Théâtre

"Adieu Ferdinand ! Suite et fin" Les trois derniers chapitres d’une saga théâtrale de presque 40 ans

En 1981 (bientôt quarante ans), Philippe Caubère créait à Avignon "La danse du Diable, histoire comique et fantastique". C'était la naissance du "Roman d'un acteur" qui avait Ferdinand Faure pour personnage principal. Depuis, vingt spectacles ont été écrits, mis en scène et interprétés par Philippe Caubère.



© Sébastien Marchal.
Sachant que chaque épisode dure environ deux heures chacun, c'est, mis bout à bout, plus de quarante heures de spectacles* qui relatent la vie moitié romancée moitié autobiographique de l'acteur phare du Théâtre du Soleil que fut Philippe Caubère dans les années soixante-dix.

Un vrai roman. Dense, multiforme, jubilatoire, épais comme une Pléiade, mais un roman qui ne se lit pas, un roman qui se crée en direct, sur le plateau et qu'il faut engloutir par les yeux, les oreilles et l'imagination. C'est toute la particularité de l'œuvre vivante de Philippe Caubère. Une autre de ces particularités est l'invention qu'il fit en 1981 de cette forme narrative incarnée qu'il développera tout au long de ces nombreux épisodes. Dans l'art du "seul en scène", il y a un avant Caubère et un après.

Ce qu'il fait seul sur un plateau nu, avec en général une simple chaise comme décor, n'a rien à voir avec du stand-up, du monologue ni du one-man-show. Formé dans la troupe du Théâtre du Soleil par Ariane Mnouchkine, il a pu s'initier à différentes techniques de jeu et d'incarnation du personnage dont, entre autres, le jeu du masque et l'art du mime. Ces connaissances profondes du jeu de comédien lui servent à chaque seconde pour créer par son seul corps et sa voix, ses personnages et ses histoires.

© Sébastien Marchal.
Personnages dont il puise les modèles dans sa vie personnelle et sa vie d'acteur, histoires qu'il extrait également de cette vie pour en faire à chaque spectacle une sorte d'épopée fantastique où se joue sans cesse le décalage entre la représentation et la réalité. Car, ici, tout est théâtre, tout respire cette magie qui d'un éclat de lumière fait s'envoler l'imaginaire, et d'une boîte noire étroite et bornée surgir un paysage sans limite. Le théâtre naît ici du corps du comédien, pour qui tout paraît facile, mais dont la rigueur du jeu et l'énergie incroyable permettent d'inventer toutes ces situations facétieuses, pastiches d'une réalité un peu folle et d'aventures du quotidien magnifiées par la dérision.

Pour poser un point final à la saga de Ferdinand Faure, il fallait bien trois épisodes. Le premier, "La Baleine et le camp naturiste", invoque l'époque où Ferdinand, marié dans les années soixante-dix à Clémence sous le régime de la liberté sexuelle, tente de mettre en acte dans son couple cette liberté. Passer de la théorie à pratique demande des trésors d'ingéniosité et de remises en question. La deuxième partie de ce spectacle raconte un séjour dans un des bastions du naturisme et tous les effarements qui en découlent.

© Sébastien Marchal.
Le second et le troisième volet de cet Adieu - "Le casino de Namur 1 et 2" - nous emportent dans la Belgique du terroir. On y retrouve un autre des personnages historiques de la saga : le truculent, débonnaire et fantasque Bruno Gaillardini. C'est l'épopée des aléas des tournées qui s'y joue avec la rencontre de personnages terriens, aux figures érodées comme des paysages qui semblent aussi fous que tragiquement réalistes.

* "Adieu Ferdinand ! Suite et fin" regroupe les trois derniers spectacles de son roman théâtral autobiographique commencé en 1981 avec "La Danse du diable" (1 spectacle) puis "Le Roman d'un acteur" (11 spectacles), "L'Homme qui danse" (8 spectacles) et "Le Bac 68" (1 spectacle).

"Adieu Ferdinand ! Suite et fin"

© Sébastien Marchal.
Texte, mise en scène et interprétation : Philippe Caubère.
Assistanat à l'écriture : Roger Goffinet.
Lumière : Claire Charliot.
Son : Mathieu Faedda.
Chansons : André Burton.
Administration : Guy Robert.
Production La Comédie Nouvelle.
"La baleine et le camp naturiste" : 2 h 10.
"Le casino de Namur 1" : 1 h 50.
"Le casino de Namur 2" : 1 h 50.

Du 5 novembre au 5 janvier 2019.
Les trois spectacles sont en alternance
Mardi, mercredi, vendredi et samedi à 20 h 30, dimanche à 16 h.
Théâtre du Rond Point, Salle Renaud-Barrault, Paris 8e, 01 44 95 98 21.
>> theatredurondpoint.fr

Bruno Fougniès
Vendredi 22 Novembre 2019
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