Théâtre

Avec fougue et générosité, Maggiani fait voyager le spectateur dans la "selve obscure" de Dante

"Nous n'irons pas ce soir au paradis", Théâtre des Abbesses, Paris

Reprise Serge Maggiani continue dans une manière très personnelle un voyage littéraire passionnant amorcé en 2008 à Avignon avec Romeo Castellucci. Le comédien, soutenu dans son aventure par Valérie Dréville, porte la parole d’un célébrissime poète, trop célèbre pour n’être point méconnu. Dante.



© Virginie Cardot
Le comédien est enthousiaste et érudit. La découverte de Dante Alighieri, monument de la littérature, se fait en toute simplicité.
Entrer dans la forêt profonde… de ce texte, aller à la rencontre de ses obscurités, bénéficier de ses clairières. Écouter dans la pénombre d’une salle de théâtre. Voir le comédien sur scène. Suivre les rais de lumière. Écouter, rêver par la médiation simple et directe du comédien plein de tact et d’humour. Accompagner le parcours, entreprendre le voyage. Le spectateur suit le cheminement de "l'Alighieri" sans aucune réticence… Le guide est hors pair.

Il mêle citations, explications, commentaires et anecdotes. Et le spectateur regarde l’acteur attentionné, plein de fougue. Et de cette parole, de ces gestes généreux et retenus, naît un art de la conversation et de l’écoute. Délicieux .

© Virginie Cardot
Emporté par la puissance du verbe, le spectateur voyage à travers la "selve obscure". Il est emporté dans le rêve. Il côtoie ce poète né au paradis de la Toscane, qui connut l’enfer de Florence, l’exil et l’errance. Prêt à suivre le poète en ses trois cantiques que sont l’Enfer, le Purgatoire, le Paradis et dont le spectacle ne forme qu’une introduction déjà haletante.

Serge Maggiani fait revivre la nuit du 7 au 8 Avril 1300, semaine de la passion au cours de laquelle Dante, en un instant prodigieux, conjugue sa vie tourmentée et la littérature. Les géants de l’antiquité romaine et juive, Virgile, les prophètes, sont devenus ses compagnons et donnent sens au quotidien. En trois cantiques il est fait présent au lecteur des émotions d’une vie cristallisée. Pour la postérité.

Bien avant Montaigne, Cervantès, Proust ou Borges, Dante sait que la saveur des mots donne le goût d’une renaissance perpétuelle. Que le lecteur est le rêveur éveillé du récit. Comme l’est aussi le spectateur de théâtre.

Et le récit visionnaire de Dante s’envole dans le sous - venir qui emplit le présent du monde. Tous les présents du Monde.

Le spectateur applaudit.

"Nous n'irons pas ce soir au paradis"

© Virginie Cardot
Textes : "La Divine Comédie", "L’Enfer" (Chants I, II, III, IV, V) de Dante Alighieri.
De et avec : Serge Maggiani.
Récit & commentaires : Serge Maggiani.
Collaboration : Valérie Dréville.
Dispositif : Yves Collet.
Durée : 1 h 10.

Du 26 mars au 11 avril 2014.
Du mercredi au vendredi à 18 h.
Théâtre des Abbesses, Paris 18e, 01 42 74 22 77.
>> theatredelaville-paris.com

Reprise
Du 1er au 11 avril 2015.
Mercredi, jeudi et samedi à 18 h.
Théâtre des Abbesses,Paris 18e, 01 42 74 22 77.
>> theatredelaville-paris.com

Jean Grapin
Mardi 25 Mars 2014
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