La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

Andromaque sonne comme un halètement de la conscience - 02/03/2015

La chaîne des douleurs et des deuils annihile la chaîne des douceurs. Dans "Andromaque" de Jean Racine, après la destruction de la ville de Troie, Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector. Le texte de Racine ne serait que comédie galante si les circonstances de la mort d'Hector ne rendaient les liens impossibles... Comme si le poids des blessures si vives ne...  

Illustre "Rouge", une histoire de famille à voir en famille ! - 04/03/2015

"Les Illustres Enfants Juste"… ça ne vous dit rien ? Et pourtant, le nom de cette compagnie est absolument à retenir. "Rouge" est leur deuxième spectacle. "Tout public" (et on tient à cette appellation !). À travers cet adjectif (devenu ici nom propre), on revisite avec finesse et truculence le conte bien connu du "Petit Chaperon Rouge". Si vous pensez ne plus rien avoir à apprendre de ce conte...  

"Le père"… Admirable Hirsch ! - 27/02/2015

La mise en scène de Ladislas Chollat met en lumière les relations entre un père et sa fille dans lesquelles les lieux, les personnages et le temps sont appréhendés par leurs points de vue différents. Le jeu de Robert Hirsch est admirable de naturel, campant un père superbe de truculence. La scène laisse apparaître l'intérieur d'une salle de séjour de couleur clair, aéré et composé d'un canapé,...  

Un hommage aux femmes résistantes qui ont surmonté la guerre et ses atrocités - 25/02/2015

"De tant d’horreurs mon cœur devint immense"… un spectacle bien vivant qui revient sur le parcours de deux femmes - deux résistantes - devenues amies pour toute une vie… un spectacle utile, nécessaire et beau. Au départ, il y a une femme : Gisèle Giraudeau. Arrêtée en 1944 pour faits de résistance à Nantes, complice de son frère - Joseph Fraud, grande figure de la résistance et ami de Libertaire...  

Fin de Partie… celui qui tient l'histoire tient le temps... - 24/02/2015

"Rien n'est plus drôle que le malheur, [...] c'est la chose la plus comique [...] mais c'est toujours la même chose [...]. C'est comme la bonne histoire qu'on nous raconte [...] nous la trouvons bonne mais nous n'en rions plus." Voilà, tout est dit ! La pièce de Samuel Beckett "Fin de Partie" raconte une bonne histoire qui garde la trace du rire au fil du temps qui lasse et délasse des tourments...  

"Anna Christie"... Le plaisir d'un théâtre traditionnel sans vérisme, sobre, stylisé et esthétique - 20/02/2015

L'histoire d'Anna Christie écrite en 1922 par Eugene O'Neill* se déroule dans une Amérique déjà marquée par la prohibition, une Amérique qui rêve de vertu et ne peut que subir le poids de la fatalité de l'alcool et de la pauvreté. La pièce qui met en valeur des caractères forts (le père, sa fille, le fiancé) a le charme et la puissance d'une chanson réaliste. L'action se déroule au port, au fond...  

"Histoire vécue d'Artaud-Mômo"… au-delà des mots - 19/02/2015

Dans une mise en scène de Gérard Gélas, Damien Rémy nous fait revivre la Conférence du Vieux Colombier où Artaud, marqué par son internement psychiatrique, est en proie à des difficultés d'élocution, perdu dans ses mots et ses propos. Artaud (Damien Rémy) est sur scène devant son bureau sur lequel deux cahiers sont disposés. Nous voilà le 13 janvier 1947 au théâtre du Vieux Colombier dans une...  

"Le Mariage de Figaro" par les Nomadesques... Le choix du burlesque pour dépeindre le grotesque des cuistres ! - 15/02/2015

Reprise S'ils œuvrent avec excellence dans l’univers des spectacles Jeune Public*, les Nomadesques savent aussi nous régaler avec quelques classiques "revisités". Après le très western "Beaucoup de bruit pour rien" de Shakespeare en 2010, les voici de retour sur la scène du Ranelagh avec un très coloré "Mariage de Figaro" de Beaumarchais à la tonicité revigorante. La fin de l'Ancien Régime est...  

Abbi Patrix, conteur néo trouvère, nous narre façon polar électro-conté les aventures du Poulpe - 13/02/2015

"Une bière, mais pas de rhum"... Accoudé au bar, Gabriel Lecouvreur alias le poulpe découvre, en page intérieure de son journal préféré, le fait divers macabre du jour. Une tête d'homme aux oreilles coupées trouvée dans la halle aux poissons de Rungis. Il subodore un règlement de comptes lié à un univers du crime tentaculaire... Il se lance aussitôt dans une enquête qui, de bagarres en crimes, de...  

Comprendre la situation sociale et politique actuelle... l'effacement du monde ouvrier ! - 11/02/2015

Le plateau est nu. Sont disposées une table de cuisine en formica et ses chaises, à l'opposé une cafetière électrique, au fond une valisette à souvenirs. La femme aux cheveux frisotés porte une robe à pois et un gilet de laine gris. Elle est sans âge. L'homme en costume est encore jeune. Le temps paraît immobile. Avec "Retour à Reims", Laurent Hatat adapte à la scène le brillant essai de Didier...  
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À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Le consentement" Monologue intense pour une tentative de récit libératoire

Le livre avait défrayé la chronique à sa sortie en levant le voile sur les relations pédophiles subies par Vanessa Springora, couvertes par un milieu culturel et par une époque permissive où ce délit n'était pas considéré comme tel, même quand celui-ci était connu, car déclaré publiquement par son agresseur sexuel, un écrivain connu. Sébastien Davis nous en montre les ressorts autant intimes qu'extimes où, sous les traits de Ludivine Sagnier, la protagoniste nous en fait le récit.

© Christophe Raynaud de Lage.
Côté cour, Ludivine Sagnier attend à côté de Pierre Belleville le démarrage du spectacle, avant qu'elle n'investisse le plateau. Puis, pleine lumière où V. (Ludivine Sagnier) apparaît habillée en bas de jogging et des baskets avec un haut-le-corps. Elle commence son récit avec le visage fatigué et les traits tirés. En arrière-scène, un voile translucide ferme le plateau où parfois V. plante ses mains en étirant son corps après chaque séquence. Dans ces instants, c'est presque une ombre que l'on devine avec une voix, continuant sa narration, un peu en écho, comme à la fois proche, par le volume sonore, et distante par la modification de timbre qui en est effectuée.

Dans cet entre-deux où le spectacle n'a pas encore débuté, c'est autant la comédienne que l'on voit qu'une inconnue, puisqu'en dehors du plateau et se tenant à l'ombre, comme mise de côté sur une scène pourtant déjà éclairée avec un public pas très attentif de ce qui se passe.

Safidin Alouache
21/03/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024