La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

Une satire magnifique, une tentative de dépassement de la tragédie - 25/01/2016

Le retour de soirée de Martha et de George est bien imbibé d'alcool. Ils ont en tête, comme une scie, un refrain de Walt Disney. Légèrement transformé. Qui a peur de Virginia Woolf ? De quoi pouffer de rire. De manière bien énigmatique. Il y a comme de l'Entre soi (Private. Private Joke de l'Upper Middle Class…). De retour à la maison, ils reçoivent un autre couple (Young urban, Comme sur les...  

"Les Justes"... D'une tension extrême, entre amour et justice - 26/01/2016

"Nous ne sommes pas de ce monde, nous sommes des justes." La voix des justes résonne dans et hors des murs du Théâtre La Loge, mise en scène par Tatiana Spivakova et la compagnie Memento Mori. Après le succès de ses premières représentations, la pièce revient les 23, 25 et 26 février nous éclairer dans cette période de noirceur. Il fait nuit dans la salle. Des jeunes femmes nous ordonnent d’un...  

L'ironie de Thomas Bernhard… joyeuse et pertinente… Du reflet comique à la réflexion - 22/01/2016

Ils sont frères et sœurs, soudés dans leur fratrie, fermée sur elle-même. Et la folie et la haine transpirent par tous les pores. Le "Déjeuner chez Wittgenstein" de Thomas Bernhard recèle une forte charge dramatique et produit pourtant une puissance comique irrésistible car le texte, finement écrit, est précis dans le réalisme et, virtuose, accumule les obstacles opposés par la vraisemblance...  

"Déchirements", début d'un dialogue sur les malaises contemporains - 19/01/2016

C'est un monde d'après, dans lequel des androïdes accompagnent et surveillent l'éducation des enfants. La société décrite dans "Déchirements" de Cyril Heriard Dubreuil est rationnelle. Elle se veut parfaite et heureuse. Comme une utopie réussie. Mais une tache noire apparaît sur le corps de certains adolescents ou enfants… Mystérieuse, elle sème le trouble dans les rapports entre les individus....  

Création à venir : "Rome l'hiver" d'après "Quelques jours avec Hitler et Mussolini" - 18/01/2016

Roma. Rome, mai 1938. Ranuccio Bianchi Bandinelli sert de guide à deux dictateurs Benito (Mussolini) et Adolphe (Hitler). Ce professeur spécialiste de l'art antique et anti fasciste notoire se trouve en proie à l'ironie du destin… Le professeur, grain de poussière au carrefour de la Grande Histoire, doit expliquer la grandeur de l'Empire (et les ruines qui lui ont succédé) à deux apprentis plus...  

"Sosies" ou le strip-tease corrosif de la vie rêvée de Céline Dion, Michel Berger et Francis Cabrel… - 15/01/2016

Quentin Defalt et sa compagnie Teknaï reviennent sur la scène avec une toute nouvelle création : "Sosie". L’humour y est tout aussi corrosif que dans le cycle des "Cadouin" ("Monsieur Martinez", entre autres, joué au Théâtre 13), bien que le sujet ne soit pas le même. Dans l'esprit de l'émission "Strip-tease", "Sosie" raconte la vie rêvée de ces gens qui tentent de ressembler à leurs idoles. Ils...  

Roméo et Juliette... La mise en scène d'Éric Ruf esquive des pièges de mièvrerie romantique - 18/12/2015

"Trop" romantique, "h(y) (aille) per-romantic "… tellement mythique… L'histoire de Roméo et Juliette est née d'un fait divers popularisée par un nouvelliste italien du nom de Bandello. Le conte est repris par un poète et dramaturge anglais du nom de Shakespeare qui le croise avec la guerre des deux roses (d'York et de Lancastre). Et l'histoire court, nourrie par une matière venue du fin fond des...  

Un "théâtre documentaire" minimaliste et poignant... pour une nouvelle fraternité... - 11/12/2015

Depuis "Le Banquet de la Sainte-Cécile" joué près de mille fois, Jean Pierre Bodin, du rire aux larmes, construit une œuvre, fait entendre l’intimité, l’humanité de personnes discrètes de la vie quotidienne auxquelles il confère le statut de personnages. Œuvre de partage. Il avait engagé un travail sur les ouvriers de sa région natale lorsqu’un fait divers paru dans Libération du 15 avril 2009...  

"Arto-Totem"... "On baisse le son, on monte le sens" ! - 09/12/2015

Du 8 au 12 décembre, se déroule le festival 84DB "On baisse le son, on monte le sens" au Théâtre de la Reine Blanche. La programmation artistique est de taille car, entre "Les carnets Nijinsky" avec Guillaume de Chassy (pianiste génial) et Marc-Henri Lamande ("Arto-Totem" ce soir, à voir absolument !), il y a plusieurs soirées au théâtre d’Elisabeth Bouchaud à ne pas manquer… Vous connaissez cet...  

"R.A.G.E." : Une fabrique à effet théâtral, à effet de plaisir collectif et intime - 08/12/2015

L'histoire est belle et palpitante comme il se doit dans un théâtre qui se respecte et respecte ses spectateurs. Elle est celle d'une mère aimante, très aimante, qui au début du vingtième siècle, aux confins russo-polonais, voulait que son fils vive dans un pays de rêve, libre, célèbre, écrivain, héros, diplomate… Et qui a réussi pleinement son projet. Elle a enfanté, protégé, façonné, porté...  
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À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024