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Le Prix Théâtre Adami 2015 à Laurence Février pour la Compagnie Chimène  14/11/2015

Le Prix du Théâtre Adami 2015, doté d’un montant de 35 000 €, sera remis au Théâtre du Rond-Point jeudi 10 décembre 2015 (à 11 h 30), à Laurence Février par Bruno Boutleux, directeur général de l’Adami, Jean-Jacques Milteau, président du Conseil d'administration et Sergi Lopez, parrain du Prix 2015.

Depuis 2012, le Prix du Théâtre Adami créé à l’initiative du conseil d’administration de l’Adami, a pour objet d’aider financièrement une compagnie pour la diversité de son activité, son talent d’interprétation et l’originalité de ses créations. Le jury, composé des membres du collège dramatique, a choisi, en 2015, d’attribuer le Prix à la compagnie Chimène de Laurence Février. Pour la première fois, une femme est récompensée ; en tant qu’interprète et metteure en scène, Laurence Février accomplit depuis des années un travail de création original et engagé comme en témoigne son spectacle "Tabou"*.

L’Adami, société des artistes-interprètes, gère et développe leurs droits en France et dans le monde pour une plus juste rémunération de leur talent. Elle les accompagne également par ses aides financières aux projets artistiques.

Comédienne et metteure en scène, Laurence Février débute sa carrière dans les années soixante-dix, et joue avec Antoine Vitez, Robert Hossein, Armand Gatti, Stuart Seide, Jean-Michel Rabeux, Claude Régy, Philippe Adrien, Jean-Paul Wenzel…
En 1980, elle fonde sa compagnie Chimène et met en scène Pirandello, O’Neill, Italo Svevo, Michel Tremblay, Marivaux, etc. Au cinéma, elle tourne avec Étienne Chatilliez, Raul Ruiz, Steven Spielberg…
À partir de 2002, elle recherche de nouvelles formes d'expression scénique et commence une série de spectacles de théâtre-documentaire en allant à la rencontre des habitants de différents quartiers. "Quartiers Nord" se joue au Novaja Drama à Moscou et, la même année, Luc Bondy programme le spectacle au Festwochen de Vienne en Autriche.

Parallèlement à cette recherche sur la parole vivante et l’oralité, elle poursuit son travail sur les textes dramatiques et les adaptations littéraires avec "En attendant Godot" de Samuel Beckett, "Les belles âmes" de Lydie Salvayre créé au Théâtre National de Chaillot, "Oiseaux" de Saint-John Perse joué par un chœur de 18 acteurs à la Cartoucherie, "Yes, peut-être" de Marguerite Duras… En 2014, elle monte "Presqu'ils" de Michèle Guigon dans "Alter Egaux", elle reprend
"Suzanne", un spectacle sur la philosophie du droit et sur la parité et elle part en résidence à la Guadeloupe pour une nouvelle production de théâtre-documentaire : "Ils habitent les Antilles".

*Actuellement sa pièce "Tabou", créée en 2012, est jouée au Lucernaire jusqu’au 5 décembre 2015 et sera reprise en mars 2016 au Théâtre de l’Opprimé.

Voir la chronique d'Isabelle Lauriou sur "Tabou" en septembre 2012.

Photo : Laurence Février © Margot Simonney.
La Rédaction

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"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
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© François Vila.
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Isabelle Lauriou
25/03/2024
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"Le consentement" Monologue intense pour une tentative de récit libératoire

Le livre avait défrayé la chronique à sa sortie en levant le voile sur les relations pédophiles subies par Vanessa Springora, couvertes par un milieu culturel et par une époque permissive où ce délit n'était pas considéré comme tel, même quand celui-ci était connu, car déclaré publiquement par son agresseur sexuel, un écrivain connu. Sébastien Davis nous en montre les ressorts autant intimes qu'extimes où, sous les traits de Ludivine Sagnier, la protagoniste nous en fait le récit.

© Christophe Raynaud de Lage.
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Dans cet entre-deux où le spectacle n'a pas encore débuté, c'est autant la comédienne que l'on voit qu'une inconnue, puisqu'en dehors du plateau et se tenant à l'ombre, comme mise de côté sur une scène pourtant déjà éclairée avec un public pas très attentif de ce qui se passe.

Safidin Alouache
21/03/2024
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Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
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Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024