La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Théâtre

La sagesse silencieuse des Orangs-outans

"La Légende de Bornéo", Théâtre de la Bastille, Paris

"La Légende de Bornéo" est constitué d’une suite d’impromptus hautement comiques qui présentent des scènes de la vie quotidienne, qui parlent du travail, des effets de la crise, de la folie des managements.



La Légende de Bornéo © Pierre Grosbois.
La Légende de Bornéo © Pierre Grosbois.
Retraçant des comportements finement observés, le spectacle offre au spectateur un équilibre subtil entre la satire et l’autodérision. Une forme d’humour rendu actif par le plaisir partagé tout adolescent de tout bazarder. C’est un plaisir de théâtre produit par un travail de collectif qui repose sur l’improvisation, l’écriture et la lecture de document spécialisés et savants.

Du senior comédien intermittent de longue durée à la guichetière de pôle emploi qui pète les plombs, ou les familles qui se déchirent sous l’invasion des mots d’un toyotisme à ce point virulent qu’il explose les intimités, la proposition théâtrale présente aussi et avant tout un ensemble cohérent et spontané qui gravit, avec un public ravi et complice, tous les degrés de la théâtralité.

La Légende de Bornéo © Pierre Grosbois.
La Légende de Bornéo © Pierre Grosbois.
Gaillardement effrontée, elle offre un plein d’énergie et de rire, tend un miroir fidèle du réel et de sa folie et ne parle au bout du compte (et du conte) que de théâtre. De quoi rester sans voix.

À ce point d’ailleurs que le spectateur à la réflexion comprend le bien fondé du titre du spectacle et aspire à la sagesse des Orangs-outans. Ceux- ci d’après la légende, bien que sachant parler comme les humains, se taisent pour ne pas avoir à travailler. Comprenne qui pourra.

"La Légende de Bornéo"

La Légende de Bornéo © Pierre Grosbois.
La Légende de Bornéo © Pierre Grosbois.
Il y a une légende à Bornéo qui dit que les orangs-outans savent parler mais qu’ils se taisent pour ne pas avoir à travailler.
Écriture et mise en scène : Collectif L’Avantage du doute.
Avec Simon Bakhouche, Mélanie Bestel, Judith Davis, Claire Dumas et Nadir Legrand.

Spectacle du 10 au 30 janvier 2012.
Tous les jours à 19 h 30 (relâche les 14, 15, 16, 21, 22 et 27 janvier), dimanche 29 janvier à 16 h.
Théâtre de la Bastille, Paris 11e, 01 43 57 42 14.
>> theatre-bastille.com

Du 30 mai au 8 juin 2012.
Du mardi au samedi à 21 h, dimanche à 16 h 30.
Théâtre de la Commune, Petite salle, Aubervilliers (93), 01 48 33 16 16.
>> theatredelacommune.com

Jean Grapin
Jeudi 19 Janvier 2012

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Le consentement" Monologue intense pour une tentative de récit libératoire

Le livre avait défrayé la chronique à sa sortie en levant le voile sur les relations pédophiles subies par Vanessa Springora, couvertes par un milieu culturel et par une époque permissive où ce délit n'était pas considéré comme tel, même quand celui-ci était connu, car déclaré publiquement par son agresseur sexuel, un écrivain connu. Sébastien Davis nous en montre les ressorts autant intimes qu'extimes où, sous les traits de Ludivine Sagnier, la protagoniste nous en fait le récit.

© Christophe Raynaud de Lage.
Côté cour, Ludivine Sagnier attend à côté de Pierre Belleville le démarrage du spectacle, avant qu'elle n'investisse le plateau. Puis, pleine lumière où V. (Ludivine Sagnier) apparaît habillée en bas de jogging et des baskets avec un haut-le-corps. Elle commence son récit avec le visage fatigué et les traits tirés. En arrière-scène, un voile translucide ferme le plateau où parfois V. plante ses mains en étirant son corps après chaque séquence. Dans ces instants, c'est presque une ombre que l'on devine avec une voix, continuant sa narration, un peu en écho, comme à la fois proche, par le volume sonore, et distante par la modification de timbre qui en est effectuée.

Dans cet entre-deux où le spectacle n'a pas encore débuté, c'est autant la comédienne que l'on voit qu'une inconnue, puisqu'en dehors du plateau et se tenant à l'ombre, comme mise de côté sur une scène pourtant déjà éclairée avec un public pas très attentif de ce qui se passe.

Safidin Alouache
21/03/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024