La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

Comprendre la situation sociale et politique actuelle... l'effacement du monde ouvrier ! - 11/02/2015

Le plateau est nu. Sont disposées une table de cuisine en formica et ses chaises, à l'opposé une cafetière électrique, au fond une valisette à souvenirs. La femme aux cheveux frisotés porte une robe à pois et un gilet de laine gris. Elle est sans âge. L'homme en costume est encore jeune. Le temps paraît immobile. Avec "Retour à Reims", Laurent Hatat adapte à la scène le brillant essai de Didier...  

La fin du monde est pour dimanche… On est quel jour ? - 10/02/2015

Dans un one-man-show où il incarne différents personnages, François Morel nous invite à regarder l'anodin et le banal par le trou de serrure du bonheur, à draper le quotidien d'espièglerie et à détrousser la morosité par l'humour. Il est face public... dans un one-man-show composé de différentes scènes dans lequel le sérieux des situations vire au comique, le détail à l'important, l'anodin à...  

"Ivanov"... Une non-comédie dans l'antichambre du drame... Tension de l'art et de l'éphémère - 07/02/2015

La pièce Ivanov se présente comme une comédie décrivant des scènes de la vie rurale. Il est question d'une contrée peuplée de personnages hauts en couleurs, très chiches, pingres et sans vergogne. Leur tradition leur impose la chasse à la dot, le rapprochement des parcelles agricoles et la beuverie générale lors des épousailles... C'est une société mue par une insondable bêtise à fort taux de...  

Jongleurs de mots, jongleur de balles, de la diva au gymnaste, il n'y a qu'un bond - 01/02/2015

Magie des mots, magie des images, magie des corps, magie de la visualisation numérique, le "Grand Fracas issu de rien" créé par Pierre Guillois en 2011 (alors directeur du Théâtre du Peuple de Bussang) donne une nouvelle dimension stellaire et féérique au "Cabaret" qui devient ici "Spectral". L'utopie artistique voulue par Maurice Pottecher au XIXe siècle entre dans l'ère numérique du XXIe siècle...  

"Le jardin des amours enchantées"… La Commedia del Arte au rendez-vous de l'Amour - 29/01/2015

Dans une scénographie très colorée où costumes et décors habillent avantageusement le spectacle, la Commedia del Arte se met en scène autour d'un canevas sur l'Amour où simplicité et complications s'imbriquent. Derrière un rideau coloré apparaît un décor aéré composé d'arbres bien feuillus. La scénographie est assez angélique, comme celui d'un conte de fées. Apparaissent ensuite les personnages...  

● AVIGNON OFF 2016 ● Un art de l'ellipse et du glissando qui transcende les limites de la farce traditionnelle - 26/01/2015

Dans cette petite ville russe aux confins de l'empire, un petit groupe de notables mène une petite vie confortable lorsque survient la nouvelle d'une inspection surprise de la ville par un Révizor venu de Saint-Pétersbourg : la si belle, si éloignée, si intimidante capitale… Eux si à l'abri… Cette présence, d'autant plus inquiétante qu'elle est supposée incognito, les met en ébullition… Ils se...  

"Six personnages en quête d’auteur"... Entre création, grandeur et répétition - 23/01/2015

Deux esquisses de jeu se dessinent entre six personnages en quête d’auteur et des comédiens en pleine répétition. Au milieu se situe un metteur en scène, aussi directif avec les seconds qu’à l’écoute et à la recherche créative avec les premiers, un metteur en scène tout aussi créateur qu’un dramaturge. Sur une large scène, des comédiens sont dispersés par petits groupes. La scène s’allonge vers...  

Trajet d'une tragédie très humaine sur la totale solitude du malade - 21/01/2015

Claquemuré, confiné dans sa chambre d'un blanc clinique, sa maison suréquipée de téléphones d'alerte et de vidéosurveillance, Argan, protagoniste du "Malade Imaginaire" de Molière, n'a plus de vrais contacts avec le monde extérieur. Dans la proposition scénique de Grégoire Tachnakian, le personnage cumule tous les signes contemporains d'une profonde hypocondrie. C'est un beau cas de névrose qui...  

Le Godot de Laurent Vacher : une comédie où vibre le plaisir du temps qui passe - 19/01/2015

Wladimir dit Didi et Estragon dit Gogo, rustres, balourds, sont deux va-nu-pieds, deux vauriens qui, en un lieu de nulle part, parlent et sentent mauvais… Sans domicile connu, ils n'ont rien... Selon les propres mots de Laurent Vacher qui met en scène "En attendant Godot" de Samuel Beckett, ils ne font rien... "Sinon manger, mentir, se battre, discuter, s'oublier, rire, chanter, souffrir,...  

Un vaudeville cauchemardesque où se révèlent la fragilité du vernis social et la noirceur de l'homme - 12/01/2015

Quelle affaire que cette affaire-là ! Un crime crapuleux a eu lieu rue de Lourcine et les probables auteurs s'agitent... Les faits divers stimulent, on le sait, l'imagination. Eugène Labiche avec "L’affaire de la rue de Lourcine" atteint un paroxysme d'exploitation journalistique et, dans l'univers du théâtre, une forme de chef-d'œuvre. La pièce, comme un miroir tendu au public, dénoue en effet...  
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À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024