La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"La Belle au bois dormant"... La danse comme grâce de la posture - 07/01/2015

Il était une fois une petite fille heureuse, un peu solitaire. Entre son père majestueux et affectueux et sa gouvernante un peu revêche mais qui accepte tout de bon cœur, la fillette sautille, gambade dans les bosquets. Et danse… Son père attendri, toute posture de gloire et révérences complices, l'accompagne… Et de sa robe de soie aux plis Watteau, elle fait alors toupie. Le monde est long et...  

"Mataora" (2)… Voyage entre Histoire et espoir - 23/12/2014

Le Mataora est ce bateau qui a pu sauver, en décembre 1945, plus de deux cents passagers des heures sombres que vivait la Grèce. Hélène Cinque propose une mise en scène où l'Histoire cohabite avec le Présent et où les personnages se dédoublent entre deux époques. La scène laisse apparaître un espace dans lequel cohabitent deux aires de jeux composées de mobiliers de bureau. Celles-ci deviennent,...  

"Mataora" (1)… Théâtre témoignage, entre passé et présent, où l'on ressent l'amertume grecque - 22/12/2014

Hélène Cinq, avec sa troupe franco-grecque, fait remonter à la surface de la mémoire un épisode oublié de l'Histoire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et c'est passionnant. Mataroa ? C'est un bateau au nom de Pacifique sud qui s'est illustré, entre autres faits glorieux*, dans l'évacuation de plus de 180 étudiants grecs mis en en danger par une autre histoire oubliée, celle de la guerre...  

Dans "Nuits blanches", Nathalie Richard fait briller toute la palette de l'imaginaire... avec délicatesse et force - 18/12/2014

Nathalie Richard est l'héroïne de "Sommeil" (nouvelle de Haruki Murakami) qui, par un jour d'insomnie, lit "Anna Karénine" de Léon Tolstoï et fait une expérience singulière, dangereuse et irréversible... Celle de l'existence d'un monde distinct du monde de celui des vivants ordinaires. Un monde d'imaginaire qui, par sa réalité, a des effets bien réels sur le quotidien. Ainsi, le mari qui dort à...  

"Le Collectionneur" : Un huis clos dominant dominée au rythme de thriller palpitant - 12/12/2014

Dans "Le Collectionneur", Frédérick, petit employé fasciné, ravit Miranda, étudiante aux Beaux-arts. Et même si ce ravissement est un rapt en bonne et due forme, son intime conviction de héros est qu’en dépit des apparences, "Sa bien-aimée" tombera amoureuse de lui... Il a décroché le gros lot, du moins le croit-il… Illusion de la fascination… Il la couvre de cadeaux, la photographie, lui montre...  

Crimp et sentiments… Comme une critique du post-humanisme ambiant - 08/12/2014

L'intrigue de la pièce de Martin Crimp "La Ville" - mise en scène par Rémy Barché - traite de la crise du couple de jeunes urbains contemporains, mais pas seulement… Cette comédie délicieusement labyrinthique… sait, à la manière anglaise, passer de l'anodin au fantasme inquiétant, fait des incursions dans le fantastique, conduit tout son petit monde à l'orée du drame et finit par un dénouement...  

Accorder mémoire et souvenirs pour composer une nouvelle mélodie réconciliatrice - 25/11/2014

Reprise ! Sur le fil tendu de l'émotion distillée par les nombreux questionnements sur nos chemins de vie et sur la volatilité de l'éther des souvenirs qui en émane, Julien Séchaud, après "Aimez-vous la nuit ?", nous offre un nouveau texte délicat et d'une toujours même profondeur : "Un mardi en novembre". Dans cette pièce mise en scène par Annie Vergne, l'absence et la mémoire sont les...  

Les "Fourberies..." par Laurent Brethome révèlent la profonde violence des rapports sociaux... cruellement actuelle ! - 18/11/2014

L'homme est à l'aise dans les milieux interlopes. Rusé, connu pour ses roueries, ses inventions de très jolies farces d'escroqueries, ses larcins. Scapin, car c'est de lui qu'il s'agit, hante les quais du port de commerce. Il est loué, sollicité pour ses talents… Bien que poursuivi par la police, l'homme ne résiste pas, pour une fois, une dernière fois, pour le bien de l'humanité, d'aider les...  

Un hommage d'une beauté contemporaine sachant conjuguer citation et modernité - 17/11/2014

Venu au monde très jeune dans un temps très vieux (sic), Erik Satie en vrai dandy cacha sa misère et son taudis d'Arcueil en magnifiant son chapeau melon et ses binocles... et son humeur auprès du Tout Paris. Musicien, ami de Debussy, mentor du "groupe des six", sa ligne musicale est si claire, si claire "qu'on voit à travers" selon le jugement plein d'humour et d'admiration de Man Ray. Un...  

"Danemark, la tragédie d'Hamlet"... Tout en malice faussement objective, une pièce étonnamment actuelle - 13/11/2014

La Jacquerie reprend le voyage des comédiens et c'est très bien. La troupe (le collectif) revisite Hamlet à sa manière. Qui donne sa primauté au jeu théâtral. La proposition de Joan Bellviure, "Danemark la tragédie d'Hamlet", simplifie la forme, n'entre pas dans l'intimité des méandres de la situation… Les scènes sont réordonnancées, le langage retravaillé, les épisodes conservés. Plus linéaire...  
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À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024