La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

Savoir conjurer par l'état de l'Art le mauvais état du monde - 01/12/2015

"Foi, amour, espérance" d’Ödon von Horváth est rarement jouée. Tout en épousant une forme de mélodrame et d’opérette proche d’un montage cinématographique, l’auteur décrit le destin d’une jeune femme qui veut travailler en toute indépendance et qu’une succession de faits (comme en une petite musique du malheur) accablent et poussent au suicide. Dans l’Allemagne de 1932, Horvath dissèque de...  

Comme une métaphore et un exorcisme des non-dits qui hantent les consciences - 25/11/2015

"C'est la vie". Dans ce texte de Peter Turrini, il est question de tranches de vie. Celle de la vie d'un fils d'immigré italien vivant en Carinthie (Autriche) qui a trouvé dans l'écriture un calme et une reconnaissance. De sa naissance à nos jours. Moqué par ceux qui appartiennent à un monde proto rural, là où s'écorche le cochon. Louangé par ceux qui, urbains, pourtant s'offusquent devant le...  

Femmes Savantes par Makaïeff... Amour, désir et humour forgent l'union du corps et de l'esprit - 17/11/2015

Reprise ! Pour Henriette et Armande, c'est l'heure de l'émancipation. Ces deux jeunes femmes ont reçu une très bonne éducation, s'expriment avec précision et même élégance, jouissent d'une évidente aisance matérielle au sein d'une famille solide et traditionnelle. La mère tient en effet la culotte en son ménage et le père est gentil quoique un peu faible… Elles ont trouvé l'oiseau rare....  

"Trissotin…" Union du corps et de l'esprit par l'amour, le désir et l'humour - 04/04/2019

Reprise ! Pour Henriette et Armande, c'est l'heure de l'émancipation. Ces deux jeunes femmes ont reçu une très bonne éducation, s'expriment avec précision et même élégance, jouissent d'une évidente aisance matérielle au sein d'une famille solide et traditionnelle. La mère tient en effet la culotte en son ménage et le père est gentil quoique un peu faible… Elles ont trouvé l'oiseau rare....  

Une leçon in vivo, un authentique thriller civique… ravivant les mythologies françaises - 11/11/2015

Août 1788, octobre 1789. De la révocation de Necker à l'abandon de Versailles comme siège du gouvernement par Louis XVI. De la monarchie absolue à la monarchie parlementaire… Joël Pommerat, dans "Ça ira (1) Fin de Louis", a choisi de représenter au plus près les événements qui ébranlèrent le monde dans une langue et une gestuelle contemporaines. Les dialogues s'appuient sur une chronologie...  

Danser à la Lughnasa… Atmosphère, atmosphère, c'est une vraie belle gueule d'atmosphère ! - 09/11/2015

Dans une mise en scène inspirée de Didier Long et une très belle scénographie, les comédiennes font revivre avec tact et talent l'œuvre de Brian Friel. Autour du récit, de la parole et de la danse, elles insufflent différents rythmes, légers et délicats, au texte, faisant de la pièce un beau moment de vérité. C'est un endroit où il ne se passe rien ou si peu. L'action trop expressive n'est pas au...  

Un subtil cabaret parole et chanson… juste pour l'intimité du spectateur - 03/11/2015

"Dans une rose à Bagatelle / Naquit un jour la coccinelle / Dans une rose de Provins / Elle compta jusqu'à cent vingt. (…) / Bête à bon Dieu, bête à bon point." L'homme qui écrit ainsi pour les enfants en 1943 dans le recueil "Chantefables" est un personnage hors du commun. Rober Desnos haïssait la guerre et pourtant la fit parce que cela était nécessaire. Batailleur, il la traversa plus de...  

"Adolf Cohen"... un plaisir extrême nourri d'intense humanité ! - 23/10/2015

Jean-Loup Horwitz, dans une pièce d'une grande intensité, ayant une résonance politique aujourd’hui particulièrement importante, montre une figure ouverte de la tolérance en la personne d’Adolf Cohen. Il y a des pièces où c’est un réel plaisir d’être dans la salle. Adolf Cohen en est une car celle-ci a un positionnement politique qui botte le Q (et je ne parle pas de la touche de mon clavier) à...  

Dans le tourbillon de la maternité... sans artifice, entre autodérision et humour - 20/10/2015

Reprise ! Être l'origine du monde… vaste programme que nous présentent les Filles de Simone en compagnie de Claire Fretel, Tiphaine Gentilleau et Chloé Olivères dans une pièce où la grossesse est déclinée avec beaucoup d'humour dans ses joies, ses excès et ses contraintes. Elles sont deux (Tiphaine Gentilleau et Chloé Olivères) qui relatent des expériences de grossesse dans le cadre global de la...  

François Morel chanté par son double… joliment détriplé au féminin - 19/10/2015

Les chansons de François Morel sont reprises par un trio conduit par Caroline Ferry qui chante et tient le bagou, avec Nolwenn Tanet, au piano et à l'accordéon, et Claire Deligny, à la contrebasse et la guitare. Entre bustier et plume d'aigrette, robe noire pastillée de velours et casquette de marlou, la prestation affirme une formule cabaret à la fois pleinement fidèle à l'œuvre et qui assume...  
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À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024