À l'affiche

À partir du 18/01/2012, Le Lucernaire, Paris, "Œdipe"

Écrite par un jeune homme de 24 ans et signée pour la première fois sous le pseudonyme de Voltaire, cette brûlante tragédie, jamais jouée depuis 1852, parle pourtant, pleinement, de notre temps. Vigueur de l’écriture, nervosité de l’intrigue, montée implacable de la tension, thématique brûlante de la pièce, tout concourt à la modernité du propos. "Œdipe" connu un véritable triomphe à sa création et c'est elle qui rendit célèbre, du jour au lendemain, Voltaire. Dans "Œdipe", la révélation progressive de la vérité plonge les personnages - et le public - dans un suspense haletant…



© BM Palazon 2010.
"Œdipe" est, en premier lieu, une fable sur la crise : la tragédie de Voltaire parle en ce sens, pleinement, de notre temps. Confronté à une situation extrême, qu’il s’agisse de la peste plutôt que du sida, de la guerre ou de la crise économique, le groupe réagit toujours de la
même façon : par l’exclusion et la recherche de boucs émissaires. Le lynchage n’est jamais loin. Dans la lecture que nous faisons de la pièce, plusieurs fils apparaissent donc, tout aussi riches de sens et de couleurs en 2009 ou 2010 qu’en 1718, date de la création de la pièce : tandis que le grand prêtre incarne l’arrogance d’un clergé qui, s’interposant entre des humains crédules et des dieux sanguinaires, tend à régenter la société civile, la quête d’identité qui pousse "Œdipe" à élucider le mystère de ses origines acquiert aujourd’hui, avec les nouvelles techniques de fécondation ou le recours de plus en plus fréquent à l’adoption, une force nouvelle : "Je crains de me connaître, et ne puis m’ignorer…".

Je me suis attaché avant tout à mettre en relief la fable, axée, d’une scène à l’autre, sur une montée du suspense et une révélation progressive de la vérité - aveuglante : lorsqu’il apprend, avec effroi, qu’il est, malgré lui, coupable de meurtre, d’abord, puis de parricide et d’inceste, Œdipe choisit de se crever les yeux avec l’épée qui a tué son père, tandis que Jocaste, son épouse et sa mère, se poignarde… Nous sommes à mille lieues, ici, du code de bienséance dont, plus tard, récusant l’héritage de Shakespeare et Corneille, Voltaire se réclamera. Nous avons choisi de ne pas nous focaliser sur la lecture psychanalytique, suffisamment évidente aujourd’hui, pour retrouver la fraîcheur, la naïveté, mais aussi la crudité, du mythe originel. Dans la révolte d’Œdipe contre les dieux, nous retrouvons celle de Job, de Caïn ou de Prométhée, mais peut-être aussi, tout simplement, une métaphore de l'humaine condition. Enfin, tout en respectant le langage de l'alexandrin, dont aucun pied ne sera tronçonné (il marchera, dansera et bondira sur ses douze pattes aux ressources merveilleuses), nous avons voulu l'apprivoiser, le parler, l'assimiler pour lui redonner vie dans le chant de nos muscles, de nos nerfs et de nos artères — afin qu’il acquière l’évidence d’un langage poétique contemporain... Jean-Claude Seguin.

Texte : Voltaire.
Mise en scène et adaptation : Jean-Claude Seguin.
Scénographie : Charlotte Villermet.
Avec : François Chodat (grand prêtre et Phorbas), Vincent Domenach (OEdipe), Luc Ducros (Dimas et Araspe), Marie Grudzinski (Jocaste), Antoine Herbez (Philoctète), Juliette Wiatr (Egine).
Sons (musique, choeur) : Andrea Cohen.
Costumes : Florinda Donga.
Lumières : Hervé Bontemps.
Durée du spectacle : 1 h 25.
Extrait vidéo sur le site
http://www.caspevi.com/oedipe-de-voltaire/
>> Site de la compagnie

À partir du 18 janvier 2012.
Du mardi au samedi à 21 h 30, dimanche à 15 h.
Théâtre Le Lucernaire, Paris 6e, 01 45 44 57 34.
>> lucernaire.fr

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Vendredi 6 Janvier 2012
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