La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.

Position de l'Association des Centres Dramatiques Nationaux concernant le conflit au Théâtre de la Commune  12/10/2018

Ces dernières semaines, le Centre dramatique national d'Aubervilliers connaît un conflit social qui s'est déclaré entre une partie des salariés(es) et la direction.

Il n'appartient pas à l'ACDN de prendre position dans ce conflit mais nous tenons à assurer l’ensemble de l'équipe - direction comme salariés(es) - de son plein soutien dans une démarche de dialogue qui permettra au Théâtre de la Commune de retrouver une unité que nous appelons de nos vœux.

Au-delà de la situation particulière qui se joue à Aubervilliers et que nous ne commenterons pas, l'ACDN se dit préoccupée par les nombreuses tentatives d'instrumentalisation de ce conflit social. Nous ne laisserons personne faire le procès en modernité des artistes qui créent sur nos scènes, ni dénigrer les outils qui sont placés sous notre responsabilité et encore moins pointer du doigt les équipes permanentes qui œuvrent quotidiennement par leur travail à la tenue d’un service culturel public exemplaire et dynamique.

Nous ne laisserons pas non plus germer une forme de confusion dans l'esprit de celles et ceux qui, mal renseignés ou procédant par raccourcis, voudraient, au travers du Théâtre de la Commune, instruire la réforme des institutions culturelles labellisées qu'ils considèrent injustement archaïques ou figées. C'est sur ce terreau-là, que se fabrique un discours paresseux intellectuellement, celui-là même qui prône la flexibilité du travail pour améliorer le rendement, qui conçoit la précarité comme un moteur de la créativité, qui véhicule des fantasmes pour mieux nourrir un populisme rampant.

Nous ne laisserons pas ce conflit localisé devenir l’instrument métonymique de celles et ceux toujours prompts à faire le procès d’un service public, et celui de la culture en particulier, qui serait considéré (et clairement nommé) comme "à bout de souffle". Nous ne comprenons que trop bien la logique de démantèlement qui commence ainsi.

L’ACDN affirme simplement mais avec force, que cela ne correspond en rien à la réalité de ce qu'il se passe dans les Centres dramatiques nationaux, que ce soit à Aubervilliers ou sur l’ensemble des territoires. Ces structures sont dynamiques, les équipes permanentes et intermittentes sont compétentes et sont pleinement engagées au service autant de la politique générale de décentralisation culturelle que des projets singuliers des directeurs et directrices de ses institutions. L'ACDN invite ainsi chacune et chacun à éviter de commenter inopportunément la situation du Théâtre de la Commune, afin qu'un climat plus serein permette à l'ensemble des personnels de la structure de trouver une issue favorable à ce conflit interne.

Le bureau de l’ACDN
Robin Renucci, Carole Thibaut et Joris Mathieu

Communiqué du 11 octobre 2018.

Crédit Photo : Facebook Salariés du théâtre de la Commune en lutte.
La Rédaction

Nouveau commentaire :






Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Le consentement" Monologue intense pour une tentative de récit libératoire

Le livre avait défrayé la chronique à sa sortie en levant le voile sur les relations pédophiles subies par Vanessa Springora, couvertes par un milieu culturel et par une époque permissive où ce délit n'était pas considéré comme tel, même quand celui-ci était connu, car déclaré publiquement par son agresseur sexuel, un écrivain connu. Sébastien Davis nous en montre les ressorts autant intimes qu'extimes où, sous les traits de Ludivine Sagnier, la protagoniste nous en fait le récit.

© Christophe Raynaud de Lage.
Côté cour, Ludivine Sagnier attend à côté de Pierre Belleville le démarrage du spectacle, avant qu'elle n'investisse le plateau. Puis, pleine lumière où V. (Ludivine Sagnier) apparaît habillée en bas de jogging et des baskets avec un haut-le-corps. Elle commence son récit avec le visage fatigué et les traits tirés. En arrière-scène, un voile translucide ferme le plateau où parfois V. plante ses mains en étirant son corps après chaque séquence. Dans ces instants, c'est presque une ombre que l'on devine avec une voix, continuant sa narration, un peu en écho, comme à la fois proche, par le volume sonore, et distante par la modification de timbre qui en est effectuée.

Dans cet entre-deux où le spectacle n'a pas encore débuté, c'est autant la comédienne que l'on voit qu'une inconnue, puisqu'en dehors du plateau et se tenant à l'ombre, comme mise de côté sur une scène pourtant déjà éclairée avec un public pas très attentif de ce qui se passe.

Safidin Alouache
21/03/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024