Danse

"Boxe Boxe Brasil"… Sport, hip-hop et musique classique sous le soleil du Brésil

Créée en 2010, la pièce "Boxe boxe" devient, pour cette deuxième édition, brésilienne avec les danseurs de Rio de Janeiro. Différents univers sont aussi intégrés. Le sport se marie avec le cirque et le hip-hop et Mourad Merzouki a aussi convié sur scène le quatuor Debussy.



© Gilles Aguilar.
La lumière se lève sur un ring aux cordes un peu distendues cachées par un voile. Le quatuor Debussy, composé de deux violons, d'un alto et d'un violoncelle, est assis dans les coins. Un ensemble de gants de boxe jaunes surgit, tenu par des membres supérieurs en partie cachés. C'est comme un ballet de poings par la gestuelle qui en est proposée. Apparaissent ensuite les corps des boxeurs enchevêtrés les uns sur les autres.

Puis, rapidement, les chorégraphies s'enchaînent autour d'accessoires comme punching-ball, poires de frappe et balles de boxe. Pour autant, Mourad Merzouki a réussi à décrocher la boxe de son milieu en l'emmenant vers d'autres bords, d'autres rivages. Nous sommes dans l'ailleurs au carrefour de différents arts. Ce sont en effet plusieurs univers qui se marient autour de ce sport avec le hip-hop, le cirque, des musiques autant classiques que de tango et de flamenco.

Le Brésil, avec ses couleurs, sa capoeira et ses douze danseurs de Rio de Janeiro, est assurément très présent. Dans la scénographie, des accessoires de fer forgé trônent sur les planches. Les musiciens sont assis sur des fauteuils en roulette qui leur permettent un déplacement aisé pour pouvoir être compagnons à part entière de jeu.

© Gilles Aguilar.
Avec leurs instruments, ils sont un élément important en étant toujours en interaction avec les autres artistes. Ils changent de posture, suivent ceux-ci, sont souvent assis, se lèvent parfois, se déplacent aussi en s'avançant ou reculant vers eux. La création est tout autant sportive que musicale et dansée.

En 2010, Mourad Merzouki avait créé ce spectacle. Ancien boxeur, il a de très bons restes et le montre dans, entre autres, une scène avec un punching-ball où il donne des coups de pied et de poings et où il est aisé de s'apercevoir que la boxe est artistique dans sa gestuelle. C'est le seul moment où le chorégraphe-danseur montre toute la poétique de la boxe sans autre support.

La création est découpée en tableaux. La lumière apporte une clarté ocre, presque intime à chaque fois. Il y a de très beaux moments comme celui des trois danseurs, habillés chacun d'une chemise volante. Ils effectuent des torsions de bras très onduleux, les membres supérieurs tournant un peu sur eux-mêmes tout en montant et descendant dans les airs. C'est vif, sans être absolument rapide, avec une gestuelle tout en poésie, car tout est en rondeur, comme des virgules corporelles qui se dessinent avec les bras appuyés par une ondulation des troncs.

© Gilles Aguilar.
Il y a aussi cet ensemble de mouvements en symbiose sur trois niveaux où les interprètes se déplacent en trio du haut vers le bas de la scène. C'est vif, physique à souhait et rapide avec, par intermittence, des allongements au sol sur le ventre où les jambes droites sont lancées en l'air comme des dards qui se replient ensuite vers les genoux, donnant une dynamique très vive à la chorégraphie. C'est un grand ballet sportif synchronisé dans lequel les crochets et les coups de jambes sont envoyés, toujours dans le vide, dans des déplacements, en avant et en arrière.

C'est aussi le cirque qui est convié dans ses acrobaties, presque comiques parfois dans les attitudes. Cela devient un véritable théâtre corporel, avec même un quasi-monsieur Loyal, au centre des planches, vêtu en poire de vitesse, qui devient un moment une sorte d'animateur du spectacle.

C'est beau, très physique et le mariage de la musique classique avec le hip-hop est très réussi.

"Boxe Boxe Brasil"

© Michel Cavalca.
Chorégraphie, direction artistique : Mourad Merzouki.
Conception musicale : Quatuor Debussy, AS'N.
Quatuor Debussy : Christophe Collette (premier violon), Emmanuel Bernard (deuxième violon), Vincent Deprecq (alto), Cédric Conchon (violoncelle).
Danseurs : Diego Alves Dos Santos dit Dieguinho, Leonardo Alves Moreira dit Leo, Cleiton Luiz Caetano De Oliveira, Helio Robson Dos Anjos Cavalcanti, Geovane Fidelis Da Conceição, Diego Gonçalves Do Nascimento Leitão dit White, Wanderlino Martins Neves dit Sorriso, Jose Amilton Rodrigues junior dit Ze, Alexsandro Soares Campanha Da Silva dit Pitt.
Lumières : Yoann Tivoli assisté de Nicolas Faucheux et Julie-Lola Lanteri-Cravet.
Réadaptées par Cécile Robin.
Scénographie : Benjamin Lebreton, Mourad Merzouki.
Costumes : Émilie Carpentier, assistée de Pierre-Yves Loup Forest.
Construction : Patrick Lerat.
Peintures : Camille Courier de Méré et Benjamin Lebreton.
Régie lumière : Fabrice Sarcy.
Régie son : Capucine Catalan.
Régie scène : François Michaudel.
Durée : 1 h.

© Michel Cavalca.
Sur des musiques d'Antonio Pinto et Jacques Morelenbaum ("A carta de doara"), Giuseppe Verdi/Emanuele Muzio ("Luisa Miller"), Marc Mellits (Quatuor à cordes n°4 "Prometheus", extraits des 5e, 6e et 7e mouvements), Heitor Villa-Lobos (Quatuor à cordes n°1 "Brincadeira", 2e mouvement), Antonio Carlos Jobim/Luiz Bonfa ("Manha de carnaval"), Rolfe Kent ("Dexter theme"), Leo Brouwer ("Un dia de noviembre"), Astor Piazzolla ("Escualo"), Joseph Haydn (Quatuor à cordes op. 33 n°5, Largo e cantabile), AS'N (création d'après un thème de Astor Piazzolla), Astor Piazzolla ("Chador"), AS'N (création originale), AS'N/Dorian Lamotte/Seok Woo Toon ("Flamenco") et Antonin Dvořák (Quatuor à cordes n°12 op.96 "Américain", lento).
Arrangements : Matteo Del Solda, Thibault Lepri, Robin Melchior et Nicolas Worms.

Du 29 janvier au 1er février 2022.
Samedi, lundi et mardi à 20 h 30 ; dimanche à 15 h et 19 h 30.
Philharmonie de Paris, Paris 19e, 01 44 84 44 84.
>> philharmoniedeparis.fr

© Michel Cavalca.

Safidin Alouache
Mardi 1 Février 2022
Dans la même rubrique :