, anthropologue de son état, dissertera entre autres sur les conceptions opposées de philosophes comme Rousseau (innocence de l'homme avant d'être corrompu par la civilisation) ou Hobbs (à l'état de nature, l'homme est un loup pour l'homme), pour conclure à la pétrification de notre monde nécrosé tournant résolument le dos au "carnaval des possibilités" animant les sociétés d'antan… Avant que sa fille, adepte, elle aussi, d'un autre monde, ne lui remette la tête à l'endroit en lui faisant réciter l'alphabet… à l'envers. S'ensuivra une scène onirique – une scène d'anthologie anthropologique – où elle, munie d'ailes, et lui, de cornes, redonneront vie au monde d'avant, un monde où hommes et animaux étaient confondus au sein de l'Ordre du Vivant.
© Simon Gosselin.
Ainsi parlaient l'anthropologue savant et sa fille rebelle, constatant l'avènement de "l'homo narrans", inventeur de nous-mêmes. Dans une scénographie rebondissant d'effets spéciaux visuels et sonores, nous sommes, avec un humour délibérément potache, invités à "réfléchir" – dans ce miroir tendu par une représentation théâtralisée – nos certitudes établies. Une déconstruction à haute valeur de mise en jeu aboutissant à la remise en cause des antiennes gravées à la fois dans la roche et les tablettes numériques.
Et si finalement tout n'était que récits, qu'interprétations d'une réalité insaisissable en dehors du champ de nos désirs à chacun ? Et si les représentations du monde d'avant, présent et d'après, n'étaient qu'un test de Rorschach grandeur nature, propre à dessiner les contours de nos propres aspirations et/ou craintes ? Nous sommes faits de l'étoffe (cf. Shakespeare)… des récits qui nous traversent, pour, à notre tour, en tisser d'autres à notre mesure… Est-ce à conclure que tous les récits se valent ? Certes non, mais ceci serait encore une autre "histoire" à raconter…
Un drôle de spectacle, délirant à souhait… et sérieusement édifiant quant à nos capacités à inventer le réel.
◙ Yves Kafka
Vu le jeudi 25 septembre 2025 au Glob Théâtre à Bordeaux.
Et si finalement tout n'était que récits, qu'interprétations d'une réalité insaisissable en dehors du champ de nos désirs à chacun ? Et si les représentations du monde d'avant, présent et d'après, n'étaient qu'un test de Rorschach grandeur nature, propre à dessiner les contours de nos propres aspirations et/ou craintes ? Nous sommes faits de l'étoffe (cf. Shakespeare)… des récits qui nous traversent, pour, à notre tour, en tisser d'autres à notre mesure… Est-ce à conclure que tous les récits se valent ? Certes non, mais ceci serait encore une autre "histoire" à raconter…
Un drôle de spectacle, délirant à souhait… et sérieusement édifiant quant à nos capacités à inventer le réel.
◙ Yves Kafka
Vu le jeudi 25 septembre 2025 au Glob Théâtre à Bordeaux.
"Caverne"
© Simon Gosselin.
Un spectacle conçu par le Collectif OS'O.
Avec : Elsa Bosc, Roxane Brumachon, Bess Davies, Mathieu Ehrhard, Baptiste Girard, Shanee Krön, Tom Linton.
Dramaturgie et écriture : Olivia Barron, Vincent Toujas et Tom Linton.
Scénographie : Hélène Jourdan.
Lumières : Jérémie Papin.
Costumes : Aude Desigaux.
Création sonore et musique : Martin Hennart.
Maquillages : Carole Anquetil.
Régie générale et son : Benoit Lepage.
Régie lumière : Véronique Bridier.
Sculpture et décoration : Charlotte Wallet, Marie Maresca et Lisa Porteix.
Construction lit : Loïc Ferrié et Benoit Lepage.
À partir de 12 ans.
Durée : 1 h 45.
A été représenté les mercredi 24 et jeudi 25 septembre 2025 au Glob Théâtre de Bordeaux (33).
Tournée
15 et 16 octobre 2025 : Scène Nationale de Bayonne Sud-Aquitain, Bayonne (64).
27 mars 2026 : Théâtre, Melun (78).
2 avril 2026 : Gallia Théâtre, Saintes (17).
Avec : Elsa Bosc, Roxane Brumachon, Bess Davies, Mathieu Ehrhard, Baptiste Girard, Shanee Krön, Tom Linton.
Dramaturgie et écriture : Olivia Barron, Vincent Toujas et Tom Linton.
Scénographie : Hélène Jourdan.
Lumières : Jérémie Papin.
Costumes : Aude Desigaux.
Création sonore et musique : Martin Hennart.
Maquillages : Carole Anquetil.
Régie générale et son : Benoit Lepage.
Régie lumière : Véronique Bridier.
Sculpture et décoration : Charlotte Wallet, Marie Maresca et Lisa Porteix.
Construction lit : Loïc Ferrié et Benoit Lepage.
À partir de 12 ans.
Durée : 1 h 45.
A été représenté les mercredi 24 et jeudi 25 septembre 2025 au Glob Théâtre de Bordeaux (33).
Tournée
15 et 16 octobre 2025 : Scène Nationale de Bayonne Sud-Aquitain, Bayonne (64).
27 mars 2026 : Théâtre, Melun (78).
2 avril 2026 : Gallia Théâtre, Saintes (17).
© Simon Gosselin.